Vendanges tardives - De Xenakis

Par Claude_amstutz

Pas snob pour deux sous, Marie-Chantal, quand, tirant sur son légendaire fume-cigarette en ivoire rose à l'entracte d'une pièce de Thomas Bernhard, Avant la retraite, elle te confesse de sa voix rauque et théâtrale qu'elle a pris goût à la musique stochastique au Tibet, en écoutant sur un transistor de fortune Radio France International, mais uniquement le célèbre Pop Club de José Arthur dont, en transe, elle ne prêtait l'oreille qu'à la bande-son de Iannis Xenakis: Polytope.

Hélas, vois-tu Fred, je trouve que tout de même, avec le temps, elle baisse, car quand le monsieur bien sous tous les rapports l'a bousculée et a maculé sa dernière robe toute en cuir bleu et transparences signée Jean-Paul Gaultier, avec un vulgaire american pancake, elle ne s'est pas écriée: Me voici enfin griffée toute en Rothko!

Mais que veux-tu? L'esprit comme la politique, avec l'âge ça se confond parfois avec la sottise: ce grand silence blanc...

Thomas Bernhard, Avant la retraite (Arche, 1987)

image 1: Défilé Jean-Paul Gaultier 2014 / IMAXTREE (lexpress.fr)

image 2: Mark Rothko (minimalexposition.blogspot.com)

illustration musicale: Iannis Xenakis, Polytope, Ensemble Ars Nova / Marius Constant