Né le 10 octobre 1913 à Tananarive, à Madagascar, Claude Simon, orphelin de père dès août 1914 (victime à Verdun), fut également orphelin de mère à l'âge de 10 ans.
Il passa son enfance à Perpignan, puis à Paris. Il fit son service militaire de 1934 à 1935 à Lunéville puis commença à faire des voyages, en Espagne (chez les républicains) puis en Allemagne, en
Pologne et en Union Soviétique. Mobilisé en 1939, il est fait prisonnier par les Allemands puis réussit à s'évader et s'engagea dans la Résistance. Il publia vingt-sept ouvrages, essentiellement
des romans, après la guerre, obtenant quelques récompenses comme le prix Médicis pour "Histoire" (1967). Peu promue par la presse, l'œuvre de Claude Simon fut réellement consacrée lors de
l'attribution de son prix Nobel de Littérature en 1985 voulant honorer sa modernité littéraire, et celui qui « combine la créativité du poète et du peintre avec une conscience profonde du
temps dans la représentation de la condition humaine ».
Lors de sa remise du Nobel, Claude Simon utilisa l'expression "vieille Europe" reprise en 2003 à l'ONU par Dominique de Villepin : « Je suis maintenant un vieil
homme, et, comme beaucoup d'habitants de notre vieille Europe, la première partie de ma vie a été assez mouvementée : j'ai été témoin d'une révolution, j'ai fait la guerre dans des conditions
particulièrement meurtrières (j'appartenais à l'un de ces régiments que les états-majors sacrifient froidement à l'avance et dont, en huit jours, il n'est pratiquement rien resté), j'ai été fait
prisonnier, j'ai connu la faim, le travail physique jusqu'à l'épuisement, je me suis évadé, j'ai été gravement malade, plusieurs fois au bord de la mort, violente ou naturelle, j'ai côtoyé les
gens les plus divers, aussi bien des prêtres que des incendiaires d'églises, de paisibles bourgeois que des anarchistes, des philosophes que des illettrés, j'ai partagé mon pain avec des truands,
enfin j'ai voyagé un peu partout dans le monde ...et cependant, je n'ai jamais encore, à 72 ans, découvert aucun sens à tout cela, si ce n'est comme l'a dit, je crois, Barthes après Shakespeare,
que "si le monde signifie quelque chose, c'est qu'il ne signifie rien", sauf qu'il est. ». Le "vieil homme" survécut une vingtaine d'années encore à son Nobel et s'est éteint à 91 ans le 16
juillet 2005 à Paris.
SR