Il y a peu de temps, Deutsche Börse annonçait déjà le lancement prochain d'une bourse dédiée au "cloud computing" (sous sa forme IaaS – "Infrastructure as a Service"), sur laquelle les utilisateurs et fournisseurs pourront échanger des capacités de calcul. Cette fois, il s'agit d'aller au-delà de ce seul concept de place de marché, en fournissant aux acteurs concernés les moyens de gérer leur risque, à travers une gamme de produits dérivés, inspirés de ceux qui existent pour d'autres catégories de valeurs.
Pour concrétiser (un jour) cette idée, CME Group vient de signer une lettre d'intention avec la jeune pousse 6fusion, qui lui fournira les compétences techniques nécessaires. Parmi ces dernières figure notamment la place de marché constituant le socle de base de l'offre. Mais surtout, dans un effort de transparence indispensable pour légitimer son approche, la société a conçu un instrument de mesure objectif des infrastructures informatiques (en termes de capacités de calcul, de stockage et de réseau).
L'index que matérialise cette mesure, le "Workload Allocation Cube" (WAC), permet aujourd'hui de comparer des ressources hétérogènes mises à disposition sur la plate-forme de 6fusion. Il deviendra naturellement un élément fondamental de la valorisation du "cloud", sur la bourse imaginée par CME Group. Il s'agit fondamentalement d'une unité de calcul qui va transformer les infrastructures informatiques en un produit banalisé et donc négociable.
Au-delà de la liquidité que permet d'assurer un marché ouvert, l'introduction de produits dérivés peut apporter des garanties supplémentaires non négligeables aux entreprises participantes. Ce pourrait être, par exemple, la possibilité, pour un "utilisateur", de réserver une certaine capacité de calcul "à terme" ou, pour un vendeur, de fixer à l'avance le prix de vente futur de ressources qu'il s'apprête à déployer…
Certes, les travaux entre CME Group et 6fusion en sont encore au stade exploratoire et peut-être la bourse promise ne verra-t-elle jamais le jour. Quoi qu'il en soit, ces réflexions démontrent clairement que le vieux rêve du "cloud computing" – des ressources informatiques standardisées accessibles à la demande, comme l'électricité et l'eau le sont depuis longtemps – est en bonne voie de devenir une réalité à relativement court terme.