Le tome précédent invitait à suivre les pas d’un homme à la tête bandée qui, après avoir toqué à la porte de l’appartement 262 afin d’y visiter une chambre à louer, se retrouvait pris au piège dans une prison dépourvue de toute logique. En s’échappant de l’appartement, Ter croyait sans doute avoir mis fin à son errance, mais rien n’est moins vrai. Le huis-clos ne se limite certes plus à l’appartement 262, mais l’exploration du reste de l’immeuble ne semble pas non plus offrir de porte de sortie. Voguant de pièce en pièce, dans un immense labyrinthe de folie, le récit continue de retenir le lecteur prisonnier d’un univers dont personne ne semble détenir la clé. Hanté par des bribes de son passé et coincé dans un quotidien surréaliste riche en tensions, qui semble faire écho à ses souvenirs, Ter ne parvient pas à trouver une issue, ni à expliquer sa situation. Il continue donc d’explorer sa démence, dans une sorte de boucle sans fin.
Les ingrédients sont donc les mêmes que lors du premier volet, l’absence d’indices poussant le lecteur à se poser plein de questions et permettant à l’auteur d’entretenir une tension permanente. En intégrant des éléments fantastiques à son récit, Koren Shadmi enlève les derniers repères qui permettent de se rattacher au réel et renforce ainsi la sensation de malaise et de paranoïa. Le tout est servi dans un élégant format à l’italienne qui met parfaitement en valeur ce graphisme fascinant, pourvu d’une colorisation qui invite à se laisser glisser dans cet univers mystérieux.
Une saga coup de cœur que vous pouvez retrouver dans mon Top de l’année.