Dans l’émission « à vous de juger » qui l’opposait à François Fillon, jeudi dernier, François Hollande est revenu sur le projet fiscal du PS. Il souhaite augmenter les impôts des contribuables qu’il considère comme les plus favorisés, à savoir ceux qui gagnent plus de 4000 euros net par mois pour une personne seule, 8000 euros pour un couple, 12000 euros pour un couple avec deux enfants, et 16000 euros pour un couple avec trois enfants.
Malgré la polémique engendrée sur cette question au sein du PS, F. Hollande semble avoir assez habilement manoeuvré, puisqu’un récent sondage CSA (http://www.lefigaro.fr/une/20070120.WWW000000087_les_hausses_dimpot_de_hollande_approuvees_a_.html) montrait que 57% des Français étaient favorables à une hausse des impôts de ces catégories de contribuables ; plus étonnant, 52% des électeurs se disant décidés à voter pour Nicolas Sarkozy approuvaient la proposition de François Hollande.
Pourtant, il ne faut pas se laisser tromper par la signification d’un tel sondage. Car, par cette proposition qui expose une sorte d’échelle de la richesse, François Hollande a réussi à faire disparaître du débat fiscal qui oppose la gauche et la droite la question de fond (faut-il diminuer, maintenir ou augmenter les impôts ?) au profit d’une question annexe : qu’est-ce qu’un riche ? Il est en effet beaucoup plus facile de faire consensus sur cette question.
La droite n’a pas vu venir le piège et s’est engouffrée sur le terrain de l’adversaire. Dès le lendemain de la première annonce, J.-F. Copé répliquait en substance qu’avec 4000 euros par mois, on n’était pas riche, qu’un professeur certifié en fin de carrière touchait ce salaire et qu’on ne pouvait pas considérer les enseignants comme riches. Mais le ministre du budget se trompait quelque peu sur les chiffres et François Hollande n’avait pas choisi le montant de 4000 euros au hasard. Rappelons que les professeurs agrégés, qui font partie des fonctionnaires les mieux payés, touchent en fin de carrière, lorsqu’ils atteignent le dernier échelon de la hors classe, un salaire de 3615,73 euros net. La manne électorale du PS échappe donc aux augmentations d’impôts. Lorsque l’on sait, par ailleurs, que 70% des Français ont un salaire inférieur à 1875 euros mensuels, on ne s’étonnera donc pas que 57% d’entre eux s’accordent à dire que le célibataire qui gagne 4000 euros par mois ou le couple qui en gagne 8000 sont plutôt riches. Les Français ne se sentent pas concernés par ces hausses d’impôts annoncées.
Mais il faut quitter ce terrain, si l’on veut élever le débat et rejoindre la question de fond. Que vaut-il mieux ? Taxer beaucoup les plus riches contribuables (car, oui, même avec le bouclier fiscal de 50% proposé par N. Sarkozy, payer 50% de ses revenus en impôt, cela reste beaucoup !) qui rapportent ainsi de l’argent à l’Etat, ou bien les taxer énormément et voir les recettes fiscales diminuer, parce qu’ils se sont expatriés ? La réponse est évidemment dans la question. Baisser les impôts des plus riches n’est peut-être pas très populaire et peut paraître injuste, mais la politique n’est efficace que si l’on sait remplacer l’idéalisme par le pragmatisme.
D’ailleurs la question doit être posée : lorsque la gauche aura fait fuir les plus riches ou les aura appauvris, où prendra-t-elle les impôts ? L’expérience montre que la gauche promet de faire payer les riches, mais que dans la pratique, elle ponctionne les classes moyennes. Quelle erreur que de vouloir toujours diviser les Français, ici les « pauvres » et les « riches », pour l’emporter ! Je préfère de loin la proposition de N. Sarkozy, qui promet des abattements fiscaux sur l’isf pour ceux qui investiront dans les pme et les pmi. C’est bien plutôt là qu’est la véritable solidarité !
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