Visite guidée de la Certosa

Publié le 12 octobre 2013 par Oliaiklod @Olia_i_Klod

Nous avons profité de la fête de la lagune de Venise, Isola in Rete, pour visiter, en compagnie d’une guide, l’île de la Certosa, qui abritait autrefois la Chartreuse de Venise.

L’île est situé dans le centre de la lagune, à environ deux cents mètres à l’est de Venise, accessible chaque jour, librement, notamment par le vaporetto (il faut demander l’arrêt au pilote).

Au XIIème siècle, l’île fut d’abord une colonie de chanoines réguliers, qui ont créé un monastère dédié à saint André Apôtre, qui fut plus tard confié aux moines augustiniens. En 1419, les derniers Augustins ont quitté le couvent.

En 1422, S. Bernardin de Sienne, a invité le Sénat de la République de Venise de donner l’île aux Chartreux de la Chartreuse de Florence. Avec le règlement des Chartreux, l’île a d’abord pris le nom de "San Bruno " et plus tard "Certosa". En 1806, les Chartreux ont été chassés et spoliés de la plus grande partie de leur fortune, en 1810, Napoléon a fait transformer l’île en forteresse militaire. Elle conserva son activité militaire jusqu’en 1997, date à laquelle le Reggimento Lagunari "Serenissima" du fort voisin de Sant’ Andrea fut dissout.

Voir l’histoire plus détaillée de l’Isola della Certosa et la description de la Chartreuse au XViIIème siècle.

Équipements militaires dont il reste de nombreux témoignages, restaurés ou non, telle cette polvera, une poudrière de l’époque de la république de Venise, transformée en petit musée de l’île, située à proximité de l’embarcadère d’ACTV.

Éloignée du monastère, tout en étant proche de l’Arsenale, elle permettait de stocker la poudre, loin de la ville, et ainsi éviter de dramatiques accidents. Sa base en pierre d’Istrie, mettait la poudre à l’abri de toute humidité.

Les autres bâtiments militaires dans ce secteur ont été transformés en ateliers pour le chantier nautique, locaux d’accueil pour les plaisanciers de la marina et un petit hôtel, tous gérés par le pôle nautique Vento di Venezia.

Sur le plan de Coronelli, on distingue parfaitement le monastère chartreux, avec son église, deux cours équipées de grands puits, et, autour du cloître qui sert de sépulture, les 15 cellules, possédant chacune son jardin. Particularité vénitienne, chaque jardin des moines possédait son puits particulier, qui était rempli par les eaux de pluie, et servait tant pour les ablutions que l’entretiens du jardin.

Du vaste complexe monastique, il ne reste aujourd’hui que des ruines, protégées par des grilles, et qui, malheureusement, ont été encore plus endommagées par la tornade qui s’est abattue sur l’ile le 12 juin 2012 vers 11 heures du matin.

Seule la correrie, le bâtiment qui, autrefois, abritait les travailleurs laïcs à été restaurée… d’une manière qui augure mal d’une restauration "moderniste" du monastère qui risque, alors, perdre tout intérêt historique.

Les vestiges les plus nombreux et les mieux conservés sont donc les vestiges militaires, avant qu’ils ne soient dénaturés par une restauration qui, d’ores et déjà nous paraît plus que contestable, puisqu’il s’agit de rendre rentables des ruines historiques.

La partie nord de l’île actuelle est la partie qui regroupe tous les bâtiments historiques, qu’ils soient religieux ou militaires.

Elle est séparée par un mur de la partie sud, plus récente, est le résultat de la dépose des curages des canaux vers 1950.

La partie sud, est un vaste espace boisé, essentiellement de robiniers faux-acacia (Robinia pseudoacacia), de peupliers argenté (Populus alba) récemment introduits pour leur grand pouvoir d’absorption, des frênes (Fraxinus oxycarpa) et des ormes (Ulmus minor)…

On notera la présence d’un spécimen particulièrement impressionnant de murier blanc (Morus alba) dont les branches basses sont un régal pour les enfants de tout âge. Cet arbre est d’autant étonnant, qu’il n’a pas plus de 60 ans.

Cette variété de murier est une espèce introduite par les Arabes, dont la propagation est étroitement liée à l’élevage des vers à soie, qui se nourrit exclusivement de feuilles de cet arbre. Sa présence sur l’île est probablement liée à la culture monastique (nous savons que c’est une des plante utilisées dans la préparation de l’élixir de la Grande Chartreuse).