Il n’y a pas de jours fériés pour le musicien. Ce jour de la fête du travail, nos manifs à nous sont de type culturelles. Et étudiantes. Rock’n’Solex est une institution du festival étudiant. C’est aussi un des plus vieux festival de France. 41e édition cette année. Rapide calcul mental. 1ere édition en 1967. Ça fiche le vertige. Le concept est unique : des courses de solex la journée. Des concerts le soir. Rennes, c’est la porte à côté. Seulement une poignée d’heures de routes, simple formalité pour des routards aguerris tels que nous. Sauf que. Départs en vacances. Quelques habiles travailleurs, au lieu d’aller manifester, ont pris des RTT et enchaînent un double pont 1er Mai /8 Mai. Et ils sont nombreux. Et maladroits : ils se plantent sur l’autoroute. 7km de bouchons, quasi a l’arrêt, a peine 150 Km après Paris. Une misère. On prend 1h30 de retard alors que , pour une fois, tout le monde était là au rendez-vous, a l’heure. Autre conséquence : le temps qui passe laisse nos estomacs de plus en plus vides, et nous arrivons au festival affamés comme des loups. On sait maintenant l’importance du facteur bouffe, on imagine aisément l’état d’esprit du groupe devant les loges vides de toutes victuailles. Fort heureusement, d’excellent plateaux de charcuteries et de fromages arrivèrent peu après. Ici, j’ouvrirai une parenthèse sur les nouvelles dispositions végétaliennes du groupe. Echaudés par quelques plats rustiques récemment rencontrés, certains esprits gourmets et délicats ont décidé qu’un bon plat de légumes valaient mieux qu’une viande de provenance hasardeuse et de préparation hâtive. Nous comptons donc dorénavant 6 végétaliens sur notre fiche technique ! Problème : bien souvent, les cuistots, pris un peu au dépourvus, bricolent vite fait un plat de légumes, pas très goutu, un peu austère, voire oublient carrément le végétalien... Mon point de vue est partisan, c’est vrai, je ne peux m’empêcher de saliver à l’idée d’une bonne entrecôte saignante bien tendre, ou d’un petit magret de canard doré. Déjà, on assiste aujourd’hui aux premiers dérapages, quand nos végétaliens fraîchement convertis engloutirent gaiement fromages et charcuteries dans les loges. L’avenir nous dira si la gourmandise l’emportera. Je ferme la parenthèse.
Rock’n Solex est sur le Campus Beaulieu de Rennes. Des solex multicolores subissent les ultimes vérifications avant les courses. Les parkings sont transformés en paddocks d’un autre temps. La scène est sous un grand chapiteau boueux. Sayag Jazz machine ont pris notre créneau de balances pour arranger le planning à notre retard. On retrouve les techniciens de l’UBU et des vieilles charrues : plateau ultra-efficace et high level. Ben est aux anges devant le parc lumières sur place.
Balances sans histoires. Ah, si. J’ai oublié Pfel. Et Max Pinto. Nos deux lascars taffaient plus tôt, et nous rejoignent donc en train dans l’après-midi. Ils sont dans le même train. Ils boivent même des coups ensemble au bar. Mais à Rennes, Max se retrouve tout seul sur le quai. Pfel, portable vide de batteries, s’est endormi dans le train, et se réveille à Redon, 80 Km plus loin. Panique a bord, Pfel monte dans un taxi, pendant qu’un gars du festival va le chercher en bagnole. Petite mésentente quoi. Heureusement, les gars du staff sont des étudiants bénévoles, ça les a plus fait marrer qu’autre chose. En tout cas coup de chapeau à ces gars capables de se défoncer à la moindre galère (dédicace au gars qui a couru devant notre camion pendant 300 mètres pour nous montrer l’accès au festival, ne nous laissant même pas le temps de l’inviter à monter avec nous). Balance finie, nous tombons sur le « salon détente ». Une PS2 traîne avec PES5. Catastrophe, la vieille télé ne marche pas, Je négocie qu’on emporte la console a l’hôtel pour l’après-midi, vu qu’elle est parfaitement inutile ici. On passe une après midi foot-console très agréable à l’hôtel.. Campanile, situé idéalement à 5 minutes du festoche. Je taierai le nom de ceux que j’ai féssé, par respect pour eux . Notre petite sauterie vidéoludique est interrompue par un coup de fil paniqué de Max L., 30 min avant le changement de plateau. Rapide retour sur le festival, on englouti notre repas, et on se retrouve changés, sur scène avant avoir eu le temps de dire ouf. Set court aujourd’hui. Dommage, le public, étudiant et décidé à honorer la fête du travail comme il se doit, est bouillant. Bon concert, grosses sensations sur la première moitié, j’ai un souvenir un peu plus brouillon de la suite, peut être qu’on se laisse emporter par l’énergie. Difficile de donner dans énergie, bouger, sauter et de rester propre et appliqué en même temps.
Le matos est vite rangé, on a le temps de discuter un peu, aller voir le groupe d’après (groupe de reggae allemand au son énorme : Gentleman…. ) de se balader un peu. On passe devant le stand de la croix-Rouge, il y a des types enveloppés dans des couvertures de survie, d’autres couverts de boue et défoncés, le meilleur étant celui déguisé en spider man et bourré au dernier degré.
Le rentrage a l’hôtel est un des plus laborieux qu’on ait connu. J’estime à au moins 30 min le temps entre le premier chargement dans le camion et le départ effectif. Une vraie errance.
Je me couche ravi de pouvoir remettre le nez dans le petit bouquin sans prétentions et complètement déjanté de Chris Anderson, les croisés du cosmos, humoristique et léger. Ou comment un Lord Anglais du moyen âge défonce les extra-terrestres venus sur terre et part a la conquête de l’univers. Drôle et bien écrit.