Pour Nicole Calfan et Rufus, la dramaturge découverte il y a quelques années avec "Le Vieux Juif Blonde" a imaginé une modeste comédie, originale et enlevée, probablement vite écrite mais plutôt bien troussée. Sur le plateau du Petit Théâtre de Paris, les deux acteurs dévoilent une jolie complicité, dans une mise en scène cartoonesque à souhait d'Anne Bourgeois. Voici qui ne restera pas dans les annales mais qui permettra au plus grand nombre de passer un plaisant moment.
Deux voisins de palier retraités. D'un côté du "Mur", un ancien officier sous-marinier, veuf, grand-père, à l'ouverture d'esprit... Militaire dirons-nous. Il écrit ses mémoires. De l'autre une institutrice un brin fantasque, éternelle célibataire, qui pour occuper ses journées a décidé d'apprendre le piano. Ses talents semblant ailleurs, son acharnement quotidien sur La Lettre à Elise tape sur les nerfs de son voisin. Les échanges épistolaires menaçants, insultants ou fielleux glissés sous les portes se multiplient. La guerre est déclarée. Le "Mur" va trembler. Mais de cette guerre pourraient bien naître des sentiments plus doux.
Si les personnages, les rapports qu'ils entretiennent, et un discours peu entendu à propos des seniors auraient gagné à être développés et creusés, les dialogues d'Amanda Sthers recèlent une indéniable efficacité. Drôle et touchant, le duo Calfan-Rufus se glisse avec sincérité dans un registre relativement "casse-gueule", se chamaille, se séduit, puis s'aime avec délice. Quel que soit le climat, le jeu est nourri en profondeur. Bravo. On regrettera simplement que Nicole Calfan tapote une heure durant les touches (qui ne s'enfoncent pas) d'un faux piano. C'est de l'ordre du détail mais la salle n'étant pas grande et le spectateur se trouvant très près des interprètes, on finit par ne plus voir que ça et c'est un peu dommage... Voire crispant.
Pourquoi pas.
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