Perse. Un jeune prince est accusé à tord de la mort de son père et va devoir se défendre en défiant les sables du temps...
La critique ensablée de Borat
Produit en 2010 par les studios Disney et Jerry Bruckheimer, cette grosse production est venue d'une volonté de faire une franchise populaire à la Pirates des Caraïbes. Au vue de l'implication totale d'Ubisoft sur les futures adaptations de Splinter cell (avec Tom Hardy et pensée pour Tom Clancy, auteur du roman, qui vient de nous quitter), Assassin's creed (avec Michael Fassbender) et Ghost Recon (réalisé par Michael Bay, oui tu peux avoir peur public), on se dit que sur le coup, ils auraient mieux fait de regarder la copie. L'air de rien, Prince of Persia est l'adaptation de jeu-vidéo la plus chère de l'histoire (200 millions de $ de budget) et son échec au box-office n'en a été que plus violent (322 millions de $ de recettes mondiales, dont 91 millions sur le sol américain). Pire, le film a l'air de faire beaucoup moins cher au vue des effets-spéciaux pour le moins laids. Il n'y a qu'à voir les passages où Dastan incarné par Jake Gyllenhaal (absolument ridicule et boudiné de partout, au point que l'on rigole plus qu'autre chose à sa vue) est dans les sables du temps, sorte de retour en arrière foireux (alors que dans le jeu, c'était quand même mieux fait comme quoi avec moins d'argent parfois).
Alors que c'était probablement les moments à ne pas rater, Mike Newell laisse passer ça avec des tonnes de plans faits sur fond vert (pas besoin de voir de making of, on voit bien que la plupart des plans sont truqués). Pareil pour les très nombreux ralentis qui ne servent absolument à rien mais surtout rendent le film encore plus ridicule. A l'image des escalades de Gyllenhaal qui peinent sérieusement à convaincre en homme d'action. Il est bien meilleur en mec lambda c'est moi qui vous le dit. Indéniablement, le film y perd déjà en saveur et il n'y a pas que ça pour le faire chuter. Alors certes les deux premiers jeux datant des années 80-90 ne brillaient pas pour leur grandeur, mais ceux produits par Ubisoft avaient le mérite de développer une mythologie où le héros avait deux facettes, l'une naturelle et une autre beaucoup plus sombre. Mais là comme on est dans un film familial (jusque dans le final), pas de sang, pas de grosse bataille (celle du début peut être et encore cela tourne court) et évidemment on a droit au duo improbable entre le prince fougueux mais un peu con et la princesse fougueuse mais un peu chiante. D'ailleurs, la miss Gemma Arterton est peut être le seul rayon de soleil de ce film, restant un minimum convaincante parmi un chant de cygne total. Ben Kingsley se retrouve dans le rôle du méchant oncle qui veut tout le pouvoir, quitte à faire accuser son neveu adoptif (Dastan n'est pas le fils légitime du roi et a été découvert dans la rue). Mais quel vilain!
Le pauvre Ben cachetonne dans un rôle de méchant de pacotille. Pareil pour Alfred Molina en pleine séance de cabotinnage, braillant à qui veut l'entendre "mais où sont mes autruches?!". Mais à vrai dire, ce qui choque le plus n'est pas tant le casting pour le moins mauvais mais le fait que le film met en scène des perses et que le casting n'a aucun acteur de type arabe. Alors pour palier cela rien de mieux qu'un peu de bronzage improbable. Newell signe un film impersonnel, même pas charmant et surtout ridicule. Il ressemble à bons nombres d'adaptations foireuses de jeu-vidéo qui ne marchent pas, à savoir que cela veut ressembler au jeu mais l'adapte tellement mal que cela en devient risible. Il n'y aucune virtuosité alors que les jeux misaient notamment sur le dynamisme de Dastan dans l'action. On peut dire que c'est raté. Le paroxisme arrive dans un final grand-guignolesque à la limite de la caricature. (attention spoilers) On revient au début du film avec Gyllenhaal qui tue un grand nombre d'hommes de la princesse avant de s'en prendre à son fourbe d'oncle, le seul avec lui à connaître l'avenir. Et comme si de rien n'était, il le tue, se fait pardonner de la princesse et l'épouse! En gros, cela donnerait en réplique humoristique "ma chère, j'ai tué ton peuple mais c'était pour la bonne cause! Allez viens faisons l'amour comme si c'était la première fois et aimons nous vivant!" C'est d'un ridicule total et probablement une des fins les plus nanardesques que j'ai eu à voir. Du grand art dans son genre. (fin des spoilers)
Une adaptation moche (et ce n'est pas les moyens qui manquent), mal joué (pour ne pas dire qu'ils jouent gauche) et d'un ridicule incroyable.
Note: 0.5/20 (parce que Gemma joue bien)
Note naveteuse: 15/20