Je vais évoquer aujourd’hui avec vous un mode de communication très fréquent : l’habitude que nous avons de parler sur l’autre et non à l’autre. Jacques Salomé a appelé cette façon de communiquer la relation klaxon, car elle consiste à dire sans cesse « tu…tu…tu… »
En voici un exemple : « tu n’écoutes pas ce que je te dis…tu as encore fait ceci…tu devrais faire plus attention… ».
Si nous imaginons le lien qu’il y a entre nous et l’autre et que nous le visualisons par une écharpe (voir mon article sur l’écharpe relationnelle), lorsque nous disons « tu », nous ne sommes plus à notre bout de la relation, mais à celui de l’autre. Nous quittons notre place dans la relation pour venir prendre en quelque sorte celle de l’autre.
Le « tu » consiste donc à parler sur l’autre. Jacques Salomé nous dit à ce sujet que nous vivons dans une culture de l’hétéro-définition : c’est-à-dire que nous passons notre temps à définir les autres, sans nous positionner nous-mêmes. Le « tu »nous permet de faire l’économie de notre responsabilité dans la relation. Il est ainsi plus facile de parler sur l’autre que de prendre le risque de parler de soi.
Comment vous sentez-vous habituellement lorsque quelqu’un vous parle en disant « tu » ? Personnellement, je peux me sentir un peu oppressée, moins libre et cela me donne envie de prendre de la distance avec l’autre. Le « tu » entrave la créativité et la souplesse des échanges. Il génère des rapports de nature dominant/dominé : l’un sait mieux que l’autre ce qui est bon ou pas, ce qu’il faut penser, dire, faire…
Cela commence très tôt dans notre vie puisque la relation klaxon est très pratiquée envers les enfants. Parents et enseignants ont souvent tendance à user et abuser du « tu ». Cela est assez contre-productif. Certes l’adulte est en position de force, de par son statut. Employer le « tu ne fait qu’aggraver ce déséquilibre et ne laisse pas d’autre choix à l’enfant que de se soumettre ou de s’opposer. Il n’accède pas à sa liberté d’être.
C’est pourquoi l’usage du « tu » est toxique. Il étouffe les relations au lieu de les rendre vivantes.
Si vous acceptez de laisser tomber l’usage du « tu » (si, si, c’est possible
), vous expérimenterez par vous-même une petite révolution. Celle de pouvoir dire à quelqu’un par exemple « je te demande de m’écouter », au lieu de « tu ne m’écoutes pas ».J’espère que vous pourrez constater à quel point cela change la qualité des échanges et de la relation. Il s’agit bien de sortir d’un rapport de force : je ne sais pas à la place de l’autre ce qui est bon pour lui (mais par contre, je peux déjà savoir pour moi, ce sera déjà bien!). Ainsi, j’arrête définir l’autre, de vouloir lui dicter sa conduite mais je peux commencer à témoigner de moi, me définir, me positionner…
Chaque fois qu’il est possible, je vous propose donc d’abandonner la relation klaxon et d’utiliser le « je ». Pour cela, je vous invite à lire ou à relire mon article consacré à l’apprentissage du « je.
Bonne mise en pratique !
Je réponds à vos questions dans les commentaires, si vous en avez.
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