Fade to grey

TrentemØller - The Dream (feat. Low)

Dans une plaine forcément désolée, notre sujet du jour rumine. Il a perdu sa boite, celle dans laquelle il rangeait plein de petits papiers. Il aurait juré pourtant l’avoir posée là. S’était-il assoupi, épuisé par la marche ? En tous les cas plus de boîte. Et sans elle plus de marche.

Du gris, du gris partout. C’est étonnant le gris. Dans le ciel, avec des pointes de blanc. Sur l’eau en reflet. Notre sujet du jour aime le gris, toute la palette. Et c’est ce qu’il regarde : le gris du ciel, désespéré d’avoir perdu sa boite. Le gris de la poussière dans ses paumes. Le gris des toits qui ressemble d’ailleurs à celui de sa boite. Il se souvient l’avoir ouverte il n’y a pas si longtemps. Pour en extraire un petit papier. Et ça lui faisait plaisir ce rituel : le déplier, lire le mot dessus. Qu’il répétait à l’envi. Un jour il avait osé l’ouvrir devant quelqu’un. Il lui avait lu plein de mots, avait déplié ses papiers comme jamais. Il se souvient que c’était parfait, mais les mots il ne s’en souvient plus. Voilà pourquoi il voudrait retrouver sa boite. Parce que c’est elle qui dit comment est le gris aujourd’hui.

Un jour on lui a dit que ce n’était pas une couleur. Plutôt une variation. Ou du moins une hésitation entre le noir et le blanc. Il s’en fichait pas mal : avec sa boite il pouvait y ajouter des mots. Une nuance. Au contraire ça lui plaisait bien cette idée, ce neutre qui n’attend qu’un mot pour pencher, vers le bleu ou le rouge. Maintenant notre sujet du jour était triste : le gris reste désespérément gris. Il faut retrouver la boite.

Du fond de la plaine, une musique. The Dream. Au fond de son barda, une bosse. Sa boite. Il hésite quelques secondes avant de l’ouvrir. Avant de peindre à nouveau, gris de Payne. Cette voix anthracite,  ce gris tourterelle. Il retrouve l’acier du gris, le temps d’une chanson. Puis reprend sa marche.