Courage ma brave Lucette !

À l’évidence ce n’est pas un manque ni d’envie, ni de motivation, mais un manque de courage, trop d’appréhension à l’idée d’avoir à essuyer des échecs, des refus, des vestes, des râteaux, des claques, des affronts, des fins de non recevoir, bref des "NON" francs et massifs.

Hum. Il va pourtant bien falloir réagir. L’équation de départ est  a priori tellement simple :

Pas envie de rester celib ad vitam eternam ➳ tu te bouges pour que ça change ma poule !

Je pourrais rester enlisée dans une demi-relation, une bien étrange relation à temps-partielle. Une relation sans tracas, sans contrainte. En pointillés, sans jamais aucune dispute, jamais un mot désagréable, ni l’un plus haut que l’autre ; mais pas la moindre trace de passion non plus. Une demi-relation douillette, sans enjeu, sans promesse, mais surtout sans l’espoir de construire un jour quoi que ce soit de sérieux non plus (d’ailleurs, "sérieux", le mot, l’idée lui font peur). Alors une fois encore, je me le répète : réagis !

Voilà je me contente d’une relation gentillette, confortable, "sans prise de tête" comme certains mâles se plaisent à le dire. Une relation dans laquelle je ne risque rien, si ce n’est de perdre mon temps…

Alors Lucette, tu te mets un coup de pied aux fesses et tu sors de ta cachette.

Et arrête un peu avec tes "oui, mais…" !

Oui, moi et moi on se parle beaucoup, le dialogue c’est tellement vital !

Mes différents cercles de connaissances étant actuellement totalement dépourvus de potentielle moitié complémentaire et intéressante, il faut se rendre une fois de plus à l’évidence qu’il ne reste plus qu’une seule option Lucette. Retroussage de manche et go ! Au turbin comme tout le monde (et non pas au tapin, faudrait pas confondre!).

♩♪♫"Je ne peux pas, je ne sais pas et je reste plantée lààààààààààààà"♬ ♪ ♩ (comme une quiche et non pas comme Balavoine, enfin lui et moi on a à peu près autant de chances de faire des rencontres sympa pour le moment).

Allez crache le morceau ma Lucette ! Dis-le que tu songes sérieusement à y retourner. Mais que tu as les chocottes ! Trouillarde, grosse trouillarde ! (NDTR : l’adj. grosse étant placé avant le qualificatif trouillarde, c’est donc la peur qui est grosse ; ceci est donc très différent d’une trouillarde grosse qui elle pourrait être dotée d’une petite once supplémentaire de courage.) Enfin là c’est plutôt : courage, restons cachés.

Non, non et non. Il ne s’agit pas d’aller ni au supermarché (quoi que…), ni au lavomatique, ni au garage, ni à la salle de sport (vade retro satanas!), ni au centre des impôts (et tant mieux!)…

Oui, tu le sais. Il va falloir cliquer. Créer un profil. Rhaaaaaaaaaaaaaa (long soupir). Trouver un pseudo. Rhaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaa (long râle de désespoir). Et pire que tout, rédiger cette foutue annonce qui explique "ce que je cherche" et "qui je suis" hi hi hi (rire de souris exaspéré). AU SECOURS ! Toutes les fibres de mon corps ne veulent pas y retourner.

♩♪♫"J’ai la flemmeeeeee, j’ai la flemmeeee"♬ ♪ ♩ (à lire en chantonnant sur l’air de C’est la fête de Michel Fugain). La flemme de me coltiner tous les profils bidons, de naviguer en eaux troubles entre les trop-compliqués-impossibles-à-comprendre, les incompatibles, les timides, les gentils-oui-mais-non-merci, les boulets, les j’en-ai-marre(des-hystériques (NDTR : véridique, certains affichent de tels pseudos et c’est follement attirant)et les serial dragueurs en tous genres.

Quoi que ce n’est pas le plus décourageant. C’est le jeu. Même combat que pour la préparation des confiture : une écumoire pour enlever l’écume qui se forme à la surface du bouillon est absolument indispensable pour obtenir une confiture savoureuse sans impureté. Et bien là, à défaut d’écumoire, il faut de la patience et écrémer petit à petit tous les indésirables.

Non, le problème se posent davantage avec ceux qui restent et que nous pourrions nommer "les désirés". Ce sont de loin les pires, les plus redoutables. Car ce sont eux qui peuvent causer le plus de tracas. Et voilà, je les lis (même entre les lignes), je les entends déjà (à demi mots aussi) me balancer :

▲ que non Lucette, tu n’es pas mon genre (traduire : trop moche/pas assez jolie à son goût),

▲ que tu as tout pour rendre un mec heureux (mais que ça ne sera pas lui),

qu’il préfère les filles plus sportives (hum-hum, plus minces),

▲ qu’il te sent trop posée pour lui, qu’il se sent encore très gamin (et oui, t’es trop vieille, même s’il a deux ans de plus que toi),

▲ que tu parles trop (là c’est clair, tu le saoule déjà!).

En clair mon ego et moi n’avons aucune envie de subir moult déconfitures et autres avaries. D’où la trouille et le refus de se jeter à l’eau. Un peu dépitée et quelque peu par avance épuisée de toutes les embûches et cagades qui jalonnent les "sites de".

Allez, je me fais un petit shoot de "I’m-the-one/the-very-best" (et si je pouvais en même temps booster mes défenses immunitaires ça serait aussi super tip-top caviar, vu que le look nez-rouge, yeux-creusés et pulls en multicouches ce n’est pas vraiment ce qui rend cette chère Lucette des plus glamour). Bref, à très vite pour de nouvelles aventures palpitantes (ou pas).