Les facteurs dominants de la liste de 2014 restent les mêmes qu'en 2013. Ils composent ce que Gartner a baptisé le "Nexus des Forces", décrivant la convergence de 4 grandes mutations en cours : social, mobile, "cloud" et information. Cependant, dans cette continuité, une certaine inflexion des priorités est en train de s'opérer, en faveur des multiples approches de l'informatique en "nuage" et au détriment des "big data"…
Diversité et gestion des appareils mobiles
La multiplication des types d'appareils (téléphones, tablettes, "phablets"…) mais aussi des contextes d'utilisation et des modèles d'interaction rend utopique tout espoir de stratégie d'entreprise universelle. Le développement de politiques "BYOD" ("Bring Your Own Device" – utilisation professionnelle du matériel personnel) concourt à aggraver la situation en augmentant dramatiquement le nombre de collaborateurs mobiles. Dans cette situation, il est impossible d'offrir tous les services sur toutes les configurations disponibles et l'urgence est donc de définir ce qui est possible ou non sur chacune d'elles.
Apps et applications (mobiles)
Dans le domaine encore très jeune des logiciels mobiles, il est naturel que les évolutions prévisibles soient particulièrement importantes. Du côté des changements mineurs, la transition vers les applications web (HTML5) va profiter des progrès (de performance) des moteurs JavaScript. Mais la rupture vient surtout d'une transformation de paradigme : les apps – compactes, focalisées sur un minimum de fonctions – vont prendre le pas sur les applications – couvrant un spectre extensif de fonctions. Les secondes seront, si nécessaire, construites par l'assemblage des premières. Ensuite, viendra une nouvelle approche de l'expérience utilisateur, capitalisant sur les sentiments, les émotions, les intentions…
L'internet de tout
Au-delà de l'internet des objets, l'"internet de tout" exprime une vision dans laquelle tout objet un tant soit peu élaboré sera bientôt connecté au réseau et deviendra capable de produire ou consommer de l'information. Malheureusement, les entreprises ne sont pas prêtes – d'un point de vue opérationnel et organisationnel – à exploiter cette tendance, qui peut pourtant présenter des opportunités dans tous les secteurs.
Le nuage hybride et le courtier de services
La combinaison des modèles de "cloud computing" – personnel, interne et externe – représentera pour l'entreprise un impératif qu'il faut préparer dès aujourd'hui, dans la conception des services privés. Avant même la généralisation du concept de "cloudbursting" (délestage d'une partie des traitements sur des ressources externes en cas de pic de charge), des usages statiques, répartissant les fonctions et les données sur différentes infrastructures, se répandront. A l'avenir, un rôle particulier émergera alors pour gérer l'intégration, l'agrégation et la personnalisation des multiples options disponibles : le CSB ("Cloud Service Broker" – courtier de services "cloud").
Architecture client-nuage
Les modèles d'architecture des applications sont également en voie de transformation. Le modèle prédominant comporte, d'un côté, un client – application native ou web – fonctionnant sur un appareil connecté à Internet et, de l'autre, des services applicatifs hébergés sur une infrastructure centralisée "élastique". Sur cette base, 2 forces s'opposent : le développement des capacités des mobiles et les contraintes du réseau incitent à transférer une partie des traitements du côté du client, tandis que les attentes des utilisateurs vis-à-vis de leurs applications accroissent la pression sur les ressources des serveurs.
L'ère du nuage personnel
Dans un monde où chaque personne est équipée d'une multitude d'appareils différents, la plate-forme n'est plus au centre des usages. Les services en "cloud" jouent désormais ce rôle et l'entreprise doit donc focaliser ses efforts d'administration et de sécurisation sur ceux-ci.
Le "tout défini par logiciel"
Ce concept ("Software-Defined Anything" en anglais) recouvre un ensemble de standards émergents, issus des modèles d'automatisation du "cloud computing", qui facilitent l'interopérabilité et la configurabilité des infrastructures informatiques.
L'informatique à l'échelle du web
Pour maintenir leur compétitivité, les centres de production informatique des entreprises doivent adopter certaines des approches – architectures, processus, pratiques… – qui permettent aux géants du web (Amazon, Google, Facebook…) non seulement de construire des systèmes aux capacités presque infinies mais aussi de bénéficier d'une efficacité et d'une agilité incomparables. C'est une vision industrielle qui doit être prise en exemple, conduisant notamment à concevoir des composants matériels spécifiques (pour réduire les coûts) ou à adopter de nouvelles architectures extrêmement résilientes.
Les machines intelligentes
Il faut s'attendre à une prolifération de systèmes "intelligents", capables d'exploiter une gigantesque masse d'information et de prendre en compte le contexte d'une demande pour offrir des conseils et recommandations (à l'image d'IBM Watson), voire pour remplacer l'humain (comme dans les voitures autonomes). Gartner considère que cette tendance sera la plus disruptive dans l'histoire de l'informatique, car elle commence à réaliser l'utopie de la machine exécutant ce que seul l'homme était jusqu'à maintenant supposé capable de faire.
L'impression 3D
La démocratisation des imprimantes 3D rend possible une multitude de nouveaux usages, de la création de micro-séries d'objets au prototypage rapide, très simplement et à faible coût. Après sa forte médiatisation auprès du grand public, cette réalité commence aussi à pénétrer les entreprises (plutôt industrielles, cependant).
En synthèse, dans les institutions financières, on pourra donc principalement retenir de ces tendances stratégiques deux grands axes de réflexion pour l'année qui vient : la transformation majeure qui s'apprête à affecter les applications mobiles et les impacts variés du "cloud computing" sur les centres de production informatique.