« On se tue à faire de beaux films, tout ça pour que les gens restent chez eux à regarder des crétins faire les andouilles sur un écran minuscule. »
Qu'il est étonnant ce roman. Habile dans sa construction, mélancolique dans sa narration. Le sujet, l'incroyable enfance de Buster Keaton, est original et captivant. Par petites touches subtiles, Florence Seyvos explore les fêlures, les déceptions, les liens familiaux, ceux qui portent et ceux qui écrasent. Elle brosse, avec une modestie plaisante, un tableau tout en nuances.
Et puis ces ceux vies en miroir, celle d'Henri, ce frère à côté de lui-même, celle de Buster, véritable projectile humain. On attend la corrélation, la révélation. J'ai aimé qu'il n'en soit rien.
Un roman d'une jolie étrangeté qui fait sa place, en douceur.
L'Olivier, 172 pages, 2013
Extrait
« Aucune phrase au monde n’est plus proche de ce qu’elle ressent à cet instant, juste avant que son bébé n’apparaisse. Rien de plus, je ne pourrais rien demander ni espérer de plus, merci, oh merci, Dieu, qui que vous soyez, merci. De chaque côté de son visage, des larmes de gratitude lui coulent dans les oreilles. Personne ne les voit, ils sont tous occupés à faire apparaître ce bébé qu’elle attend depuis cent ans, et qui arrive, du fond des âges, de sa galaxie personnelle. Oh, petit garçon, puisses-tu être incassable. »
L'avis de Clara qui renvoie vers d'autres liens