Caribbean Cream:What you see is what you do,
Exposition inaugurale de la galerie Brutedge, 29 septembre 2013
Olivia Mc Gilchrist
New Media
T&T film festival
La galerie Brutedge est située à Newark Avenue, Jersey City, dans un immense centre d’art, MANA Contemoprary art center, récemment créé par Eugène Lemay avec l’objectif d’en faire à brève échéance une destination incontournable pour l’art contemporain.
Plusieurs manifestations majeures simultanées ont marqué l’ouverture du centre : Magic light autour de la peinture et de la vidéo, une sélection de la collection Pop Art de la Fondation Frédérick R Weisman, des sculptures hyper réalistes de Carole A Feuerman entre autres.
A gauche, Ebony G. Patterson
Ganstas for life
Caribbean Cream est une exposition collective de quatorze artistes, Olivia McGilchrist, toute nouvelle lauréate de la section New Media du festival du film de Trinidad et Tobago, Marvin Barley, Dionne Simpson, Ebony G. Patterson, Mario Benjamin, Edouard Duval-Carrie, Florine Demosthene, Myrlande Constant, Vladimir Cybil Charlier, Elsa Mora, Carlos Estevez, Pavel Acosta, Ibrahim Miranda, Joscelyn Gardner.
Le commissaire de cette exposition, Reynald Lally, par sa sélection, appelle l’attention sur les similarités et les différences au sein de la Caraïbe, lieu de créolisation et tente de cerner l’art contemporain caraïbe à travers les choix de matériaux et de sujets des artistes.
Parmi les œuvres exposées, on remarque plus particulièrement deux œuvres de Joscelyn Gardner (Barbade). Inspirées par des documents, gravures, ouvrages, portraits du XVIIIème siècle des collections de musées britanniques ou caraïbes, ses œuvres explorent la vie des femmes créoles d’un point de vue post-colonial et féministe en même temps qu’il cherche à assurer à sa voix de femme créole blanche contemporaine un espace légitime d’expression. A travers ses gravures, ses installations in situ et ses interventions dans les musées, Joscelyn Gardner rompt avec les versions colonialistes communément diffusées de l’histoire en ré- introduisant les voix et les visages de femmes généralement ignorées par l’histoire. Son travail montre comment les femmes, libres ou esclaves, ont pu vivre et survivre en dépit de l’oppression coloniale et patriarcale. Il examine aussi l’influence des images peintes ou gravées sur l’attitude de l’Europe face au corps créole. Son appropriation contemporaine de ces images souhaite enfin remettre en question la gravure traditionnelle.
Joscelyn Gardner
Créole portraits III
Bringing down the flowers
Dans la série Créole Portraits III, Bringing Down the flowers ( Couper les fleurs) , les portraits lithographiés coloriés à la main, montrent des coiffures africaines tressées étroitement entremêlées avec les carcans de métal utilisés pour punir les esclaves qui avaient pratiqué un avortement. Certaines étaient contraintes de porter un carcan jusqu’à ce qu’elles soient de nouveau enceintes. Chacun de ces portraits représente aussi une des treize espèces botaniques identifiées pour leurs qualités abortives et consommées dans ce but au XVIIIème siècle.
Délicatement rehaussés à l’aquarelle à la manière caractéristique des planches botaniques de l’époque, ils ont pour titre le nom d’un spécimen botanique et le nom d’une plantation parodiant ainsi le système établi de nomenclature binominal Linnaeus utilisé à l’époque.
Cette série se fonde sur la découverte que l’artiste a faite dans le livre d’histoire naturelle illustré de Maria Sybilla Merian, publié en 1705, Métamorphosis insectorum Surinamensium, tout à côté d’une gravure rehaussée à la main de la fleur du paon ou Pulcherrima Poinciana, également connue comme la Fierté de Barbade. L’auteur y indique en effet que des femmes esclaves rencontrées au Surinam lui avaient confié user de graines de cette plante en floraison pour avorter en secret afin de résister à leur exploitation au sein du système esclavagiste comme productrices de nouveaux esclaves et afin de protester contre l’inhumanité de l’esclavage.
Un portait de la série Ganstas for life d’Ebony G. Patterson(Jamaïque) attire également le regard. Cette série explore l’impact du dance – hall sur la société jamaïcaine et les questions d’identité, de genre, de virilité, de beauté dans ce milieu du dance – hall. Les collages et dessins représentent de jeunes hommes au visage décoloré par de dangereuses pratiques de blanchiment de la peau, aux lèvres rouges et brillantes, couverts de bijoux clinquants et de vêtements hauts en couleurs, auréolés d’un napperon de dentelle et soulignent la contradiction entre une attitude virile et brutale de ganstas et une indéniable féminisation de l’apparence.
Olivia McGilchrist
Et encore bien d’autres thématiques ou techniques diverses qui s’entrecroisent et dialoguent pour composer un kaléidoscope caraïbe passionnant, à évoquer plus longuement très prochainement.
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