Pourquoi j'ai moyennement aimé La Vie d'Adèle
En général, j'attends une nuit avant d'écrire une critique. Si le film est bon, j'y pense inconsciemment le matin au petit déjeuner. La Vie d'Adèle fait partie de ceux-là mais. Oui, il y a un mais ; je n'ai pas vraiment aimé ce film. Hier, je partais gagnante. La bande annonce m'avait envoûtée, les images alliées avec le « I follow rivers » de Lykke Li furent déclencheurs d'un avis que je pensais très positif. Et puis, j'ai vu le film hier. Alors, beaucoup de personnes m'ont dit « Quoi, 3 heures !! Mais c'est long !! » Oui, 3 heures, c'est long. Mais, j'ai déjà vu plusieurs films de 3 heures et celui-ci passe d'une traite malgré sa fâcheuse tendance à l'étirement des séquences (j'y reviendrai). Ce furent 3 heures en apnée, en immersion avec Adèle et son amante Emma. 3 heures focalisées sur la bouche d'Adèle, ce qu'elle mange (spaghettis, kebab, jambon, huîtres et j'en passe), ce qu'elle dit, etc. Le film d'un point de vue esthétique est très beau avec ses gros plans, sa fluidité et sa visée naturaliste à la Pialat mais...
Mais, vous appelez ça une « magnifique histoire d'amour » ?? Parlons en de l'amour, les fameuses scènes de sexe ne représentent qu'un quart d'heure, un quart d'heure sur trois heures donc. Et ces scènes manquent cruellement d'amour, de tendresse. C'est presque sauvage et ceci sonne comme un cliché du film lesbien. Certains disent qu'ils sont sorti du film « complètement bouleversés ». Expliquez moi là ? Je suis très bon public dans le plupart des cas et pleure au quart de tour. Dans La Vie d'Adèle, j'ai juste versé une larme lors (désolée de spoiler un peu) la séquence de la séparation, la dispute entre les deux jeunes filles. D'ailleurs, dans cette séquence, Léa Seydoux retrouve enfin son aura, toute sa palette de jeu qui fait d'elle une grande actrice. Je trouve qu'elle a été sous exploitée dans ce film au profit d'Adèle qui joue très bien, presque mieux que Léa. Bref, je n'ai pas vraiment appréciée ce film avec toute sa logique de l'étirement des séquences : Adèle mange des spaghettis, Adèle fait l'amour, Adèle fait la dictée à sa classe... Ouais, c'est bon, on a compris : pas besoin de faire durer autant les séquences. Et puis, parfois, le film se fait poseur avec Emma qui parle de Sartre, ses amis qui parlent d'art (Klint, Picasso). Et bizarrement, je n'ai pas senti comme certains une peinture de deux classes sociales avec les provinciaux pour Adèle et les bourgeois pour Emma. Non, il s'agit là d'une histoire d'amour entre deux personnages, une histoire de la découverte du désir, de la sexualité pour Adèle... Mais bon, personnellement, je suis sortie du cinéma complètement blasée. Ce film n'est pas très gai malgré sa belle luminosité...
Voilà. Je me prépare maintenant à affronter vos critiques.