Aussi loin que je m'en souvienneUn peu beaucoup passionnément, donne-moi un bisou comme un coup de grisou, suis à la traîne, suis en peine, l'étreinte aussi me siérait, cela serait une raison suffisante, vous occupez une place de choix, pas besoin de prendre un ticket, l'idée du voyage me plaît, un nouveau départ, un souffle revigorant, une lumière de l'aube, une fragrance du paradis...Je m'emploie à me déconstruire, en attendant la razzia ultime, je serai sur les étals, on me criera à la vente, tu ne m'écriras plus, je serai rangé et classifié, perdu pour l'éternité, sans gloire ni remords, effacé... J'en ai le tournis rien que d'y penser, je ne sais pas quoi penser, vous m'êtes tous si pathétiques, avec vos discours, vos certitudes, vos phrases toutes faites... Mes phrases sont-elles vraiment miennes, non, mes phrases me sont dictées par une voix invisible, la voix du bagage, la voix de la bouteille, la voix de tous ceux qui se sont réfugiés en moi, vous les auteurs, poètes, artistes, disparus et engloutis dans la tourmente des âges, vos échos sont parvenus jusqu'à moi, j'en ai fait ce que j'ai pu...