"La reconnaissance à Chinon" est le moment où Jeanne d'Arc, la Lorraine, s'agenouille devant son roi, Charles VII, dissimulé dans la foulze de sa Cour, un de ses courtisans s'étant mis à sa place à sa demande afin de confondre la jeune fille considérée comme illuminée. Il faut dire qu'à cette époque la religion catholique occupe toutes les pensées au rythme du quotidien, au même titre que la marche des affaires que de la politique. Il est difficile, aujourd'hui, de se mettre dans la mentalité des contemporains de la "Pucelle d'Orléans" salie volontairement par Voltaire qui voyait en elle un symbole monarchique fort, qu'il fallait démystifier à une époque ou l'absolutisme se dégradait dans l'esprit de l'opinion publique. Ironie du sort, c'est la Troisième République qui réabilite une seconde fois la Jeune Lorraine à une époque où sa région était occupée par l'Empire Allemand, une nouvelle fois l'emblème d'une liberté reconquise en 1918 et béatifiée peu d'années après.
Peu importe que Jeanne d'Arc ait été une parente du roi où qu'elle ait survécu à son supplice, c'est le symbole que représente une jeune fille issue d'un milieu rural dans une région restée française pendant l'occupation anglaise, qui fait 600 kilomètres en pays hostile afin de promettre a son souverain, replié sur lui même devant les défaites, de lui délivrer Orléans, de lui reconquérir son royaume et de le conduire à Reims pour être couronné roi très chrétien. La symbiose entre l'Eglise et l'Etat était reconstituée, même si ce fut un évêque qui la condamna, mais il était proanglais. Il ne faut donc pas renverser les rôles et l'avenir les confirma.
J'ai fait pas mal d'illustrations sur la figure de Jeanne. Le manque de temps, pour des raisons de déplacement en province, m'oblige à repousser à demain la parution de mon album.
Le Dossier N°28 de la semaine prochaine traitera de Natures mortes en peinture.
Bien cordialement à tous ceux qui me lisent et regardent mes oeuvres.
Alain de JENLIS