Ce soir, j'ai traversé Paris, une soirée d'octobre automnale, étonnament calme dans ce quartier résidentiel et chic. Sont-ils tous enfermés dans leurs paranoïa de sécurité, ou simplement confits dans la flux de la télévision sans cerveau actif ?
Je dépose mon vélo devant ce restaurant, plutôt une cantine, un lieu commun, parisien certes mais avec des accents du sud, du nord, de l'ouest et d'ailleurs probablement. Une serveuse venant de Lille, avec son sourire incroyable, comme un soleil dans la nuit, elle me dépose la carte et une bise, je suis un fidèle du lieu. Un choix entre un tartare de veau aux épices thaïs, un hamburger au foie gras et morilles, ou encore une salade, je jette un oeil dans les assiettes de mes voisins, des couples, de tous âges. Je commande finalement une salade thaïe, des crevettes qui iront bien avec cette température au-dessus de vingt degrés, qi m'a fait choisir la terrasse.
Je me sens bien ici, un bière fraiche, un coucou à d'autres tables, d'uatres connaissances, je prends ma pile de livres, elle ne me quitte jamais surtout en cette période de prix littéraires. Simplement des mots, justement des mots. Je les adore, ce quartier derrière Luxembourg est le refuge des maison d'édition mais aussi des propriétaires de boutiques avec de vieux ouvrages. Là encore quand je viens en journée, je flâne, je choisis des petits bonheurs pour ma bibloithèque, des auteurs connus mais aussi parfois des perles perdues dans les décennies, des extravagntes écrivaines du passé. Et puis lire ces livres sur un canapé en cuir, avec le cuir dans la main de leur reliure, le relais passe, un courant de tradition et de sensations.
Un petite gorgée de bière, quelques mots encore, je griffonne des notes sur un papier de mon bloc, je suis critique dans un journal, éditorialiste dans un autre, je me complais de mon quasi anonymat car je suis amoureux des mots. Je lis Christine Orban, une plume pas forcément spectaculaire, ais livre après livre, elle donne de sa personne, de sa vie, de sa féminité, de son regard blessé sur son parcours. Elle est aussi belle en mot que dans les robes en dentelles noires, ou ses escarpins vertigineux qui l'accompagnent aux soirées entre éditeurs.
Je croque la première crevette avec mes dents, avec le suc du premier plaisir gustatif, celui des épices, d'un souvenir soudain d'un plat similaire sur une plage de Corse, mon pays.
Je croque des yeux, les jambes de ma voisine, belles, avec des chevilles fines, des escarpins léopard, des talons justement hauts, une robe avec des trous, un tout si féminins. Etrange couple, qui se vouvoie, et semble totalement en harmonie. Une bulle autour d'eux, étrangement un livre sur leur table, je me penche discrètement. Un missel, drôle de lecture, mais un ouvrage enveloppé de cuir.
J'aime ce lieu, car il y a des couples, des modes, des femmes élégantes, sûrement des hommes galants, des belles phrases échangées, des plats succulents, une douceur de vivre. Si rare aujourd'hui. Je finis un de mes livres, j'annote, je regarde le restaurant se vider, suivant du regard les belles silhouettes des femmes.
Espérons que l'automne sera encore doux, pour ajouter encore des mots sur la légèreté de le vie.
Nylonement