via We heart it
Faudrait peut être penser à mettre les bouchées doubles ? Voilà à peu près un an que je retourne consulter ce spécialiste après une première tentative des plus désastreuse… Second essai certes 1000 fois plus payant, des gros progrès sur tout un tas de points, notamment la confiance en soi et une approche bien plus légère de la vie.
Mais ma cervelle est bien récalcitrante à la moindre avancée dans d’autres domaines.
Avertissement : j’ai bien, tout va bien, ne sortez pas les larmes & les mouchoirs, ni mes "menaces" amicales de me mettre des claques, ça ne serait guère utile malheureusement !
Cette cervelle me tient en effet un horrible et détestable discours auquel malheureusement Lucette et moi, heureuse imparfaite, n’adhérons que beaucoup trop.
Ma cervelle est donc convaincue que quoi je fasse, qui que je sois, je ne suis pas aimable et donc qu’il n’est pas la peine de se casser la tête en mille et d’agiter ses neurones dans tous les sens, il est totalement impossible, interdit, utopique d’oser m’imaginer qu’un homme (ou quiconque) puisse m’aimer réellement et sincèrement.
J’ai déjà brièvement exploré la "piste du père" ou plutôt son absence. Mais à la limite les raisons du pourquoi du comment j’en suis arrivée à ce point ne me sont guère utiles aujourd’hui. Ce dont j’aurais besoin là c’est de moyens concrets pour faire la peau à cette conviction "je ne suis pas aimable".
Notez que mon progrès depuis toutes ces années de psychanalyse consiste quand même en une évolution bien marquée d’un "je me déteste/je me hais/ je me dégoûte" à un finalement "je m’aime bien je suis quelqu’un d’assez sympa". Ce qui est une avancée fort agréable et appréciable.
J’ai le sentiment d’en être arrivée à mon maximum d’épanouissement et de ne plus pouvoir faire mieux.
J’ai des envies, des projets, je trouve que j’ai beaucoup de chance dans la vie et que celle-ci est plutôt bien agréable dans l’ensemble.
J’ai le sentiment de devoir apprendre à me satisfaire à ne pas désirer plus, de devoir accepter que certains de me rêves ne se réalisent jamais, qu’ils ne sont pas pour moi ; l’impression de devoir faire le deuil d’une vie de famille que je n’aurais jamais.
Et en même temps j’ai un mal fou à m’y résoudre.
D’où les pensées conflictuelles et une certaine tristesse douce-amère par moment.
"Je ne suis pas aimable" est une pensée qui devenue vérité à mes yeux au fur et à mesure de mon existence. La disparition du père. Des premières amours bien tardives et des déceptions (comme beaucoup d’entre vous) bien douloureuses. (Je ne me prends pas pour un cas unique, mais c’est le seul dont je puisse vous parler en toute connaissance de causes.)
Tant que je n’arriverai pas à égratigner -au moins un minimum- cette pensée je resterai coincée, prisonnière de celle-ci, sans possibilité d’aller encore de l’avant.
♦Ce n’est pas un problème d’apparence physique : mon corps est ce qu’il est, ni plus beau, ni plus laid qu’un autre, c’est le mien, en général il fonctionne plutôt bien (sauf lorsqu’il s’accorde une petite laryngite ou succombe à un autre virus). Il n’est pas parfait, d’ailleurs je ne le lui demande plus aujourd’hui. C’est mon véhicule, un moyen d’expression, de communication, une enveloppe qui contient mes pensées et me procure toutes sortes de sensations. J’aime quand il m’emmène en balade, j’aime quand il est au chaud dans les thermes, j’aime les odeurs qu’ils me permet de sentir et les douceurs culinaires qu’il me permet de savourer. Et pourtant, malgré tout ces progrès, il m’arrive encore de ressentir des pointes de dégoûts et de rejet quand je le regarde…
♦Ce n’est pas non plus tellement un proprement d’estime de soi. J’arrive à me trouver des qualités et à bien vivre mes défauts. Je suis un peu paresseuse, mais j’arrive toujours à être assez efficace pour combler mes retards. Je suis dépensière, mais je ne suis pas dans le rouge et je m’offre des petites choses qui me font vraiment plaisir. Je suis une grande solitaire, un peu sauvage, mais j’arrive à aller vers les autres maintenant et à avoir du plaisir à voir du monde. Je pense même que je suis une fille assez intelligente, voire cultivée même si je pourrais sans doute faire mieux. On peut toujours faire mieux… Je crois même qu’il m’arrive d’être rigolote et de bonne compagnie, même si je peux aussi m’avérer impulsive et soupe au lait. Pourtant là encore, je suis souvent convaincue qu’il n’y a rien d’aimable en moi, que je ne suis qu’une coquille vide et qu’il faudrait être bien fou pour s’intéresser à ma petite personne. Incompréhensible raisonnement.
Bref, je ne m’étonne pas d’être toujours célibataire et sans projet familial à mon âge. Quelque part avec mon mode de pensées j’ai engendré cette situation. Je n’ai jamais été surprise d’être trompée, quittée ou mal aimée. Cela coïncide tellement parfaitement avec ce que je pense de moi. Cela m’a fait mal, j’ai beaucoup pleuré, promis que l’on ne m’y reprendrait plus, que je me respecterai plus… Alors oui je me respecte suffisamment pour que l’on ne me fasse plus de mal, mais je reste incapable de m’aimer assez (voire de m’aimer tout court en fait, j’en suis seulement à l’acceptation) pour autoriser quiconque à m’aimer.
Voilà. Je vois le doc demain et je ne sais pas si j’aurai le courage d’avouer cette pensée à voix haute :
"Je ne m’aime pas, il est normal que personne ne puisse m’aimer en retour."
L’écrire ici, c’est une chose. Mais le prononcer, en face d’un interlocuteur qui vous voit et peut vous répondre tout de suite, avoir un jugement et une opinion, une réaction ; c’en est une autre. Cette petite phrase est à la fois cruellement vraie et tellement ridicule.
Je ne trouve aucune raison logique à cette fausse vérité. Il ne me semble pas y avoir de raison fondée pour ne pas être ni aimée, ni aimable. Pourquoi serai-je moins méritante, moins bonne que n’importe qui d’autre ?
Le cerveau a une façon bien compliquée de fonctionner parfois. J’aimerais avoir les clés du mien pour dénouer tous ses blocages, pour le libérer de ses angoisses et de ses interdits…