Je suis rentrée dans la Tour du 13ème

Samedi 12 octobre : J-19 avant autodestruction

9H30: Il fait un froid de chien en ce début d'Automne, mais il en faut plus pour décourager les Parisiens déjà en place dans la longue file d'attente. Couvertures, jeux de carte et thermos, on s'organise pour faire passer le temps, en espérant l'ouverture des portes à midi.

De vagues tags sur les volets fermés, de l'extérieur, le HLM de 9 étages en briques rouges n'en impose pas des masses. On se demande bien ce qui attire ici cette foule hétéroclite.

11h30 : Ça bouge devant l'entrée. Le vent s'est levé. La file s'étire maintenant jusque de l'autre côté de la tour. Les hommes de la sécurité s'activent soudain et viennent placer le long de la queue des panneaux estimant le temps d'attente. Celui avec l'affichette "2 heures d'attente" passe à côté de nous et s'en va le déposer 3 mètres plus loin. Soulagement...
...de courte durée, puisqu'un autre vient la déplacer et la pose finalement devant nous! Aie!

12h00 : Ça y est! Le 1er groupe de 50 personnes pénètre dans le hall. Il faut encore patienter.
13h00 : Les 1ers entrants commencent à ressortir. « Ca vaut le coup ! » lancent-ils à la foule engourdie par la froid. Au compte goutte, les personnes sont invitées à entrer et la queue devant nous s’amincit.
13h30: La barrière de sécurité se lève enfin et nous grimpons les quelques marches qui nous sépare du hall de l'immeuble. A cet instant précis, on se sent comme un privilégié alors que derrière nous, la file ne cesse de s'étendre. 
Nous nous glissons dans l’ascenseur qui nous emmène directement au dernier étage et pénétrons dans le 1er appartement, un modeste 2 pièces mais avec vue sur Seine s'il vous plait! 

  Je n'y connais rien en graffs et art de rue, mais l'impression qui se dégage de ces œuvres grandeur nature est saisissante. On oscille entre malaise et émerveillement en passant d'une pièce à une autre.



Ambiance fin du monde post apocalyptique dans certains appartements. Au contraire, dans d’autres, on imagine encore les anciens occupants en train de diner autour d'une table en formica, un papier peint jauni sur les murs. Trois logements encore sont occupés. Leurs locataires vivent dans un squat géant désaffecté.
Six mois pour la créer et trente jours pour la visiter avant démolition.
Les défenseurs du street art crient au scandale et ont lancé une pétition pour sauver la tour du péril programmé. Mais qui s'est soucié alors du sort des habitants expropriés comme on se soucie de ces œuvres éphémères?
Décidemment, cette tour dérange et fascine.
Alors vivra, vivra pas?
Réponse le 31 octobre!