Prisoners // De Denis Villeneuve. Avec Hugh Jackman, Jake Gyllenhaal et Viola Davis.
Le réalisateur du très bon Incendies est de retour avec un polar classique mais efficace. En effet, concentrant en 2h30 de temps toute une enquête policière, j'ai eu l'impression
de voir une très bonne saison de The Killing résumée. Je n'avais pas été autant happé par un polar du genre depuis Zodiac de David Fincher c'est
dire. David Villeneuve met ici en scène sobrement une histoire à multiples tiroirs que le scénario ne se gêne jamais à ouvrir et refermer comme bon lui semble. Au fond,
Prisoners tente de démontrer que l'homme est cruel, même l'homme d'Eglise, même le chrétien croyant qui prie tout le temps. De plus, Prisoners ne laisse aucun
répit à ses personnages, constamment plongés dans cette froideur et cette ambiance pluvieuse des plus remarquable. Je suis vraiment étonné par la tenue de route de ce film qui m'a un temps fait
douter. Disons que j'ai eu peur de voir un nouveau thriller, avec la même mécanique, la même réalisation, etc.
Dans la banlieue de Boston, deux fillettes de 6 ans, Anna et Joy, ont disparu. Le détective Loki privilégie la thèse du kidnapping suite au témoignage de Keller, le père d’Anna. Le suspect
numéro 1 est rapidement arrêté mais est relâché quelques jours plus tard faute de preuve, entrainant la fureur de Keller. Aveuglé par sa douleur, le père dévasté se lance alors dans une course
contre la montre pour retrouver les enfants disparus. De son côté, Loki essaie de trouver des indices pour arrêter le coupable avant que Keller ne commette l’irréparable… Les jours passent et les
chances de retrouver les fillettes s’amenuisent…
Tout portait à croire que cela pouvait être un peu faiblard sur les bords mais il n'en est rien. Je dois avouer que le nom de Denis Villeneuve aurait dû me rassurer. Ecrit par
Aaron Guzikowski (Contrebande), Prisoners parvient donc à nous raconter une histoire où tout le monde peut devenir un potentiel suspect sans
même que l'on ne s'en rende compte. Les retournements de situation sont multiples ce qui permet au spectateur de ne jamais s'ennuyer et d'être constamment surpris. Il faut bien avouer que la
caméra de Denis Villeneuve parvient à rendre à merveille son univers anxiogène. Ce grand froid, cette pluie battante (qui sera une constante du film d'ailleurs), etc. En plus de
ça, Prisoners s'appuie sur un casting parfait. Hugh Jackman incarne un père de famille perdu qui va plonger dans ses plus bas instincts pour tenter de retrouver
sa fille, coûte que coûte. Nous avons également Jake Gyllenhaal qui incarne un flic à la hauteur de son talent.
Je citais plus haut Zodiac comme le dernier polar du genre qui m'a réellement surpris et ironie de la chose, Jake Gyllenhaal incarnait Robert Graysmith dans le
film de Fincher. Comme quoi, les grands esprits se rencontrent. Le parti pris de faire glisser Prisoners vers un aspect psychologique était une très bonne idée
qui plonge finalement le film et son spectateur dans un sombre univers. De plus, on ne complexifie jamais l'enquête pour rien ce qui ne gâche en rien le plaisir que l'on peut prendre du début à
la fin. Au contraire cette enquête parvient à devenir addictive et une fois que le film est terminé, celui-ci parvient à nous donner envie de plus. Mine de rien, on s'est attaché aux personnages
au fil du film, on parvient même à avoir de la compassion pour certains. Denis Villeneuve parvient à mettre Prisoners en scène de façon efficace et surprenante.
Ainsi, Prisoners est l'un des meilleurs films du genre depuis plusieurs années maintenant. Une vraie réussite.
Note : 8/10. En bref, le meilleur polar depuis Zodiac de David Fincher.
Date de sortie : 9 octobre 2013