Clap, clap, clap.
[sondage] "Fasciste"
Un sondage, un de trop, un de plus. Un qui place le Front national "en tête". En tête de quoi ? En tête du scrutin d'après, celui des élections européennes de mai prochain. Avant, nous aurons les élections municipales. Mais les sondeurs ont besoin de sauter les étapes. L'odeur du sang peut-être.
Ce sondage, donc, Ifop-Nouvel Obs, promet 24% à une liste FN conduite par Marine Le Pen. Une autre façon de lire la chose serait donc de constater que sans enjeux locaux, sur l'un des thèmes les plus porteurs pour l'extrême droite, le FN rassemble donc 76% des intentions de vote des sondés contre lui. Un vrai raz-de-marée... Nulle envie dans ces colonnes de sous-estimer le danger, bien au contraire. Mais il faudra répéter que la force du FN est la faiblesse des autres partis. Cette photographie sondagière livrait d'autres "résultats": l'effondrement des écologistes (6%), l'atonie du Front de gauche (10%), le recul du PS (19%), la percée de l'UDI (11%), l'affaissement de l'UMP (22%).
[ambitieux] Opportuniste
Laurent Wauquiez suit sa voie, aux frontières du centre et de l'extrême droite. Cela pourrait paraître incohérent, pour celles et ceux qui s'imaginent des clivages plus clairs. Et pourtant... Ce mercredi 9 octobre, Laurent Wauquiez remettait une pièce dans le "juke-box" du feuilleton Rom. Depuis bientôt une semaine, le drame de Lampedusa, 300 clandestins noyés au large de cette île italienne, marquait pourtant encore les esprits. Mais Wauquiez avait besoin de "recentrer" le débat national sur l'un de ses sujets préférs, les Roms. Triste sire.
Il "jouait" à Sarkozy, ce candidat de 2007 qui citait Jaurès mais promettait un ministère de l'identité nationale. Cette "triangulation" politique, mélange artificiel des genres, pour capter quelques voix "de l'autre côté", a fait son temps. Elle ne fait qu'ajouter à cette terrifiante confusion des valeurs et dégoût d'une certaine politique.
Laurent Wauquiez souhaite une révision des accords de Schenghen pour lutter contre la circulation des Roms en Europe.
Il y avait de l'arrière pensée. Le même jour, François Fillon (re)déclarait sa guerre à Nicolas Sarkozy par quelques petites phrases assassines.
A l'UMP, "entre eux", tout est possible.
[député] Machiste
Un député apparenté UMP, élu du Morbihan, a cru drôle et bon de "caqueter" dans l'hémicycle quand une élue écologiste, Véronique Massonneau, s'exprimait sur la réforme des retraites à l'examen depuis ce 7 octobre.
Ce député n'était pas seul, comme en témoigne le compte-rendu officiel des débats.
M. le président. La parole est à Mme Véronique Massonneau, pour soutenir l’amendement no 3015.L'un des ces députés s'excusa le lendemain, mercredi 9, mais il fut sanctionné de quelque 1300 euros d'amende. En l'occurrence, un quart de son indemnité parlementaire.
Mme Véronique Massonneau. Cet amendement vise à supprimer l’article 2…
Plusieurs députés du groupe UMP. Encore !
Mme Véronique Massonneau. …– mais pas pour les mêmes raisons, vous allez voir – et son dispositif d’allongement de la durée de cotisation. Les écologistes sont opposés à une augmentation de la durée du travail et prônent une véritable réflexion autour de la problématique du partage du temps de travail. (Interruptions sur les bancs du groupe UMP.) De plus, la mise en place d’un allongement de la durée de cotisation doit prendre en compte plusieurs critères. Si l’accroissement de l’espérance de vie est une chance pour la France, je ne le nie pas, il est nécessaire d’aller au-delà de ce critère pour tenir compte notamment de l’espérance de vie en bonne santé.
Plusieurs députés du groupe UMP. Cot, cot, cot codec !
Mme Véronique Massonneau. Arrêtez ! Cela suffit ! Faut-il que je ne sois considérée que comme une poule ?
M. le président. De tels comportements sont franchement incroyables, mes chers collègues !
Mme Véronique Massonneau. La durée moyenne de cotisation est de trente-cinq ans pour les femmes et de trente-sept ans pour les hommes en dépit des dernières réformes touchant à l’allongement de la durée de cotisation et au report de l’âge légal. Comment cette mesure ne pourrait-elle pas toucher davantage les seniors et les femmes en particulier ? Souhaitons-nous vraiment baisser le niveau des pensions, car telle est bien la conséquence de cette mesure ?
Quelque 59 % des retraités étaient actifs au moment de liquider leur retraite. Quelle sera la conséquence pour les autres ? L’UNEDIC a évalué à 440 millions d’euros le coût des dernières réformes qui auraient eu pour conséquence 30 000 chômeurs supplémentaires en année pleine. L’étude d’impact n’a pas mesuré les conséquences de cet allongement sur le chômage des seniors ni sur celui des jeunes. (Mêmes interruptions sur les bancs du groupe UMP.)
Mme Catherine Coutelle. Ce comportement est honteux, scandaleux !
M. Patrice Carvalho. Ils sont alcoolisés !
M. Michel Issindou, rapporteur. Complètement avinés !
M. le président. Finissez, je vous prie, madame Massonneau.
Mme Véronique Massonneau. Les projections retenues pour la mise en place de ces dispositifs me semblent en outre quelque peu optimistes. Pour toutes ces raisons, les écologistes sont défavorables à cette mesure et nous demandons sa suppression. (Applaudissements sur les bancs des groupes écologiste et SRC.)
M. le président. Mes chers collègues, laissez-moi vous dire, avant que nous ne poursuivions nos travaux, que je ne veux pas que l’hémicycle se transforme en cours de récréation. Certaines attitudes sont inacceptables. C’est pourquoi je vous propose une minute de suspension afin que chacun puisse retrouver son calme.
Cette anecdote, qui n'en est pas une, est illustrative d'un sale climat: une forme de "décomplexion" politiquement salace, un mépris de l'éthique, et, du côté de nos médias préférés, un joli sursaut: le sujet était une vraie et belle diversion.
Car il y avait plus sérieux, cette loi même qu'il fallait commenter. Cette députée écologiste posait une bonne question quand elle fut interrompu par son homologue macho: la réforme des retraites fait mine d'ignorer que si l'espérance de vie progresse, l'espérance de vie en bonne santé ne progresse quasiment pas.
Mais ce sujet-là intéressait peu.
Finalement, l’allongement de la durée de cotisation dans le projet de loi sur la réforme des retraites a été (tristement) adopté. Huit députés socialistes ont voté contre. L'un d'entre s'explique, tranquillement: "on ne peut pas faire croire que les gens réussiront à cotiser 43 ans pour avoir une retraite à taux plein".
C'était le vrai sujet.