L’extrême droite des confusions

Publié le 09 octobre 2013 par Charlesf

Ce n’est pas tant l’« impopularité » de l’actuel gouvernement (ce serait peu dire) que les traces du décervelage conçu et organisé pour vendre du temps de cerveau disponible qui creuse le lit du FN. Et ce d’autant plus facilement que les termes « gauche » et/ou « socialiste » ont été vidés de leurs sens et de leurs vertus par un pouvoir qui oscille entre traîtrise et collaboration.
Vu sous cet angle, mais comment regarder la réalité autrement, les résultats du FN constituent un symptôme inquiétant mais logique qui ne contredit rien de ce que F. Lordon pouvait écrire il y a peu :
« (…) Le terrain de l’imposture intellectuelle ainsi grand ouvert, le FN s’avance gaiement, sans le moindre complexe ni la moindre vergogne, se goinfrant de thèmes de gauche pour mieux semer une réjouissante confusion, mais affinant également son art de couler ses obsessions xénophobes de toujours dans une critique du néolibéralisme de fraîche date.(…) »

On pourra toujours relativiser et "partir en guerre" le temps d'une campagne électorale contre le symptôme, le mal est fait depuis trop longtemps pour que l'on puisse, dans l'immédiat, espérer en atténuer les effets. Les fronts républicains, emplâtres nécessaires placées en urgence sur des jambes de bois, n'y pourront rien changer.


George Grosz, Pfosten der Gesellschaft, 1926.

L’extrême droite sur tous les fronts

L’excellent résultat (40,4 %) du candidat du Front national lors de l’élection cantonale de Brignoles (Var) alerte sur l’influence croissante de l’extrême droite en France, en même temps qu’il signale l’impopularité abyssale du gouvernement socialiste. Dans une région coutumière du fait, un an après l’élection de François Hollande à l’Elysée, suivie d’un raz-de-marée de son parti lors des élections législatives, le candidat de gauche est donc écarté une nouvelle fois du second tour, n’ayant recueilli que 15 % des suffrages. Le taux d’abstention, particulièrement élevé (67 %) montre que l’électorat de gauche est démobilisé, découragé.

Présidente du Front national, Marine Le Pen est parvenue à agréger à son socle d’extrême droite de nombreux électeurs mécontents des orientations économiques et sociales du pouvoir. Elle n’hésite pas, il est vrai, à reprendre à son compte des thématiques — services publics, laïcité, défense du pouvoir d’achat, critique des politiques européennes néolibérales — très éloignées du discours d’origine du Front national. De telles embrouilles idéologiques remportent un certain succès un peu partout en Europe. Y compris sur la Toile.