Plus un seul chroniqueur politique n’hésite : la campagne pour 2017 est véritablement lancée à droite. En fait, c’est devenu un état quasi permanent, depuis que certains y pensent tous les matin en se rasant. Il n’y a plus guère de périodes qui échappent à l’agitation, avec en toile de fond, les échéances électorales majeures. C’est d’ailleurs l’unique sujet où le monde politique fait preuve de sa capacité à développer une vue à long terme. La gestion du pays et les questions économiques et sociales n’ont pas droit à ce traitement.
Cet état de chose est un rien pénible car il pollue totalement le débat. L’intérêt général tant invoqué, vanté, glorifié comme moteur de l’action politique est tout bonnement relégué loin, très loin derrière les égos et les ambitions personnelles démesurées. Ce n’est guère une surprise. Le vrai changement, c’est que les protagonistes ne s’en cachent même plus. En l’occurrence, en rajoutant une couche sur son ancien maître, François Fillon ne fait que suivre la méthode du Lider Minimo qui prônait, dès la prise de la place Beauvau en 2002, le besoin de rupture avec la politique mené par sa propre famille politique. Brûler ses idoles est une mode qui ne passera pas de sitôt.
Dans ce contexte de guerre fratricide à la tête de l’UMP, le gouvernement ne profite guère de ce désordre. L’héritage laissé est lourd pour François Hollande, et de la difficulté à réaliser le changement attendu par le peuple de gauche naît une incompréhension, voire une hostilité dont le Front National fait son miel, lui aussi en silence. A mon sens, l’adhésion grandissante au FN dans le pays relève plus de l’approche «décomplexée» répétée de quelques sujets chauds de notre société. En conférant à ses thèses une image plutôt respectable, notamment lors des multiples tentatives de siphonnage, l’état d’esprit d’un partie de la population a évolué par l’altération, voire la chute des barrières naturelles et de valeurs humanistes. Certaines discussions, entendues ça et là, d’un racisme glaçant, étaient impensables, il y a 10 ans… La déception n’excuse pas tout.
Sarkozy le sait et l’exprime tout les jours dans un rictus nerveux. Il est le grand responsable de cette dislocation, en plus d’avoir mis le pays par terre, vidé le coffre, fait voter des lois sur mesure pour protéger ses amis mafieux, monté la population l’une contre l’autre, allant jusqu’à criminaliser les plus démunis et ceux qui leur viennent en aide. Les étrangers n’ont qu’à crever en mer, et Mamie Zinzin de donner sans broncher son pognon. Et François Fillon, avec son ton condescendant coutumier, y a sa part. Le bras d’honneur, doublé du doigt, auront été permanent durant son ministère.
Pensez-y bien avant de glisser un bulletin de vote UMP ou FN dans l’enveloppe si la tentation vous prenait. Bien sûr, la gauche est décevante, mais est-ce vraiment suffisant pour laisser le manche à la maquerelle brunâtre ou au nouveau calife qui veut être calife à la place du calife ?
Rappelez-vous un seul instant d’où l’on vient.