L’énergie, le climat et le cynisme des écologistes

Publié le 10 octobre 2013 par H16

Tiens, on découvre au détour d’une petite nouvelle économique que la Chine est maintenant le premier importateur mondial de pétrole. C’est abominable : d’une part, cela veut dire qu’il va y avoir encore plus de CO2 relâché dans l’atmosphère, et d’autre part, cela veut dire que des centaines de millions de gens échapperont à un sort funeste. Or, rappelons-le : le but des écolos, notamment français, est bien de lutter contre le CO2 et le bien-être des gens.

Oh, tiens, je vois déjà quelques lecteurs bondir et quelques bobos cyclistes éco-conscients hurler à la provocation gratuite. Il est vrai que dire, d’emblée, en introduction, sans prévenir et sans ceinture de sécurité que le but des écolos est de lutter contre le CO2 et le bien-être des gens, c’est un peu violent. Mais voilà : ce n’est pas exagéré.

Entendons-nous bien : quand je parle d’écolos, ici, je parle bien sûr de la race douteuse que nous cultivons actuellement à grands renforts de subventions et que nous avons même empotés et rempotés au gouvernement avec la bouture Batho (qui n’a pas tenu) et la pousse Duflot, déjà un peu trop vigoureuse. Et force est de constater qu’à l’instar de ces spécimens, l’écologie politique, en France et très majoritairement dans le reste du monde, se traduit très généralement par une lutte acharnée contre le CO2, par un alarmisme sur le climat (maintenant comique avec le recul dont on dispose, tant sur les modèles que sur les contorsions de leur prose), et par une volonté agaçante et obstinée de décroissance.

Cette décroissance est recherchée pour deux raisons.

D’une part, parce que, dans l’iconographie écologiste, nous sommes déjà trop nombreux pour notre pauvre petite planète ; pensez-donc, si nous vivions tous comme des Américains, il faudrait 8000 Terres (à peu près) pour survivre alors qu’en vivant consciencieusement comme un Somalien, ça passera tout juste. Bon, évidemment, c’est n’importe quoi, mais ce n’est pas le sujet ici.

D’autre part, lorsque les gens ont bien décru comme il faut, ils ne consomment plus d’énergies fossiles cracra ce qui leur évite plein de soucis de pollution et de réchauffement climatique. Parce que tout le monde sait que la pollution humaine est ce qu’il y a de pire, et tout le monde sait que le CO2 est un polluant, et tout le monde sait que ce CO2 réchauffe l’atmosphère, et tout le monde sait que cette chaleur provoque des cataclysmes comme les eaux qui montent (sauf autour des îles), les ouragans, les tremblements de terre et l’impuissance masculine. Mais si. Tout le monde le sait. Et c’est le GIEC qui le dit.

Et d’ailleurs, tout ceci se tient et peut se résumer à quelques jolis graphiques (courtesy of Alex Epstein) : regardez (ci-dessous), plus il y a de gens, plus on lâche du CO2 !

Et puis c’est tellement vrai, c’est tellement évident qu’à mesure que ce CO2 monte, le PIB par tête de pipe augmente lui aussi !

… J’en vois quelques uns qui froncent des sourcils.

Bande de sceptiques, va ! Climato-négationnistes de peu de foi ! Oui, bien sûr, il est difficile d’attribuer 100% de l’augmentation de CO2 dans notre atmosphère à l’activité humaine (l’augmentation visible sur ces graphiques est bien celle d’origine humaine, puisque c’est l’extrapolation de CO2 rejeté en fonction de la consommation de charbon et de pétrole, en gros). Bien sûr, on peut tout autant affirmer que le CO2 augmente parce que le PIB augmente que le contraire (le PIB pourrait aussi augmenter parce que le CO2 augmente, par exemple parce que la Terre deviendrait plus verte). Bien sûr, corrélation n’est pas causalité et l’ordre des phénomènes n’est pas établi avec certitude.

Mais croyez-vous que ce soit important ?

En effet, ne perdez pas de vue le point essentiel : tout ce méchant CO2 dans l’atmosphère, c’est, forcément, du réchauffement en plus, donc des catastrophes climatiques supplémentaires et, inévitablement, plus de gens qui meurent dans ces catastrophes, enfin, voyons. Et comme la population n’arrête pas de grossir, c’est, obligatoirement, de plus en plus de morts !

C’est évident !

D’ailleurs, c’est absolument visible sur le graphique suivant qui montre à la fois le nombre de morts provoqués par des événements climatiques et la quantité de CO2 relâché par l’humanité dans l’atmosphère. C’est frappant : plus il y a de CO2, plus il y a de gens qui meurent :

Ah tiens.

Non.

Voilà qui est gênant.

Tout ne se passe pas comme prévu. On dirait que plus nous utilisons d’énergie, plus nous brûlons de pétrole, plus nous laissons les multinationales pétrolières nous revendre leur terrible came, plus nous forniquons avec le diable, … moins nous mourrons dans des catastrophes climatiques, moins nous sommes à la merci des terribles colères de la Nature. Et on ne peut pas mettre ça sur le dos d’une baisse de la population. On ne peut pas mettre ça sur la baisse des catastrophes climatiques puisqu’enfin, tout le monde sait que ces catastrophes sont plus nombreuses, voyons (même que Foucart & Huet le disent dans Le Maônde et Labération, alors, forcément …).

Alors, comment peut-on expliquer que, d’un côté, on augmente méchamment le CO2 atmosphérique, que c’est censé nous augmenter nos cataclysmes climatiques abominables, et de que l’autre, on constate de moins en moins de morts ?

Peut-être les infrastructures en meilleur état, plus solides, expliquent-elles cette moindre létalité des phénomènes climatiques ? Peut-être la présence de chauffage plus aisément disponible permet-elle d’éviter des milliers de morts de froid ? Peut-être la climatisation évite-t-elle un gros paquet de morts précoces ? Peut-être est-il plus facile d’aller aider les victimes de cataclysmes lorsqu’on dispose de véhicules qui crament pour ce faire du méchant pétrole ? Peut-être d’ailleurs les hôpitaux, les médicaments, et tout le reste de l’activité humaine, utilisant de plus en plus d’énergie, et brûlant donc de plus en plus de ces vilaines énergies carbonées non renouvelables, permettent-ils de sauver tous les jours plus de vie et de mettre une part grandissante de l’humanité hors du danger que représentent, justement, ces phénomènes climatiques ?

Peut-être l’utilisation de carburants fossiles, loin d’accroître le danger de mourir par le fait du climat, fait-elle reculer cette menace de façon énorme ?

En tout cas, à voir ces graphiques, les écolos, en luttant contre la dépense énergétique, luttent directement contre le bien-être des gens. Ce faisant, ils luttent contre la protection climatique que cette énergie permet pourtant. Inévitablement, cette lutte contre la dépense énergétique risque bel et bien de provoquer une augmentation du nombre de morts par le fait du climat…

Assez cynique, ne trouvez vous pas ?