(Fool’s Gold)
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« J’ai sorti XXX dans l’espoir d’avoir de bonnes critiques. Et quand j’ai commencé à travailler sur Old, j’ai essayé de me mettre dans la peau d’artistes qui seraient revenu avec un album aussi bon voiremeilleur. Le seul groupe qui m’est venu à l’esprit est Radiohead. Donc si XXX est mon Ok Computer, je devais faire mon Kid A désormais. J’ai donc étudié Kid A et me suis rendu compte que ce n’était pas tant par les lyrics que l’album retenait l’attention mais grâce à l’ambiance musicale autour. Je voulais donc des instrus incroyables, qui sonnaient minimal – qui seraient toujours dans le style Danny Brown, et non pas dans le dernier style Kanye West et toutes ses conneries d’orchestration. C’est pour cette raison que j’ai mis tant de temps à sortir cet album, parce que je voulais des beats parfaits. Et je les ai « .
Difficile de trouver meilleure présentation de cet album que sortant de la bouche de son propre créateur. On y retient plusieurs choses: le mec est assez fou pour se comparer à Radiohead et chier sur le Yeezus de Kanye West. Ou plutôt le mec est assez génial pour étudier Radiohead, ne pas craindre la pression seule en se comparant au groupe de Thom Yorke et niquer le système en en mettant une petite à Yeezy.
Tout le personnage déjanté et fascinant qu’est Danny Brown est résumé ici. Il n’a peur de rien, de personne et reste sûr de sa force. Celle d’un garçon obnubilé par tout ce qui fait la déchéance de l’homme: la drogue, l’alcool et la mort. Difficile de trouver un représentant de la scène dark rap plus doué que lui. Et si Kanye a bien tenté de s’approprier ce style rap minimal sale avec son dernier opus, Danny the crazy dog revient mettre les points sur les i.
Pendant une heure, on a le droit à un tour de force remarquable, tantôt fumeux, tantôt conscient (mais toujours cruellement dur, comme sur Wonderbread qui raconte l’histoire simple de Danny jeune qui va chercher une brioche pour sa mère et ne rencontre que des junkies sur sa route), tantôt complètement barré qui nous emmène dans le monde affreux du natif de Detroit. Ici pas de bling-bling, pas de métaphores sur la vie, le bonheur ou l’argent. Danny Brown tape au fond et regarde droit dans les yeux sa vie de junkie torturé (Torture). Les trois quarts des titres parlent de drogue et même quand il promet que c’est son dernier morceau sur la dope (« It’s not my last dope song, but my last dope song« ), il remet ça dès la première ligne du titre suivant.
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Danny Brown – Side B [Dope Song]
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L’album est séparable en deux parties bien distinctes, facilité par l’artiste lui-même avec une introduction appelée Side A et le titre Side B [Dope Song] qui crée la séparation des deux mondes. Dans la première partie, on a le droit à un Danny Brown surprenant de lucidité sur son existence de rappeur, sur son passé difficile et sa condition de père pas toujours facile à assumer (Clean Up). Une première étape où même sa voix éraillée n’apparaît pas tout le temps et laisse place à un MC au flow posé. Surprenant qu’on vous dit.
On y retrouve également des exercices de technique comme sur Dope Fiend Rental avec l’ami Schoolboy Q et d’amoureux du rap sur The Return en compagnie de Freddie Gibbs pour une part.II du célèbre Return of the G d’Outkast.
C’est dès lors l’occasion de se rendre compte que Danny Brown n’est pas qu’un phénomène de foire prêt à faire le foufou en toute circonstance mais également un sacré technicien, un mec capable d’écrire – avec une plume acerbe certes- et surtout un rappeur qui connaît les rouages de son art en s’entourant d’un Paul White (un habitué des ambiances chill) ou d’un Oh No. Chose trop souvent oublié au profit de ses nombreuses facéties micro en main ou face caméra. En fait, Danny Brown c’est Tyler the Creator avec du vécu (32 ans).
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Danny Brown – Dope Fiend Rental (feat. Schoolboy Q)
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Néanmoins, difficile d’occulter cette facette de sa personnalité car il est vrai que Danny n’est jamais aussi fort que lorsqu’il donne dans la violence gratuite. Et la seconde partie de l’opus atteint des sommets de dégueulasserie. Rarement un disque aura contenu autant de dingueries d’un coup. Ça va loin, très loin.
On commence avec Dip, ou comment encourager à prendre de la MDMA, et ça continue de monter avec Smokin & Drinkin (le titre est assez explicite ?), Break It et le phénoménal Handstand.
Quatre titres sur lesquels Daniel lâche les lions et met les cannes. Comme s’il avait trop retenu la pression jusqu’ici et qu’il avait besoin d’exhorter tout ceci hors de lui. On atteint des sommets de what the fuck où Danny nous conseille de bouffer des culs et du vagin comme un piranha, de ne pas le suivre dans sa « zone » où il ne sait plus ce qu’il fait sous l’emprise de la drogue et tout un tas de trucs rempli de sexe et de dope. C’est con mais qu’est-ce que c’est bon.
On se retrouve aspiré dans un bordel musical que n’aurait pas renié un Dizzee Rascal dans la forme et un Diplo dans le fond (ou un Lil Jon dans l’esprit, à la belle époque), grande source d’inspiration et poto de Brown. Pas surprenant dès lors de retrouver des habitués du genre tel que Rustie, A-Trak (son patron de label) et autres SKYWALKR à la production de cette violente « Side B ». Ce qui confère à certaines tracks des allures de « tubes » capables de retourner un dancefloor d’amateurs de dubstep ou de drogues dures (Mark Ronson en a fait l’expérience cet été en diffusant en avant première le morceau Dip). La qualité et la quantité, belle affaire.
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Danny Brown – Dip
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Danny Brown – Handstand
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Une face A froidement lucide, une face B chaudement violente. Toute la complexité du personnage est relatée ici, à la limite de la schizophrénie. Danny Brown est un artiste, un vrai. Alors ce n’est pas le genre d’album à mettre entre toutes les mains, que les choses soient claires. Mais quiconque ne craint pas la violence gratuite, qui peut être une forme d’art comme une autre tant qu’elle est contrôlée, ne pourra être insensible au natif de Detroit.
C’est aussi ça la richesse du rap, de donner naissance à des artistes hors cadre qui tracent leur chemin en s’affranchissant des barrières pour créer leur propre monde. Celui de Danny Brown n’est pas le plus accueillant – bien que recueillant un casting d’invités de haute voltige avec Purity Ring, A$ap Rocky, Schoolboy Q, AB-Soul et consorts – mais certainement l’un des plus fascinants.
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Tracklist:1. Side A [Old] 2:23
2. The Return (feat. Freddie Gibbs) 3:10
3. 25 Bucks (feat. Purity Ring) 3:31
4. Wonderbread 1:58
5. Gremlins 2:06
6. Dope Fiend Rental (feat. Schoolboy Q) 2:55
7. Torture (3:46)
8. Lonely 2:20
9. Clean Up 3:02
10. Red 2 Go 3:19
11. Side B [Dope Song] 2:37
12. Dubstep (feat. Scrufizzer) 2:16
13. Dip 3:32
14. Smokin & Drinkin 2:53
15. Break It (Go) 3:13
16. Handstand 2:55
17. Way Up Here (feat AB-Soul) 2:37
18. Kush Coma (feat. A$ap Rocky & Zelooperz) 4:41
19. Float On (feat. Charlie XCX) 3:31
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