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L'avenir des courses

Publié le 13 octobre 2013 par Altim58

 

Entrainement

12 octobre 2013

Quand on réflechit un peu à l' avenir des courses, on peut être légitimement inquiet. Personnellement, tout cela a tendance de plus en plus à m'ennuyer. L'ambiance, le discours, les relais médiatiques, les instances dirigeantes toujours un peu déconnectées de la réalité, un amalgame de constats qui me détournent peu à peu des courses proprements dites et me font regretter que le savoir-faire, la précision, l'exigence dues aux conditions de l'entraînement des chevaux ne conduisent désormais qu'à une majorité de courses avec des chevaux contrariés dans leur apprentissage par des coups de cravache intempestifs. Toutes choses qui renforcent l'intérêt pour l'élevage, une participation plus ou moins à perte et le plaisir intact de voir les chevaux évoluer à l'entraînement.

Question d'époque. C'est un peu comme le cinéma. Beaucoup trop de films moyens pour seulement une poignée de trés bons films.  

Les courses, dans notre contexte économique, c'est bien sûr quelque chose d'assez futile, si ce n'est que cela représente 70 000 emplois, dont une grosse partie de socio-professionnels investis mais ayant souvent un désagréable penchant pour une approche conformiste et anachronique de leur activité.

Pour ce qui est du galop, domaine que je connais le mieux, il n'est pas trop difficile de voir que l'équilibre sera de plus en plus difficile à tenir, avec d'un côté des éleveurs en majorité ayant du mal à préserver un équilibre financier, des propriétaires parmi lesquels quelques gros dont le désengagement aurait un effet catastrophique et des parieurs qui vieillissent tout en se plaignant de la difficulté d'y trouver leur compte.

Les propriétaires, pour la plupart (les 2/3 au galop) ne couvrent pas leur frais de pensions. En attirer de nouveaux dans ces conditions parait assez illusoire. Seul, l'amour des chevaux et la passion du sport hippique peut encore générer de nouvelles vocations, mais de façon relativement anecdotique, sauf si on parvient réunir de nouvelles conditions plus attractives. [Sur environ 1 million de chevaux en france, environ 10% sont élevés pour les courses mais seulement 4% sont déclarés à l'entraînement].

Boxe
   

Du côté des parieurs, l'équation économique est assez simple. Elle ne dépend pas spécialement de l'offre de paris, mais de la structure de la population qui suit les courses. Cette population est pour beaucoup constituée de retraités et d'inactifs, pour la bonne et simple raison que ce sont les seuls qui peuvent suivre avec une certaine régularité les 18 000 courses organisées annuellement en France (en moyenne 50 courses par jour !!). Sur les 7 millions de parieurs réguliers, 80% sont des hommes, 1/3 ont plus de 55 ans et seulement 20% ont entre 18-35 ans alors qu'ils sont près de 50% pour les autres paris sportifs. Donc, l'avenir du sport hippique est lié dangereusement au vieillissement du parieur, les plus jeunes étant condamnés à diminuer progressivement. C'est donc se voiler la face que de penser que l'avenir des courses se fera sans relever le défi d'attirer les plus jeunes. Pour ce faire, les instances dirigeantes doivent s'adresser à l'intelligence, la sensibilité de cette population, à trouver un lien entre l'attractivité naturelle du cheval et le passionné potentiel (évident pour ceux qui montent en loisir dans les centres équestres et qui pourraient constituer un vivier ...) et moins à sa carte bancaire, contrairement à la stratégie marketing du PMU centrée principalement sur un élargissement de l'offre de paris et sur l'augmentation du nombre de courses.

Pour ce qui est des hippodromes, lieu où le spectacle est le centre d'attraction, lieu d'un rituel parfois désuet (notamment au galop) le déclin de la fréquentation (20% en 5 ans) n'est en rien enrayée par les animations censées attirer une clientèle nouvelle (jeune de préférence). A ce jour 20% des entrées sur les hippodromes se concentrent sur 1% des courses (avec les plus belles épreuves, Arc, prix de Diane, prix d'Amérique etc..) avec au total environ 100.000 personnes attirées par le prestige, l'impact médiatique (?) et le fait qu'elle aient lieu le week-end. 

Sur la base de ce constat relativement simple à analyser, pour attirer une clientèle plus nombreuse sur les hippodromes il faudrait 

- parvenir à rendre plus attractif le spectacle proposé (en dépoussiérant les usages, faire en sorte que les spectateurs puissent participer au plus près à la préparation des chevaux, améliorer la visibilité, gommer un peu cette limite absurde entre propriétaires et spectateurs)

-concentrer une forte proportion des courses sur le week-end (du vendredi au dimanche), les concentrer sous forme de meeting avec des épreuves de haut niveau et rechercher le retentissement médiatique le plus large, notamment dans les médias généralistes

- favoriser les écuries de groupe avec plusieurs niveaux d'investissement abordable (1 000 à 3 000€ par an) représentant aux alentours d'une centaine de parts et une exploitation de la carrière sportive de plusieurs chevaux où la recherche de l'équilibre financier sera l'objectif principal (couverture des pensions par les gains en course), et pourquoi pas mettre en place un système de crédits financés par France Galop (ou en partenariat avec un organisme de crédit) pour favoriser l'actionnariat

-favoriser aussi l'écho des courses dans les médias généralistes en y intégrant des chroniqueurs ayant une forte connaissance du milieu hippique (comme le faisait Homéric dans Libération ou Christoque Donner dans France Soir, Le Monde), sachant que se refaire une place au premier plan dans ces médias ne peut passer que par la reconnaissance de vraies plumes.

La plupart de ces propositions relévent un peu du voeu pieux. Peu importe. Quoi qu'il en soit, le sport hippique ne pourra plus pas se passer d'une refonte importante, car l'imaginer exister sous le même format d'ici 20 ans est un non-sens pour sa viabilité économique et médiatique. Je suis convaincu qu'il ne pourra se passer de nouvelles ressources pour le propriétariat et d'une économie recentrée sur des événements avec des enjeux importants qui compenseront les enjeux moindres générés dans la semaine.


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