52 semaines de Sarkofrance : Bling Blang Bing

Publié le 04 mai 2008 par Juan

Cela fait donc un an. Un an que Nicolas Sarkozy a été élu Président. A regarder les 52 semaines écoulées depuis le 6 mai, on se demande ce que Nicolas Sarkozy a pu nous épargner. Retour en arrière, en 52 constats.
1ère semaine: le germe du Bling Bling
Il commence son mandat en beauté: le Fouquet's, la Concorde version Neuilly-France Dimanche, puis l'escapade à Malte, en yacht & jet privé prêté par l'ami Bolloré, un bon sondage qui dit que les Français ne sont pas choqués, commenté dans le Figaro par Anne Fulda. Ces symboles sont prémonitoires d'un comportement Bling Bling génétique, que l'opinion publique ne percevra que plus tard.
2nde semaine: l'intronisation : Nicolas SARKOZY est intronisé, son gouvernement nommé, la gauche dynamitée. On entend déjà Martin Hirsch se plaindre des futures franchises médicales. Le Figaro s'interroge sur la découpe du Ministère de l'Economie en trois segments (Travail, Emploi et Budget).
3ème semaine: état de grâce
Sarkozy modère déjà quelques unes de ses promesses de campagne. La défiscalisation des heures supplémentaires sera partielle; le service minimum également. Mais la presse n'en a cure. Elle jouit à pleines pages: "une famille d'aujourd'hui à l'Elysée" (PARIS MATCH, 22 mai), "Façon Kennedy ou Grimaldi, le glamour s'invite sous les ors de la République avec un président qui ne veut rien laisser au hasard" (VSD 23 mai), "Large victoire de la droite attendue aux législatives" (LE FIGARO, 21 mai) ou "le style SARKOZY séduit les Français" (LE FIGARO 25 mai) ; "La révolution SARKOZY" (l'EXPRESS , 24 mai)
4ème semaine: les deux erreurs de Sarkozy
Sarkozy gagne son pari européen : il décroche un mini-traité "simplifié" mais incompréhensible. Il commet ses deux premières erreurs politiques. Le paquet fiscal est en route, on sait qu'il va creuser les déficits. Les peines planchers sont lancées, on sait que les prisons sont engorgées.
5ème semaine: le danger des pleins pouvoirs
Le 10 juin, 67 ans après un autre funeste 10 juin, on est en droit de s'inquiéter sur les futurs pleins pouvoirs du Président. Les élections législatives s'annoncent gagnées. La droite se pavane...
6ème semaine: sursaut démocratique
... Mais quelques jours plus tard, la droite déchante. L'électorat sarkozyste ne s'est pas mobilisé. L'opposition a frôlé la disparition institutionnelle. Sarkozy s'est montré ivre (ou stressé) au G8, dans une video vue 12 millions de fois en 5 jours.
7ème semaine: course de vitesse
Sarkozy se confie: il veut vider le centre gauche, comme il a vidé l'extrême droite. Et pour ce faire, il adapte son (second) gouvernement Fillon : une secrétaire au Droits de l'Homme inexpérimentée mais noire; un libéral socialiste alsacien à la francophonie, une beurette laïque sous les ordres d'une Catho & Soumise. Nous lui souhaitons d'aller vite, très vite: "La seule véritable chance de ce pays est d'avoir un Président qui veut aller vite. Plus vite il ira, plus vite les malentendus se dissiperont."
8ème semaine: toutes des salopes
"Cloporte", "résidus", "salope", l'insulte fusent chez les sarko-boys. Sarkozy laisse déjà les autres gérer l'intendance de ses promesses : la vente de 5% de France Télécom pour se payer un second porte-avion, l'absence de coup de pouce au SMIC et aux allocations chômage, la suppression de 10 000 postes de fonctionnaires à l'Education Nationale.
