En premier lieu, Philippe, éclairez-nous sur le chant thérapeutique.
P.Barraqué : C’est une thérapie d’accompagnement, on accompagne avec sa voix des situations difficiles. C’est la recherche d’un mieux-être dans une dimension qui reste à 50% créative et artistique. Ce qui est d’ailleurs le plus intéressant. Il faut savoir que le chant thérapeutique est en liaison avec la musicothérapie. Nous avons été une poignée de pionniers à travailler sur le support de la voix, souvent mis entre parenthèses par les musicothérapeutes tant l’induction d’émotions fortes les dépassait.
Il faut maintenant dépasser le stade de la simple thérapie douce et sortir la musicothérapie et d’autres thérapies de cette nébuleuse. Il y a une difficulté qui consiste à établir une norme, à être cohérent et avoir un langage crédible vis à vis des médecins ou des thérapeutes qui sont parfois intéressés par ces nouvelles techniques d’art-thérapie.
Je sais parfaitement que dans mes expériences en musicothérapie et en yoga du son, les défenses immunitaires sont stimulées.
Tout doit se vérifier par l’expérience que l’on en a. Si on est porté par la voix, que l’on participe à un groupe vocal, que l’on arrive fatigué et que l’on ressort en pleine forme, c’est bien qu’il s’est passé quelque chose tant au niveau psychique que physique !
Vous travaillez
le son en tant que vibration ?
P.Barraqué : Oui, je parle plutôt de résonance. En Inde, on dit que le son est intéressant tant dans sa préparation que dans sa prolongation. Emettre un son à tue-tête ou
chanter « OM » pendant des jours n’a pas un intérêt palpitant. Par contre, dans sa préparation mentale et sa prolongation dans le silence, c’est là que la résonance prend une
tout autre dimension.
s vous, ça n’est pas innocent, il y a une stimulation ; moi je parle d’acupuncture vocale ! D’ailleurs dans la méthode La Voix qui guérit,
je projette des sons sur des zones particulières qui sont des points d’acupuncture. Là encore, il faut des règles et une éthique, stimuler des points n’est pas anodin ! Si on ne
respecte pas les signaux du corps, les effets peuvent êtres contraires et néfastes.
Dans votre dernier opus, Chants thérapeutiques sacrés, outre l’effet de l’apaisement, c’est aussi votre posture d’ancrage nécessaire au son que vous transmettez, qu’en est-il ?
P.Barraqué : J’ai réalisé ce CD dans l’œil du cyclone ! Depuis quelques années je travaillais dans la difficulté et côtoyais la violence des quartiers « difficiles » et l’accompagnement de personnes en fin de vie ou malades. La relation à la violence, la pacification de l’esprit, je les ai vécues au quotidien mais pas toujours de manière Zen. Donc il était nécessaire pour moi de garder un axe, un centrage durant une période très troublée. Ce CD est comme une bulle d’oxygène qui permet de s’apaiser, de se recentrer et d’en ressortir ressourcé quelle que soit la situation. Et ça fonctionne très bien!
On sent deux parties bien distinctes à l’écoute, deux paliers.
P.Barraqué : Oui, on retrouve dans la première partie une notion d’apaisement de la souffrance à l’écoute des titres comme Tara ou Je prends refuge. La seconde partie va plus
vers une note christique. Certains chants sont en basque, transmis par des moines. Ils ont été revisités par du chant harmonique ou une voix a cappella.
Vers quel projet vous dirigez –vous aujourd’hui ?
P.Barraqué : Avec ce dernier CD, la boucle est bouclée dans ce domaine, j’ai maintenant envie de refaire de la création et de me produire sur scène. Une dimension artistique à
partager.
Je souhaite aussi accueillir de plus petits groupes de stagiaires pour des retraites en Province, et bien sûr, continuer d’expérimenter les fréquences thérapeutiques.
- Entretien réalisé par Rezozen
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