Nombreux sont ceux qui admirent Steve Jobs pour ses joujoux addictifs et bourrés de terres rares. Et bien moi, ma nouvelle marotte, c’est la cigarette électronique. Sa paternité reste encore incertaine et il ne sera sans doute jamais possible de la personnifier. Cependant, il y a dans ce tube qui clignote quand on l’allume quelque chose qui me fascine au plus haut point. Quelques années plus tôt, il m’arrivait souvent de rire aux éclats, quand on trouvait encore dans Paris Boom Boom des annonces pour cette nouvelle forme de tabagisme. Aujourd’hui elle m’a conquis. Je m’explique.
La e-cigarette est un cas d’école d’une innovation de rupture qui marche. Personne n’y croyait. Or maintenant, elle est partout. Et franchement, il fallait y aller pour oser se promener avec un engin pareil à ses débuts. Mais quand le gain d’usage est de taille, le consommateur ne se trompe pas. Plus pratique, plus économique, moins gênante pour l’entourage, autorisée en tout lieux : la e-cigarette a de nombreux avantages. Les industriels du tabac n’ont rien vu venir. Les magasins qui ont poussés comme des champignons en témoignent largement. Même la Commission Européenne, qui s’est récemment penchée sur ce cas, a prononcé un verdict sans appel : les vapoteurs resteront en vente libre. Le succès est fulgurant.
Mais le véritable argument massue qui fait de la cigarette électronique l’invention de la décennie réside dans son impact positif, et plus que significatif, sur la santé publique. Le Dr. Bertrand Dautzenberg, pneumologue à la Pitié-Salpêtrière et président de de l’Office français de prévention du tabagisme, expliquait il y a quelques jours dans le journal Le Monde [1] que le vapotage est entre 100 et 1000 fois moins nocif que le tabagisme classique. Et pour cause, la «e-vapeur» ne contient ni monoxyde de carbone, ni particules, ni de cancérogènes. Soit, il persiste des incertitudes à son égard, mais quand vous pouvez réduire les effets néfastes d’un coupe gorge comme le tabac de deux ou trois ordres de grandeurs, et bien vous obtenez une «killer app» qui a, et mérite, un succès planétaire.
Si vous me prenez pour un fou :
Et bien sachez que la e-cigarette a le potentiel de sauver plus de vie que pourrait en avoir le vaccin contre le sida. Avec plus de 6 millions de morts par an [2] , le tabac est bien plus meurtrier que le VIH et ses «tout juste» 1,8 millions de morts par an [3] . En fait, la cigarette électronique s’attaque à un des plus grands maux de la santé publique mondiale. Elle a la capacité d’apporter plus de bénéfices pour notre génération que beaucoup d’autres inventions des dix dernières années. Il n’y a aucun remède miracle pour arrêter le tabac mais en détourner les consommateurs est maintenant devenu possible.
Si vous êtes en parfait accord avec moi :
Et bien, vous ne devriez pas croire le premier charlatan qui vous promet la lune. La cigarette électronique a des bénéfices certains qui en font une invention aux vrais vertus pour la santé publique. Mais comme toutes les bonnes choses, il faut les encadrer. Là où la e-cigarette constitue un changement positif pour un fumeur, il n’en est absolument pas le cas un pour un non-fumeur. Son attractivité auprès des jeunes doit absolument être combattue et contrôlée. Les usages détournés pour l’administration de stupéfiants sont un autre danger de taille. Tout n’est donc pas rose. Si l’engouement doit être encouragé, il doit aussi, à tout prix, être accompagné de restrictions et de mesures adaptées.
- http://www.lemonde.fr/sante/article/2013/10/07/e-cigarette-il-n-y-a-aucun-remede-miracle-pour-arreter-le-tabac_3491453_1651302.html
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Source OMS, http://www.who.int/mediacentre/factsheets/fs339/fr/
- Source OMS, http://www.who.int/mediacentre/factsheets/fs360/fr/index.html