Super Trash - Critique

Par Nopopcorn @TeamNoPopCorn

La nature ne nous dit pas merci !

Martin Esposito a passé 14 mois dans la décharge de la Glacière de Villeneuve-Loubet, près de Cannes sur la Côte d'Azur, pour dénoncer la surconsommation, la surproduction et les problèmes de recyclage.
Le(s) plus

Martin Esposito décide de vivre pendant 14 mois dans une cabane au plus près de la décharge de la Glacière sur la côte d'Azur, pour connaitre le réel fonctionnement de ce lieu qui a marqué son enfance. Pour compléter son immersion, en plus d'y vivre, il décide de se nourrir également avec la nourriture trouvée sur place.
Le but de cette plongée dans le lixiviat (« jus » issus de décharges) est de dénoncer la surconsommation, la surproduction et les problèmes de recyclage.

Le documentaire de Martin Esposito commence fort avec la première dégustation de merguez. Comme le titre l'indique parfois c'est "Super Trash", mais l'objectif est de réveiller la conscience du public comme avec les passages de largage d'excréments. Ca dégoute, on a même l'impression d'avoir l'odeur.

Le plus marquant est certainement les déchets créés par le Festival de Cannes.
Entre les tapis rouges qui sont changés au moins une fois par jour et les communiqués, objets publicitaires ou autres goodies... qui sont fabriqués en masse pour au final se retrouver dans la décharge dans un état neuf pour la plupart.
Pour information, Cannes est à plus de 20 kilomètres de Villeneuve-Loubet où se trouve la décharge de la Glacière. Ce paysage choquant est donc bien loin des paillettes de la croisette.

Mais ce n'est pas tout, le plus choquant que nous pouvons constater dans le documentaire Super Trash, ce sont les hydrocarbures et autres produits chimiques ou inconnus, qui sont déversés dans la décharge et qui se retrouve dans le fleuve du "Loup", avant de se déverser dans la mer.

Contrairement à ce que l'on pourrait nous faire croire, ce ne sont pas "les ménagères" comme ils le disent si souvent, qui jettent dans la décharge une poubelle pleine de bouteille en verre prête pour le recyclage. Ce qui démontre qu'il y a un véritable problème de fond, le recyclage n'est pas vraiment en route. Même si nous participons au recyclage en utilisant les poubelles appropriés, le reste du circuit n'est pas encore présent.
On se pose presque la question de la nécessité du recyclage.

En plus du montage énergique de quelques parties, qui pourraient presque être utilisés tel quel en courts métrage, ce qui est intéressant ce sont les contrastes avec "l'homme de la nature" et les déclarations du maire de Villeneuve-Loubet.

Plus qu'un reportage, Super Trash est un constat.
Une véritable immersion dans la réalité de notre consommation. Car derrière cette déchetterie qui ne respecte pas les règles (et ce n'est surement pas la seule), nous sommes aussi fautifs entre notre surconsommation et nos mauvaises habitudes.
Et même si au final la décharge a fermée, le problème a juste été déplacé.

C'est finit l'époque des cures thermales, dans le sud-est la mode est maintenant de prendre un bain de jus de poubelles dans la méditerranée.

Le(s) moins

Même si sur certains plans, ça rend plutôt bien, ce qui est dommage c'est que Martin Esposito a tendance à se filmer un peu trop. En fait parfois on se demande quel est objectif : téléréalité ou constat d'un réel problème?
Ca ajoute une touche fiction dont on aurait pu se passer et qui a tendance à nous éloigner du but premier.

Super Trash subit également quelques problèmes de rythme. Même si l'on comprend qu'il faut une durée minimum pour pouvoir être diffusé sur grands écran, quelques passages font un peu doublon, comme avec Cannes où l'on a le constat sur deux années mais qui est le même.

Conclusion

Plus qu'un reportage, Super Trash est un constat.
Une véritable immersion dans la réalité de notre consommation et des problèmes de recyclage.
Même s'il y a quelques défauts de rythme, Super Trash est un documentaire choc qui réveille notre conscience.

Ma note : 7/10


Super Trash

Réalisé par: Martin Esposito.
Avec: Martin Esposito, Raymond Pettavino, Frédéric Pellerin.
Genre: Documentaire.
Nationalité: Français.
Distributeur: Kanibal Films Distribution.
Durée: 1h14min.
Date de sortie: 9 octobre 2013.

Une pétition de Super Trash est présente sur le site change.org.
N'hésitez pas à la signer : Pétition : "Monsieur Hollande : ouvrez les yeux sur le scandale des décharges françaises! Regardez Super Trash."

