Lake Providence, Louisiane, janvier 1863. En pleine guerre
de sécession, alors que les troupes nordistes préparent la prise du bastion
confédéré de Vicksburg, un étranger
descend d’une diligence et se dirige vers le cabinet du médecin. Il se plaint d’une
vieille douleur et réclame de la morphine. Cet étranger se nomme Doyle. Ancien
soldat de l’Union, il a quitté l’armée suite à un événement tragique qui ne
cesse de le hanter. Seuls la drogue et l’alcool peuvent calmer les maux qui le
rongent. Mais pour trouver ses doses quotidiennes, il doit souvent franchir la ligne rouge...
Je vous l’accorde, le pitch n’est pas super original. Un
héros écorché vif sorti cabossé de la guerre civile américaine. Un héros en
quête de rédemption après avoir commis l’irréparable, c’est du déjà-vu.
Mais Séverine Gauthier est aux commandes et ça change tout. Séverine Gauthier,
scénariste de talent qui a, entre autres signé, Mon arbre, Aristide broie du
noir et le génialissime Cœur de Pierre. Son univers empreint d’une certaine
forme de noirceur trouve ici un terrain de jeu idéal. Doyle navigue entre son
passé cauchemardesque et un présent guère plus brillant. Beaucoup de flashbacks pour permettre au lecteur de comprendre comment il en est arrivé là. Ce n’est certes
pas très gai mais ce premier tome se termine sur une note d’espoir, une fenêtre
ouverte vers un possible rachat, même si l’on comprend que tout ne sera
pas simple.
Le trait de Benoît Blary est proche du crayonné, parfois
tremblotant, souvent hachuré. J’ai eu du mal à m’y faire mais au fil des pages,
je m'y suis plongé sans déplaisir. Et puis le choix des couleurs, ternes et
délavées, est particulièrement judicieux.
Premier tome d'une trilogie, cet album s'avère au final être une belle surprise et je suis d'ores et déjà partant pour découvrir la suite.
Virginia T1 : Morphée de Séverine Gauthier et Benoît
Blary. Casterman, 2013. 56 pages. 14,95 €.