Magazine Cinéma

[Critique] Prisoners

Par Wolvy128 @Wolvy128

4-étoiles

Affiche fr prisoners
Trois ans après Incendies qui l’avait un peu révélé aux yeux du grand public grâce à sa nomination aux Oscars en tant que meilleur film étranger, le réalisateur canadien Denis Villeneuve nous revient cette année avec Prisoners, un thriller américain doté d’un magnifique casting. On peut en effet y retrouver Hugh Jackman (Keller), Jake Gyllenhaal (Loki), Viola Davis (Nancy), Maria Bello (Grace), Terrence Howard (Franklin) mais aussi Paul Dano (Alex) et Melissa Leo (Holly).

Quant à l’histoire, elle s’intéresse à la disparition de deux fillettes de 6 ans, Anna et Joy, dans la banlieue de Boston. Le détective Loki privilégie la thèse du kidnapping suite au témoignage de Keller, le père d’Anna. Le suspect numéro 1 est rapidement arrêté mais est relâché quelques jours plus tard faute de preuve. Aveuglé par sa douleur, Keller se lance alors dans une course contre la montre pour retrouver les enfants disparus. De son côté, Loki essaie de trouver des indices pour arrêter le coupable avant que Keller ne commette l’irréparable. Mais les jours passent et les chances de retrouver les fillettes s’amenuisent…

Pour sa première incursion à Hollywood, on peut dire que Denis Villeneuve n’a pas manqué ses grands débuts étant donné que Prisoners se révèle en définitive un thriller extrêmement efficace. Et c’était loin d’être gagné d’avance puisque si le casting promettait beaucoup sur le papier, l’histoire semblait quant à elle avoir déjà été vue des dizaines de fois. Néanmoins, le cinéaste est parvenu à tirer son épingle du jeu en transcendant une intrigue rabâchée par un traitement tout à fait remarquable, caractérisé par une mise en scène sobre (mais classe) et un propos ouvert au débat. C’est d’ailleurs dans ce dernier point que réside selon moi la grande force du film puisque le fait de montrer à la fois le point de vue des victimes et de l’enquêteur suscite immédiatement tout un tas de réflexions chez le spectateur. Ainsi, en suivant le parcours des différents protagonistes, on ne peut s’empêcher de se questionner en même temps qu’eux et de se demander si on agirait de façon identique dans une telle situation. Et la réponse est forcément loin d’être évidente dans la mesure où les personnages jouissent pour la plupart d’une belle construction qui les rend plus complexes qu’on aurait pu le croire au départ.

Photo prisoners
Bien sûr, le scénario s’avère au final sans grande surprise, la faute à quelques ficelles narratives un peu faciles, mais les rebondissements sont efficaces et l’ensemble est tout de même excessivement bien ficelé. J’ai par exemple adoré l’ambiguïté du plan final qui correspond parfaitement à l’esprit du film et à l’ambiance que le réalisateur a cherché à lui insuffler. Mais si l’intrigue fonctionne aussi bien malgré le manque évident d’originalité du sujet, c’est également car tous les acteurs sont absolument parfaits. Cependant, il faut le reconnaître, Hugh Jackman et Jake Gyllenhaal sortent véritablement du lot. Le premier parce qu’il est tout simplement impressionnant de complexité et d’ambiguïté dans la peau de ce père dévasté par la disparition de sa fille. On ressent sans mal toute la peine et la colère qui l’animent au fur et à mesure que l’enquête avance. Et le second parce qu’il retranscrit magnifiquement toute l’abnégation et la frustration qui caractérisent souvent un policier chargé d’une telle enquête. A nouveau, tout n’est pas blanc ou noir et cela se ressent parfaitement dans les relations que les personnages entretiennent.

En conclusion, sans pour autant être une énorme claque, Prisoners n’en demeure pas moins un thriller rondement mené. Les acteurs sont impeccables et le scénario échappe au manichéisme souvent de rigueur à Hollywood en proposant des personnages non sans failles mais profondément humains et complexes. Et ça, c’est suffisamment rare que pour être signalé !



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