Comédie dramatique - 3h
Sortie salles France - 9 octobre 2013
avec Adèle Exarchopoulos, Léa Seydoux...
Palme d'Or - Festival Cannes 2013
Le jour où Adèle, lycéenne lilloise de 17 ans, croise le regard de cette fille aux cheveux courts et bleus, cette fille aux bras d'une autre, cette Emma qu'elle va retrouver dans un bar gay, puis ailleurs... Une passion dévorante qui va inéluctablement rapprocher leurs corps, car Adèle saura surmonter les quolibets blessants de ses camarades de lycée, assumer ses sentiments. Cependant, même entre filles, les histoires d'amour finissent souvent mal..Enfin, le voilà ce film palmé, ce film encensé, ce film éprouvant à réaliser (forcément). Même si une infime partie des scènes ont été conservées pour monter les 3 heures de La vie d'Adèle, les scènes de sexe sont très longues. A se demander si trop n'en a pas été fait, avec les plans très serrés, les bruits un peu trop secs des claques sur les fesses, les cadrages obsédants sur la bouche entrouverte d'Adèle laissant entrevoir ses incisives centrales (de lapine)...
Alors oui, l'effet voulu est sûrement atteint : on ressent pleinement la passion quasi animale qui s'empare d'elles, qui s'empare surtout d'Adèle. L'obsession, l'amour comme quand on mange, l'attraction irrésistible, et puis les blessures, le rapide sentiment d'abandon quand l'une n'est plus la seule fille dans la tête de l'autre, la douleur... Les années passent, et le film suit les deux jeunes femmes sur plusieurs années, Adèle est alors instit, et Emma persévère dans sa carrière d'artiste-peintre.
Alors oui, le réalisateur comme toujours a engendré des scènes d'un grand réalisme, portées par une Adèle spontanée, vivifiante, à la gouaille de banlieusarde. Ce qu'on peut regretter c'est le côté décousu du film, des scènes où par exemple on appuie la violence subie au lycée pour Adèle qui ne s'envisage pas lesbienne, ne sont pas suivies et on peut se demander comment Adèle a surmonté cet obstacle social majeur alors qu'elle consacre sa vie à Emma. Alors qu'elle était jeune, lycéenne, sans expérience homosexuelle, au sein d'une famille visiblement peu incline à envisager cette vie pour leur fille, entourée de camarades virulentes et intolérantes, il n'y a rien sur un quelconque coming out, sur le chemin qu'elle a dû parcourir pour assumer ses sentiments de façon si entière et rapide.Et surtout, il ne faut pas compter retrouver dans cette vie d'Adèle beaucoup de la vie de Clémentine, de la bande dessinée de Julie Maroh, Le bleu est une couleur chaude (personnages différents, histoire différente qui ne tient pas en compte de la même tragédie).Une puissante histoire d'amour entre deux jeunes femmes comme le cinéma en a rarement connu, une belle sortie de l'adolescence. Une palme d'Or si on veut...
Le ressenti de Julie Maroh, auteure de la BD - Les coeurs exarcerbésL'avis d'une blogueuse lesbienne - Rue89