Oui, j'ai honte. Plus d'un an déjà que ce livre était sorti et j'avais complètement oublié de le lire ! C'est parfaitement incompréhensible, d'autant plus que j'avais beaucoup aimé ce que j'avais lu jusqu'à présent. L'histoire de Malo de Lange est une succession de péripéties malchanceuses et poignantes, mais formidablement mises en scène et contées sur un ton humoristique, avec en bonus des répliques piquées de l'argot, ce qui vous donne un pétillant cocktail avec des bulles qui éclatent dans les narines !
Dans ce dernier épisode, Malo est désormais lieutenant à la Brigade de Sûreté de Paris et tire profit de son expérience de grinche pour se faufiler dans les rues malfamées et obtenir des informations précieuses. Dernièrement, c'est sur une série de disparitions de chiens errants qu'il travaille, alors qu'on retrouve leurs corps mutilés peu de temps après. Glauque, très glauque. Mais le sordide fait partie intégrante de cette série, imaginez aussi le vol d'un bocal contenant le cœur de Louis XVII, l'apparition du fantôme d'un garçonnet qui annoncerait une mort imminente ou l'exercice d'un magicien qui coupe les femmes en deux.
Au milieu de tout ça, le roi fait appel à ses services pour veiller sur la sécurité de ses fils. Pour bien faire, Malo doit se rendre au collège Henri-IV, apprendre du latin et ânonner du Corneille à longueur de journée, de quoi lui faire regretter son passé de voleur ! Cet épisode constitue pourtant une bouffée d'air frais dans cet univers très lourd du crime crapuleux et des complots politiques sanguinolents. L'intrigue est retorse, avec une pelletée de détails dégoûtants, mais au-delà le récit est enlevé, pétulant et taquin. Même la relation entre Malo et son père est bigrement attachante, bien que teintée de pudeur.
On a aussi le plaisir de retrouver des personnages hauts en couleur, comme Nini Guibole ou Moïra de Feuillère (Gaby), sans oublier la très placide Léonie de Bonnechose, en plus de côtoyer le jeune duc de Montpensier, surnommé Toto. Non, vraiment, c'est une série agréable et pleine de surprises, capable de vous balancer du gore, du laid, du dégoûtant, et en parallèle elle vous vend du rêve, du rire, de l'insouciance. Un excellent compromis pour une lecture franchouillarde et définitivement divertissante !
Malo de Lange et le fils du roi, par Marie-Aude Murail (Neuf de l'Ecole des Loisirs, janvier 2012 - ill. de couverture : Yvan Pommaux)
- Crois-tu que c'est une vie de traîner dans les rues la nuit, de se déguiser en Tortillard, de jaspiner l'arguche avec les grinches ?
- Il n'y a que cette vie-là qui puisse me rendre heureux et «tous les hommes veulent être heureux, même celui qui noue la corde pour se pendre», comme disait Blaise Pascal. Soyez content de moi, papa. Pour la première fois en quinze ans d'existence, je viens de faire une vraie citation. Parce que, maintenant, j'ai de l'instruction !