09 octobre 2013
Il m'est arrivé un truc étrange hier après-midi.
J'avais pris un rendez-vous pour ma mammographie/échographie annuelle de contrôle. Un grand cabinet de radiologie parisien, on y travaille à la chaîne. Toutes sortes de femmes : des jeunes, des grosses, des minces, des élégantes, des mal attiffées ... Avec toutes dans le regard cette expression d'angoisse sourde ... A propos, pas besoin d'ordonnance : seule la Carte vitale est requise et un chèquier car l'examen est relativement onéreux, sauf si on "bénéficie" du 100% et qu'on a une bonne mutuelle ...
L'examen se déroule en trois temps avec chaque fois retour à la salle d'attente. Pas un bavardage, chaque femme vit dans son isolement. Et attend le verdict. Quand le radiologue vient vous chercher pour la seconde partie de l'examen, il a généralement le sourire et prononce tout doucement ces jolis mots : tout va bien .... La tension retombe. Mais parfois, c'est autre chose. On sait au moins que si l'investigation est précoce, le pronostic est à 90% favorable. Mais quelle suite d'emm....dements, de souffrances, de bouleversements privés et professionnels.
Je me souviens distinctement du moment précis où l'on m'a annoncé qu'il "y avait quelque chose de sérieux" et qu'il fallait consulter assez vite ... Mon retour à la maison (chaque fois que j'enfile ma veste en shetland bleu clair, j'y repense ...) et le si pénible devoir de l'annoncer à mon tour à Claude. C'était en 2001 : moi aussi j'ai eu mon attaque du WTC.
Et hier, le plus étrange était que j'ai quasiment remonté le moral à ma radiologue. Cela fait plusieurs années que je passe entre ses mains, mais elle avait cette fois envie de parler. De me dire son angoisse, qu'elle allait subir une épreuve d'effort, car elle ressentait une douleur dans la poitrine, qu'elle travaillait trop, sans relâche, qu'elle était fatiguée - il est sans doute très dûr moralement d'apprendre à une femme qu'elle est atteinte d'un cancer, que tout le monde avait le moral dans les chaussettes .... Alors, je lui ai raconté mes aventures : tuberculose à 21 ans, cancer du sein causé par les rayons à 55 puis infarctus sans doute provoqué (avec d'autres facteurs de risque) par la radiothérapie ... je lui ai fait remarquer qu'avec l'âge, le sein qui avait été reconstitué par la chirurgie réparatrice se tenait beaucoup mieux que son voisin, nous avons fini par en rire, car sans la médecine, je serais sans doute morte et enterrée depuis 1968 !
Alors, faites comme moi : soignez vos médecins surmenés, aller vite vous faire palper et radiographier les seins (en 3 D maintenant), contribuez à la recherche contre le cancer et soulagez votre angoisse !