L'Agence
de la santé et des services sociaux de Montréal a envoyé une
directive aux hôpitaux, les sommant de retirer les aînés des
hôpitaux en moins de huit jours et de leur offrir des soins à
domicile. L'Agence imposera des amendes de 900$ par jour par lit aux
hôpitaux récalcitrants.
C'est le parfait exemple d'une solution
bureaucratique qui n'a aucun sens, mais qui pullule dans le
merveilleux monde des monopoles publics.
J'imagine le processus de décision :
Lundi matin, suite aux pressions du ministre, le D. G. convoque une
rencontre pour résoudre le problème des lits d'hôpitaux occupés
par des personnes âgées en attente d'une place en hébergement.
DG : dans mon dernier rapport sur
le nombre de lits d'hôpitaux disponibles, je note qu'il y en a 189
occupés par des personnes âgées. Ça n'a aucun sens, les lits
d'hôpitaux doivent être disponibles pour les patients hospitalisés.
Un hôpital ce n'est pas un CHSLD.
Bureaucrate # 1 : malheureusement
il n'y a plus de place d'hébergement disponible où les transférer.
On ne peut quand même pas les jeter à la rue.
DG : vous n'êtes pas payé pour
m'apporter des problèmes, mais des solutions.
Bureaucrate 2 : Pourquoi ne pas
les retourner chez eux. Ça deviendra le problème des CLSC qui
devront leur fournir des services à domicile.
Bureaucrate 1 : je doute que les
CLSC soient en mesure de prendre la relève.
Bureaucrate 2 : dans ce cas les
familles devront s'en occuper.
DG : excellente idée bureaucrate
2, ce n'est quand même pas au système de santé de remplacer les
familles auprès de personnes âgées.
Bureaucrate 1 : mais certains
n'ont même pas de famille.
DG : tant mieux, personne ne
viendra se plaindre. (petits ricanements)
Évidemment c'est caricatural. Il y a
eu plusieurs rencontres impliquant des dizaines de bureaucrates, mais
le résultat est le même. Pour le D. G., le problème est réglé.
Pour les aînés et leurs familles, les problèmes commencent.