9ème semaine : lettre à mes amis sarkozystes
Un mois s'est écoulé depuis l'élection. Il est temps de s'adresser à mes amis sarkozystes, de leur faire remarquer que les premières mesures annoncées sont socialement pénibles et financièrement désastreuses.
10ème semaine : Gosplan
Sarkozy apparaît commeun président d'inspiration libérale qui veut gérer le pays comme on gérait le Gosplan dans les années 1950 en Union soviétique : il veut contrôler la BCE, creuse les déficits de son paquet fiscal, et brusque sa (nouvelle) majorité UMP qui redresse son bouclier fiscal (de 39 à 50%). En quelques semaines à peine, il ruine son crédit de compétence et de concertation.
11ème semaine: "communication hypocrite"
Cette semaine débute avec les petits fours du 14 juillet et se termine dans la repentance. Cécilia, dans ses derniers jours d'apparence en épouse réconciliée avec son adultérin de mari, a soigné la fête. Overdose de communication, et ... de commissions: Sarkozy semble créer autant de commissions, comités, et consultations qu'il a fait de promesses électorales.
12ème semaine : "la honte"
L'Hyper-Président envoie sa femme récupérer les infirmières bulgares en Libye, puis va
signer un accord de défense et de livraison d'un réacteur nucléaire à la dictature libyenne. Pour son premier déplacement, il va expliquer à Dakar que "le drame de l'Afrique, c'est que l'homme africain n'est pas assez entré dans l'histoire."
13ème semaine: "promesses tenues"
La session extraordinaire du Parlement est bouclée. Sarkozy a satisfait son électorat de droite: loi sur la récidive et la délinquance des mineurs et paquet fiscal sont votés. Exit la promesse d'équilibre budgétaire. Nous sommes en août, Sarkozy a grillé ses cartouches budgétaires avant la crise des subprimes. Il part en vacances dorées aux Etats Unis. "Ami Sarkozyste, où es tu ?" demandais-je pour la première fois.

14ème semaine : "l'éthique à l'épreuve"
A Amiens, un jeudi matin d'août vers 7h45, un jeune clandestin russe du nom d'Ivan saute par le fenêtre pour échapper à la police. Quelques intellectuels africains expliquent à Sarkozy (et Henri Guaino) qu'ils n'ont que faire de ses conseils racistes. La Sarkofrance n'est plus décomplexée. Je commence à vraiment chercher mon ami Sarkozyste.
15ème semaine : "expulsions"
Le premier été de Sarkozy Président s'achève. Après le yacht maltais, la villa américaine du New Hampshire. Il faudra s'habituer. Les médias y sont déjà accrochés. Le couple présidentiel est plus que jamais un sujet de la presse people (Cécilia, Cécilia, Cécilia ). Les expulsions continuent.
16ème semaine : "recours à la victime"
Les derniers chiffres de la croissance et
la crise boursière venue des Etats Unisont achevé de convaincre les indécis que les prévisions annuelles du gouvernement ne tiendront pas. L'opposition attendait ce retour de vacances pour interroger Cécilia Sarkozy sur l'affaire libyenne. Le tout premier sondage révèlait que les Français ne sont pas dupes sur leur pouvoir d'achat. Mais Sarkozy sort son joker : "la victime." La victime (de crimes sexuels) n'est pas assez considérer. Il faut juger les fous ! Belle diversion quand les nuages économiques s'amoncellent.
17ème semaine : "essoufflement ?"
Rentrant de vacances, Sarkozy semble essoufflé. Il parle aux 180 ambassadeurs de France, pour sa rentrée, puis à l'université d'été du Medef.
18ème semaine : "gouvernement de bleus"
Les couacs et autres approximations gouvernementaux se multiplient. Les Bleus sont au pouvoir : Bernard Laporte a fait lire la lettre de Guy Moquet aux Bleus quelques heures avant leur match contre l'Argentine, lecture fatadique d'après certains. Fadela Amara ouvre un skyblog pour parler de son plan "anti-glandouille" pour la banlieue. Rama Yade perd ses nerfs, Christine Lagarde évoque un "plan de rigueur" pour les fonctionnaires. Un tiers du cabinet de Rachida Dati n'a pas supporté plus de 3 mois l'autoritarisme de son ministre.