Synopsis : "Martin revient sur les lieux de son enfance. Ces lieux sont maintenant ensevelis par une gigantesque décharge à ciel ouvert. Seule sa cabane est toujours là, un ancien abri pour les ouvriers agricoles de l'époque, maintenant à la lisière de la décharge. Il décide de s'y installer et de vivre dans ce monde fait d'ordures et rythmé par le ballet, le va-et-vient incessant des camions et bulldozers qui déchargent et nivellent les déchets. Petit à petit les employés de la décharge se familiarisent avec sa présence et lui révèlent les secrets de cette "zone" : l'endroit de l'enfouissement des fûts d'arsenic, le trajet du lixiviat, ce jus de décharge, ce poison mortel qui s'écoule à travers une rivière sauvage et foisonnante jusqu'à la mer. Martin, au fil des jours et des mois, va faire son trou dans ce monde invivable jusqu'à sembler aller vers la folie. Il se nourrit des ordures. Il essaye, malgré tout, de recréer un univers vivable au milieu de la valse des camions qui l'évitent en le frôlant. Le jeune homme ne veut pas se résigner, il essaye de rendre cet univers ludique, humain. Il écrit dans sa cabane son journal, ses pensées. Il se lave dans la rivière chaque jour comme de retour à un monde primaire. Il soigne les animaux prisonniers de cet enfer, il surfe sur la vague géante générée par les détritus. Il est au-delà de la dénonciation, il essaye par ce film, dans un effort désespéré, de faire une métaphore de notre monde loin de la culpabilité. Il ne veut pas accepter cet univers qui lui a été imposé, il veut se l'approprier, l'ingérer, le digérer. Jusqu'au jour de la fermeture définitive où il sauvera une dernière mouette de l'empoisonnement. La décharge fermée, Martin erre dans ce no man's land, avec sa caméra. Il enterre des oiseaux, traîne parmi les Caterpillar abandonnés comme s'il ne pouvait se résoudre à quitter cet endroit. Tout est recouvert de terre, mais comme des fantômes, des sacs de plastique s'échappent du sol et volent dans le ciel emportés par le vent et qui frappent la caméra."

  • Bande annonce

  • Les Anecdotes !


    En réalisant Super Trash, Martin Esposito dénonce la surconsommation et le gaspillage qui en résulte. L'idée de ce film a germé dans sa tête en regardant Une Vérité qui Dérange d'Al Gore : "Lorsque j'ai vu le film (...) j'ai eu un déclic... Un choc... Une évidence... Il me fallait faire un tour du monde des décharges à ciel ouvert, un constat mondial sur la pollution liée à la surconsommation, à la surproduction et aux problèmes de recyclage..."

    C'est pour réveiller la conscience des gens que Martin Esposito a décidé de faire ce documentaire. Il espère que son action aura des répercussions positives sur la sauvegarde de la planète : "Je crois qu'il n'est pas encore trop tard. Nous pouvons encore arrêter ce désastre. On doit agir. On doit se remettre en question, revoir toute la chaîne de production et de consommation... du début à la fin."

    Martin Esposito a décidé de tourner ce documentaire dans un endroit qu'il connait très bien : la décharge de La Glacière, à deux kilomètres de chez ses grands-parents, sur la Côte d'Azur. Mais alors qu'il ne pensait accorder que très peu de temps à ce dépotoir, pour visiter les différentes décharges des pays étrangers par la suite, il a fini par y rester 14 mois : "Je croyais n'y consacrer qu'une semaine de tournage et enchaîner avec mon tour du monde. Mais très vite j'ai vu que la folie humaine était aussi présente chez moi, en France."

    Martin Esposito a filmé le ballet incessant des camions-poubelles du groupe Veolia pendant des mois jusqu'à la fermeture de la décharge, le 17 juillet 2009. Dans cette version trash de Man vs Wild, Esposito filme toutes ses journées, confie ses impressions à la caméra et révèle le mal qui a transformé le paisible vallon de La Glacière en montagne d'immondices : "J'ai filmé ce trou immense qui peu à peu s'est transformé en montagne de millions de tonnes de déchets. Révolté, j'assistais à un drame environnemental et écologique. Ma mission est de témoigner, là où j'ai grandi, dans ma région, dans mon pays, dans l'endroit que je pensais connaître mieux que personne."

    Le "jus" nauséabond qui résulte des matières organiques des poubelles, et qui se retrouve dans les décharges, a particulièrement marqué le réalisateur pendant ses 14 mois d'observation: "J'ai vu les rivières empoisonnées par ce jus de décharge dont je ne connaissais pas encore le nom : le lixiviat. (...) L'odeur vous ne pouvez plus la retirer de votre nez, elle est spécifique et elle s'accroche à vous comme une sangsue."

    Le projet a été financé par la mère de Martin Esposito, Philomène. Celle-ci l'a toujours soutenu dans son parcours dès ses débuts, que ce soit dans la photographie ou lorsqu'il a décidé de réaliser des courts et moyens métrages. Elle a continué d'épauler son fils, dans ce premier long-métrage, notamment lors du stade difficile du montage.

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