La photo de couverture de la page Facebook de Cécile Bourgeon la montre dans une forêt avec ses deux filles. © Capture d'écran
L’affaire du décès de Fiona bouleverse la France depuis bientôt 6 mois. Les détails de l’enquête que les médias ont relayés massivement sur la disparition effective de la fillette depuis le dimanche 12 mai, laisse place aujourd’hui à quelques interrogations légitimes.
Placée en détention provisoire à la prison de Lyon-Corbas, Cécile Bougeon est arrivée hier en début d’après-midi au palais de justice de Clermont-Ferrand, pour y être entendu sur les circonstances du décès de sa fille Fiona. Beaucoup de questions restent en suspens alors que les recherches du corps de la fillette de 5 ans ont été interrompues dans l’attente de nouveaux éléments.
Rappel : Il était de notoriété publique locale que Cécile Bourgeon et Berkane Maklouf, couple "recomposé", cultivait gravement l’alcoolisme et la prise d’’héroïne, vivant dans la crasse et l’isolement mental. Maklouf qui battait sa concubine, décrit par son entourage comme tyrannique et possessif, avait "une forte emprise sur sa compagne, elle n'avait plus son libre arbitre (…) elle était devenue sa chose" déclarait l'avocat de la jeune femme. Déjà connu des services sociaux, le couple suivait un traitement de substitution au Subutex (traitement qui supprime le manque survenu lors de la privation de drogue). Comment comprendre que le département de Protection Maternelle et Infantile de la région, prévenu de la situation, n’est pas eu l'obligation de suivre les enfants et définir les risques de maltraitances. Mieux, pourquoi ces mêmes services n’ont-ils pas décidé d'un suivi social à domicile, d'un placement en institution ou en famille d'accueil, prévus selon l’Article 375 de la protection de l'enfance ?Aujourd’hui, l’hypothèse de l’existence de maltraitances répétées sur les fillettes est désormais avérée. En effet, le père de Cécile Bourgeon a déposé plainte auprès de la gendarmerie, après avoir constaté, avec son épouse, la présence de traces de coups sur la tête d’Eva, la sœur de Fiona. "Il y avait des hématomes sur le cuir chevelu et au niveau d’une oreille", confirme une source proche du dossier.
Après des heures douloureusement passées à obtenir les aveux du décès de la fillette, après des recherches momentanément infructueuses menées en Auvergne pour retrouver le corps, une autre réalité s’impose. Selon le procureur de la République, la mère de Fiona encourrait 5 ans de prison. Une décision qui ne manque pas d’étonner certains : 2 ans et demi, voire 3 ans de détention avec remises de peine équivaudraient à une libération quasi-immédiate au procès, si l’on apprécie le temps qu’il faudra pour que l’affaire soit jugée (la détention provisoire compte dans la peine). Et comme la peine plancher devrait être inférieur ou égal à celle défini par la future loi Taubira, la possibilité d’une "peine de probation" à la place de l’incarcération n’est pas exclue.L’affaire Fiona devient donc une affaire d’Etat. Elle cible non seulement les lacunes de certains services sociaux, mais aussi et surtout le fonctionnement de la justice et ses lois en préparation. Le projet de réforme pénale examiné ce matin au conseil des ministres, prévoit la création de la dite peine pour les délits sanctionnés de cinq ans d’emprisonnement. Cécile Bourgeon, actuellement mise en examen, ne devrait plus ou peu être inquiétée par la justice dans les mois à venir. Berkane Maklouf, quant à lui, risque trente ans de prison pour coups mortels aggravés.F/G