Tout passe tout casse tout lasse, même les bonnes choses ont une fin, les mauvaises aussi, fort heureusement, mais on en parle moins, ainsi va la vie.
Depuis quelque temps je le savez, je savais notre relation saisonnière, je savais que nos jours étaient comptés, que bientôt nous allions nous quitter, que tu allais disparaître de ma vue. Toi qui des mois durant ne m’a pas lâchée d’un pas d’une semelle, toi que j’ai tant désiré, dû attendre, espérer, patienter pour posséder, toi que je guettais en douce, toi que je venais admirer croisant les doigts pour que nulle autre n’ait été séduite par toi, ait fait main basse sur toi.
Et puis un jour de juillet, enfin tu fus mienne, et je n’étais pas peu fière. C’était le début de notre étroite relation, avec un programme sur mesure, balades, plage, festivals, boulot, apéros, restos, parce que toi tu es tout terrain, partout je pouvais te pavaner, partout toi et moi nous nous sentions bien.
J’ai aimé tes origines italiennes, ton cuir tanné et clair. J’ai aimé, je t’aime toujours, mais voilà c’est ainsi, c’est fini entre nous, je te remplace, te troque, contre la solidité la chaleur la protection qu’il me faut pour affronter les mauvais jours. Et moi, moi, me demandes tu, moi moi que vais-je devenir ? Toi au placard ! Oui, je sais je suis dure ! C’est ainsi, n’insiste pas, ni toi ni moi n’y pouvons rien, nous avons eu de la chance, l’été a joué les prolongations, mais aujourd’hui il s’en est allé. Tu crois quoi, que c’est facile pour moi, que je ne souffre pas ?
Oui, ma paire de sandales, aujourd’hui commence ton hibernation, dans 6 mois nous nous retrouverons, à toi le placard, à moi la galère, les ampoules et l’eczéma, la prison des godillots, le cisaillage des chaussettes !
Ce soir, je suis triste, je sais c’est bête, suis triste parce que je sais ce qui m’attends, nous attends, nos épaules écrasées par les kilos de vêtements, les enveloppements sous les lainages qui grattent. Mais c’est ainsi, n’est-ce pas, on le sait, on râle, murmure fait chier, un peu fatiguée par la violence faite à nos corps par ces premiers frimas et puis se souvient que l’on en vu d’autres, qu’il est est des chagrins bien plus importants, et continue, tourne la page, et va boire un verre en converse et en terrasse …
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