19ème semaine : les blogs se radicalisent
La blogosphère vigilante se radicalise et se regroupe. "4 mois après le 7 mai, et cette élection présidentielle, les blogs s'énervent contre la Sarkofrance et son président."

20ème semaine : A-D-N
"Aucun sujet n'est tabou" avait déclaré Brice Hortefeux à l'Assemblée Nationale en cette fin septembre. L'amendement Mariani qui propose des tests ADN aux candidats immigrés au regroupement familial ne sert à rien sinon à vexer.
21ème semaine : accélérer pour ne pas trébucher
Pour la première fois depuis le 7 mai, la presse se fait l'écho de ses premiers échecs, de sa nervosité croissante en public. Paradoxalement, Sarkozy tient ses promesses de moyens, pas de résultat.
22ème semaine : merci Sarko
La personnalité du président devient sujet de conversation: rumeur de séparation , tics nerveux, etc. Finalement, il n'a pas tant changé que cela. C'est la vraie fin de l'état de grâce.
23ème semaine : les digues ont sauté
Candidat, Sarkozy appelait cela la "rupture." Maintenant qu'il est Président, les digues républicaines ne peuvent que sauter: la création d'un Ministère de l'identité nationale entraîne les tests ADN. La commission Attali récemment installée veut débrider la croissance française. Même le mythe de sa famille recomposée lui a pété dans les mains. Cécilia l'a quitté.
24ème semaine : semaine noire pour NS
Elle est partie. Il a fallu le confirmer. Sarkozy déprime.
25ème semaine : "mensonges d'Etat"
Rachida Dati a menti sur ses diplômes, le divorce Cécilia-Nicolas était en place depuis avril.
26ème semaine : "régime spécial"
Sarkozy s'augmente de 172%; la délocalisation du Conseil des Ministres en Corse mobilise 2 Airbus et 2 000 CRS ; les députés ont finalement accepté de réformer leur propre régime spécial de retraite ; et Rachida Dati laisse le Parquet s'opposer à une enquête contre le nouveau secrétaire d'Etat au Sport.
27ème semaine : "effet boomerang"
La stratégie politique de Sarkozy est-elle en passe de devenir contreproductive ? On est en droit de s'interroger : le nombre de réformes réellement engagé est finalement très faible (même pour l'UMP).
28ème semaine : "infection de mythes"
Un triste Arche de Zoé fait parler de lui, tout comme une réforme des retraites mal préparée. L'efficacité du Président est mise en doute jusque dans les sondages.
29ème semaine : "la démocratie a une fin"
Le Président élu depuis 6 moins a écrasé tous ses rivaux institutionnels: les députés se taisent. Les ministres sont des porte-paroles. Le premier Ministre un exécutant. La justice se tait et la presse aussi. La France contemple l'action du Président, ses émotions, ses coups de gueule et ses accès de sincérité : "personne ne me résiste" a-t-il déclaré aux journalistes des Echos, Nicolas Sarkozy vit ses dernières heures d'omnipuissance.
30ème semaine : ruptures ?
La rupture n'est pas là où on l'attendait: aucune rupture en banlieue (Villiers Le Bel s'enflamme); aucune rupture dans la pratique politique (la langue de bois se répète); aucune rupture pour le pouvoir d'achat (il ne décolle pas).
31ème semaine : "premiers départs"
Noël approche, les promesses sont loin. La venue de Kadhafi en grandes pompes, le jour du 60ème anniversaire de la Déclaration des Droits de l'Homme des Nations Unis, est la goutte d'eau qui fait déborder le vase des promesses éthiques.
32ème semaine : "l'humiliation"
Kadhafi vient de partir, après avoir saccagé l'amour propre de la majorité. le mythe d'une confiance retrouvée est définitivement tombé : le spectre de la crise de 1929 revient. Mais Sarkozy se trouve une nouvelle compagne à Eurodisney, Carla Bruni.
