Mark Eitzel - Sacri Cuori à la Rotonde du Botanique, Bruxelles, le 9 octobre 2013

Publié le 09 octobre 2013 par Concerts-Review

A peine une centaine de spectateurs dans la Rotonde, Mark Eitzel, America's greatest living lyricist d'après le Guardian, ne fait pas recette chez nous.

En début d'année il remplissait le Depot à Leuven, mais le concert s'est déroulé au Foyer, tu lis le bar bruyant, ce soir à Bruxelles, même manque d'engouement.

Evidemment le gars est à  contre-courant de ce qui se vend aujourd'hui ( tu peux ajouter de la soupe, si l'envie te prend), mais l'abstention du public étonne!

L'avant-programme, Sacri Cuori, nous vient de Modigliana, Emilia Romagna, et pratique une musique instrumentale ( with cinematic feel, indique la pub, qui pour une fois ne ment pas!).

 Creata dal chitarrista e compositore Antonio Gramentieri, la formation comptait 4 éléments sur scène, le précité Antonio( barbu) et trois autres barbouzes aussi souriants que ta belle-mère en montant sur le podium.

Si la composition du groupe a évolué au fil des années, elle semble stabilisée, en Italie on indique ( tu gobes, si tu veux)...  Negli anni il line up si è stabilizzato intorno al batterista e percussionista Diego Sapignoli, al basso di Francesco Giampaoli e al multistrumentista Christian Ravaglioli. Détail pour ce dernier, nous on a surtout vu un sax et un piano miniature!

Trois albums, le dernier se vend lors des concerts et n'est pas encore distribué officiellement , celui dont les chroniqueurs font la louange, ' Rosario', est sorti en 2012.

Le band revient d'une tournée en Australie où il a assuré l'avant-programme de Hugo Race.

40' d'un soundtrack pouvant servir à un western spaghetti ou au nouveau David Lynch, voire à un documentaire sur le Grand Canyon.

Personne ne s'est emmerdé, les gars sont habiles, la marchandise est d'excellente qualité, résultat, durant la pause cd's et vinyles se sont bien vendus!

Sept plages, pas de setlist, pas de lyrics ( on t'a dit instrumental), pour les titres, tu te brosses!

Premier essai, du Morricone paré d'un sax baryton purulent.

Antonio explique, we don't exactly play Italian romantic music! Effectivement, avec des éléments blues, surf, jazzy ou psychédéliques, tu penses plus à Calexico qu'à Bobby Solo.

La faute au jetlag si on est un peu lent ce soir, on n'a pas encore testé les matelas de l'hôtel, on s'est brossé les dents, bâclé le soundcheck et nous voici, la suivante se trouve sur 'Douglas & Dawn' et a été inspirée par Tucson, Arizona!

Si t'as l'occasion, écoute leur titre 'Zorro' pour te faire une idée.

Signore Gramentieri ne manque pas d'humour... on vous confectionne un Berlusconi Adriatic blues, on ajoutera, avec une pointe de Henri Mancini.

La suivante, envoûtante et lancinante, sera plus jazzy, elle précède un surf métallique à souhait et solidement remuant.

On va pas vous balancer un titre de plus de 10', too boring, un petit tango, peut-être?

Ici aussi, on te recommande un titre: 'Fortuna'!

Le Sacré Coeur termine en force avec un morceau sec sur rythmique galopante.

Intéressante découverte !

En principe la tête d'affiche débute son récital à 21h.

Dix minutes d'attente, rien!

Quinze minutes d'attente: même scénario!

Bordel, ça sent le roussi, l'équipe technique s'en va aux nouvelles, 5' plus tard un stagiaire, Hey Yeah!, communique qu'un 'petit' contretemps est à l'origine du manque de ponctualité, les Amerloques vous expliqueront...

Encore trois minutes de glande, Mark Eitzel se pointe!

Passablement énervé, il jette un tas de feuillets sur le sol, ramasse une guitare, accorde la bête et, sans rien révéler de la cause de cette arrivée tardive, attaque un premier titre solo.

Pas un facile, l'ancien leader d'American Music Club!

La complainte 'Jenny' sur le live  'Songs of Love' de 1991, mais déjà enregistré sur un album d'American Music Club en 1988.

Un crooning sinistre et profond!

Ok, mec, tu nous a bien eus, un seul titre et Bruxelles est captivé, tant pis pour ta méchante humeur.

Un coup d'oeil vers les coulisses, eh, guys, vous arrivez ou quoi?

Un pianiste, un contrebassiste et un drummer, que le capitaine barbu et bourru ne présentera pas, en 2012, il tournait avec le pianiste Marc Capelle, le bassiste Jon Langmead et le drummer Pete Straus.

Les mêmes en 2013? ( tu lis question Mark!).

'Western Sky', a low voice , une instrumentation sobre s'amplifiant au final, le gars met son âme à nu.

Si sa gestuelle semble gauche et maladroite, les lyrics eux s'adressent à ton âme.

Beau!

Au bassiste, what is next on the list of songs, on tend un feuillet à ce gosse paumé auquel il faut tout expliquer.

 'What holds the world together',en dehors de Eitzel il n'y a que Van Morrison pour composer de telles perles.

Euh, you know what, je pensais qu'il était 20:00, I had plenty of time, je me reposais à l'hôtel, j'avais réglé ma montre à l'heure anglaise... sans rire, il nous explique la raison du retard!

Il poursuit le concert, qui sera chaotique et hésitant jusqu'au bout, ce qui n'enlève rien à la qualité des chansons, ni à l'interprétation émouvante du rescapé ( de sérieux ennuis de santé, il y a quelques 15 mois), avec un nouveau titre, une romance impossible, à l'arrière-plan jazzy.

Ensuite vient le nerveux et Waitsien ' I Love You But You're Dead', titre incroyable envoyant à ton cerveau des visions de Jérôme Bosch....des cimetières, des squelettes, des sorcières édentées, tout ça, tandis que le malheureux agrippe le micro d'une main, cache l'autre dans la poche de son veston élimé et grimace tout en chantant ses visions.

Une confession sous forme de valse, 'Why I'm bullshit'...I like social drinking..., il n'y avait pas de curé dans la salle pour l'absoudre, puis il philosophe ' We All Have To Find Our Own Way Out'.

Toujours aussi confus, il décide d'interpréter le dramatique ' Apology for an accident' avec la quote à replacer si tu veux briller en  société,  ‘Well, I’ve been praying a lot lately It’s because I no longer have a TV' !

A cosy place, la Rotonde, que leur  joue-t-on?

Ah, oui, I just wrote a new song, mais où est le papelard?

Devant ton nez, Mark... it's called 'The weeping woman', and it's not about me!

Ensuite encore une nouveauté, dont il ne daigne pas révéler le titre, à laquelle succède le numéro de clown triste  'Costumed Characters Face Dangers'...I know it's my job to smile and wave / and bring you into the magic / but in your snake eyes, everything dies...

La dernière, il dit!

Un mec dans la salle, mais non, Mark, il est à peine 20 heures!

' The Decibels And The Little Pills' d'American Music Club terminera en beauté ce set décousu.

Une sortie burlesque, en plein exercice de cantatrice il s'arrête et se tire, suivi par l'équipe.

Un triple bis:

'Blue and grey shirt'- la romance 'Firefly' et 'Nightwatchman'!

Titre terminé, sans rien ajouter, Eitzel ramasse ses écrits et regagne les coulisses.

Mark Eitzel: a weirdo, un introverti, un vilain petit canard timide, mais, assurément, un artiste talentueux et authentique!