Au vu du titre de mon post, vous devez vous dire que j'ai pété un câble, que j'ai fumé des champignons hallucinogènes ou je ne sais quoi.
Que nenni ! Hier j'ai décidé de me lancer un défi : aborder le sujet de l'adoption à travers le thème de la cueillette des morilles. Ambitieux non ? Débile ? Sûrement un peu...
Allez, je me lance, hums, hums (rien que ces mots en font frémir certains...)
Alors voilà. Il était une fois une Moushette, non mariée, au grand désespoir de sa mère et de sa tante indienne qui trouvaient qu'il était grand temps que je me case... Et Moushette venait de faire, depuis qqs mois, la rencontre d'un Mister Moush, et ils ne vivaient plus que d'amour et d'eau fraîche (d'où moins de bourrelets à l'époque, siiigh...).
Bref la Moushette il y a qqs années avait rencontré à plusieurs reprises sa future belle famille dans le Sud Ouest, et elle allait enfin franchir le cap décisif signe d'intégration et d'acceptation par sa belle famille : faire partie de la sacrosainte élite qui irait avec eux ramasser des morilles dans les Pyrénées. Et donc découvrir leurs coins secrets, car tout le monde le sait, c'est péché de divulguer ces secrets de famille à un étranger.
Je vous passe l'épisode de la tante de Mister Moush que j'ai rencontrée sur le tas en pique-nique dans les Pyrénées, qui m'appelle par le prénom de l'ex de Mister Moush, et qui répond en guise d'excuse "Mais Mister Moush tu n'as pas k nous ramener des nouvelles nanas à chaque fois !!!!" (et en plus des filles du nord de la Loire !).
Après cet hilarant mais pas drôle sur le moment incident, je me souviens comme d'hier du démarrage de la chasse aux M, chacun perdu dans ses pensées, les yeux rivés au sol, dans une main fébrile un couteau et dans l'autre une poche comme ils disent là-bas (un sac en plastique quoi !). Je me souviens de m'être dit : "Ma fille, si tu veux t'intégrer et bien te faire voir (et accessoirement te faire un prénom auprès de certaines), tas intérêt à en trouver plein de leurs morilles et montrer que tu vaux bien une fille du coin !"
Et je me sentais gaillarde de mes dons développés avec mes parents lors de chasses à la fraise aux bois, mures et myrtilles. Sans compter mon excellent talent pour trouver des trèfles de 4, 5 voir 6 feuilles dans un champ (vrai de vrai, j'ai le coup d'oeil pour ça, malheureusement en fricassé, les trèfles, c middle...).
Mais au fil des minutes, des heures et à l'approche du coucher de soleil, j'ai du me rendre compte de l'évidence. Comme dirait ma belle-mère : "je ne les vois que quand elles sont dans la poële", plus exactement je dirais que je ne les voyais que quand elles étaient dans l'assiette vu que j'en ai jamais cuisiné ! Impossible de les voir même quand qq'un me disait "mais regarde elles sont laaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaà !" Menfin ces mochetés de morilles, on doit bien l'avouer se camouflagent bien, et ressemblent à s'y méprendre à une pomme de pin déguisée en un caillou travesti en feuille morte. Alors comment voulez vous que je m'en sorte moi pour les trouver...
Malgré mon cuisant échec lors de cette première cueillette fructueuse pour les autres, ma belle famille ne m'a pas jeté, et a même accepté de me donner plusieurs chances, en vain, j'étais toujours aussi nulle. Alors pendant ces longues heures de promenade dans les bois les yeux rivés au sol, j'ai eu bien du temps à réfléchir à mes non-aptitudes. J'en suis arrivée à la conclusion qu'il fallait vraiment être du coin et être génétiquement programmé comme Mister Moush et sa soeur pour arriver à voir ces champignons fugaces, et cela me donnait une compensation à l'humiliation de mes cuisants échecs.
Puis arriva le 1er mai 2008. Dans toutes les maisons de bonnes familles de France,on offre du muguet, mais chez mes beau-parents, nous avions décidé à l'unanimité d'aller cueillir des morilles, beaucoup plus tendance que les clochettes qui se font braquer par des fusils à pompe.... Bref, nous partîmes tous vers les monts enneigés des Pyrénées, gamins y compris, dans le furtif espoir de ramener des sacs entiers de ces champignons furtifs... Après un pique-nique vite avalé au pied d'une rivière avec vue sur pics enneigés, nous nous sommes jetés à la recherche du saint Graal....
Le début fut soft. Ma belle soeur avait repéré qqs morilles avant le pique nique, elle est donc allée les ramasser avec les enfants. Mais avant cela, nous les adultes avons admiré, observé, et photographié les bêtes, histoire de se faire l'oeil pour la suite. Alors que nous étions tous en pleins doutes si oui ou non nous trouverions d'autres de ces précieux spongieux, vu que le temps semblait peu propice à l'érection des morilles, ma fille, oui la mienne,ma toute petite s'écria : "Làaaaaaaaaa, y en a uuuune !". Et ô stupeur, Scarlett pointait à nos pieds une magnifique morille, SA première morille, qu'aucun des 6 adultes avait vu... Qu'elle était fière, et que nous l'étions aussi !!! Cris d'admirations, bravos, photos, couteau et hop dans la poche !
Suite à ce mémorable moment, l'ambiance devint fébrile, oui il y avait espoir d'un bon butin, la chasse était ouverte, et sauvagement nous sommes tous mis en quête de notre butin !
Au bout de 45 minutes, je n'avais vaguement trouvé que 2 maigres morilles moches... Ma fille, elle avait tout compris , et au bout de 5 minutes de recherches, voyant que sa mère n'était pas un bon plan, elle s'est collée à sa Taty, qui est de toute évidence, est zeu fin limier à morilles de la famille ! Et de loin je la regardais s'accroupir, soulever avec précaution les buissons de buis, s'arrêter, regarder, repartir, avec toute la patience qu'il faut... Et cela portait ses fruits, j'entendais régulièrement des exclamations, des cris, des "encore"...
Et moi, ma poche ne portait que du vent... Mais bon, cela ne me dérangeait pas, nous étions une majorité d'adultes à tourner autour d'un débit de 3 morilles à l'heure... Alors je réfléchissais, méditais, pour compenser mes recherches infructueuses. Je regardais de loin ma fille se transformer en petite experte des morilles, en me disant qu'elle était bien une M (nom de famille de Mister Moush), et cela malgré l'absence de génétique pour la prédisposer au don pour la cueillette de champignons dans les Pyrénées... Quel étrange destin est celui de mes enfants qui auraient du manger du rice & dhal toute leur vie .... Quoi de plus français que la cueillette de champignons, quoi de plus familial, intime... La génétique ne fait rien, seul le social est l'amour régissent la vie...
Nous avons adopté nos enfants, et tout les jours ils adoptent, de plus en plus notre pays, notre culture, nos modes de vies, nos racines...
Morille par morille, jour par jour, la France coule de plus en plus dans leurs veines..