Le président de la république islamique ne détient qu’à peine vingt pour cent du pouvoir réel en Iran: le Guide Ali Khamenei, puis le Majlis et, en marge des institutions, les Gardiens de la révolution, conservent l’essentiel des attributs politiques. Souvenons-nous des déconvenues, dès 1992, de l’ancien président Hachémi Rafsandjani: sa volonté d’accueillir des investissements économiques et financiers étrangers dans son pays s’est heurtée au blocage total du parlement conservateur. La même mésaventure doucha les espoirs suscités par le mandat pourtant prometteur de son successeur, Mohammad Khatami désireux, quant à lui, d’autoriser des partis politiques non religieux afin de mieux intégrer la société civile iranienne.
Nonobstant l’extase provoquée ici ou là par cette soudaine "modernité", le tweet d’Hassan Rohani commentant sa conversation téléphonique avec Barack Obama n’annonce en rien un "printemps" iranien: Twitter et Facebook demeurent interdits en Iran. Les fantasmes américains d’un Iran modéré visent, comme toute hallucination positive, à se substituer aux défaillances de la réalité: sur les dix-huit ministres suggérés par le président Rohani pour former son gouvernement, les trois personnalités les plus réformatrices, Mohammad-Ali Nadjafi, Jafar Milimonfared et Massoud Soltanifar, respectivement proposées au ministère de l'éducation, à celui des sciences et de la recherche et à celui des sports, n'ont pas été agréées par le Majlis.
Capable, en moins de quinze jours, de muter d’une volonté de "punir" Bachar El-Assad au large satisfecit donné à Damas par John Kerry pour la mascarade du désarmement chimique, la diplomatie américaine à l’égard de l’Iran doit inciter à la prudence: contrairement à l’ancienne publicité de France Télécom, le bonheur en ce domaine n’est pas simple comme un coup de fil. Alors que les négociations sur le nucléaire iranien reprennent cette semaine, l’enthousiasm...