Au Montparnasse, l’œuvre du norvégien Henrik Ibsen n’emporte pas vraiment le spectateur dans un “flot“ d’émotions (promettons d’arrêter là les comparaisons maritimes…) en raison d’une mise en scène plate, scolaire, sans inspiration, et d’une interprétation a minima de Jacques Weber et Anne Brochet. Reste un texte que nous réentendîmes avec un certain plaisir, dans une adaptation nouvelle de l’infatigable Eric-Emmanuel Schmitt, mais dont la simple lecture nous aurait probablement tout autant comblés...
“La Dame de la Mer“ c’est Ellida, seconde épouse de Wangel, incapable de se réaliser et de s’épanouir dans un mariage dont elle se sent prisonnière, hantée par une passion passée vécue aux côtés d’un marin qu’elle croyait mort et qu’elle voit ressurgir. Pour trouver le bonheur Ellida devra choisir. Wangel la laissera libre. Rester aux côtés d’un mari aimant et apprendre à l’aimer, ou rejoindre celui qui la réclame du fond des océans.
Cette superbe pièce qui tend vers le fantastique, l’onirique, évoque avec force et finesse l’amour, le couple, la liberté, et aussi la place de la femme dans la société d’autrefois. Le travail de Jean-Romain Vesperini nous donne hélas à voir quelque chose de bien terre à terre et pas très heureux visuellement parlant. Aucune image forte ne se détache de cette mise en place gauche et poussive dans laquelle les comédiens ne font pas vraiment d’étincelle. Tout cela manque d’ampleur, d’emphase, de mystère.
S’il en impose habituellement sans effort dès son entrée en scène, le brillant Jacques Weber (Wangel) peine ici à trouver le souffle de son personnage, semble bien peu touché par les tourments de sa femme et assure proprement mais sans grande conviction le minimum syndical. Anne Brochet (Ellida) arbore pour sa part 90 minutes durant la même expression. Une linéarité lassante appauvrissant au passage une partition complexe… Quant au reste de la distribution, visiblement aussi mal dirigé, il oscille entre le limite juste et le carrément faux…
Dispensable, donc.
Photo : Lot