33ème semaine : "retournement médiatique"
La presse s'emballe, le Bling Bling repart. Nicolas et Carla font les une des magazines. La France découvre un Président qui veut prendre du bon temps.
34ème semaine : la rupture n'est pas là
Nicolas n'a pas changé. La vraie rupture est dans la pratique présidentielle: Sarkozy n'a pas le ridicule de Giscard. Mais il nous fait regretter le grand De Gaulle, le sphinx Mitterrand et même l'immobile Chirac
35ème semaine : "résistance médiatique"
On aurait pu croire que la trève de Noël aurait refroidi les impatiences de la presse, que les différentes diversions présidentielles auraient servi. Elles ont été nombreuses : une nouvelle compagne, des vacances "people" à Louxor, un carnet de notes pour ministres, un ciblage contre les "chômeurs-fraudeurs", des voeux vainement modernisés. La technique du vacarme a joué à plein.
36ème semaine : "problème de comportement"
L'expression est de Cécilia Sarkozy, dans le livre contesté d'Anna Bitton publié le 11 janvier. "Nicolas Sarkozy a un réel problème de comportement". On le savait nerveux, agressif contre ses contradictoires. On l'a découvert capable de s'enflammer, de s'exhiber comme un garçonnet fier de son nouveau jouet. "Et pourtant, il a la bombe !" s'exclame un ami blogueur.
37ème semaine : la politique de la culotte

Président Bling Bling ? Bing bing dans la Présidence ! Un sondage de fin de semaine l'annonce moins populaire que son premier ministre. C'est donc un problème de comportement, et/ou une question de responsabilité. Nicolas Sarkozy est devenu inaudible (chez les pêcheurs, sur la religion, à propos du pouvoir d'achat). Chacune de ses interventions fait long feu.
38ème semaine : mauvais goût
Le Président est devenu le handicap de sa majorité, à peine 9 mois après son élection. La majorité parlementaire ne se gêne pas pour grogner, à la marge certes.Les candidats UMP aux élections municipales cachent leur appartenance au camp présidentiel
39ème semaine: Alzheimer
L'équipe gouvernementale fait feu de tout bois pour rassurer l'électeur, à quelques semaines des élections mnicipales: retraites revalorisées au-delà des 1,1% prévus ; soutien public à l'usine d'Arcelor-Mittal; débloquage de 250 millions pour les sans-abris. Le Sarkozysme se transformerait-il en une entreprise clientéliste ?
40ème semaine: "président anxiogène"
On sait ce qu'il a fait, ce qu'il n'a pas fait. On se demande surtout ce qu'il va faire. Qu'il s'agisse de sa vie privée ou de son action politique, Nicolas Sarkozy inquiète. Il paraît fébrile ou nerveux. Sarkozy ne sait pas prendre du recul. Il corrige sa trajectoire en courant. Il change de direction sans ralentir. La base UMP est déboussolée. La discorde enfle entre les ministres.
41ème semaine: Fillon président en 2012 ?
Surprenant retournement, le premier ministre devient le dirigeant préféré des Français. Pour défendre leur président en détresse, les sarkozystes tentent de riposter avec la théorie du complot.
42ème semaine : droite complexée

Cette semaine, Nicolas Sarkozy a fait sonner la charge. Plainte contre un blogueur, Rama Yade qui crie au racisme, méthodes de la STASI, Laurent Wauquiez nous traite de terroristes, journaliste entendu par la police. Roger Karoutchi a raison, la période actuelle ressemble de plus en plus aux années trente... Il y a même des ministres mis en examen pour détournement de fonds.
43ème semaine : populisme présidentiel
Le Conseil Constitutionnel invalide la rétro-activité demandée par Rachida Dati dans sa loi sur la rétention de sûreté. Qu'importe, le président qui fait appel au "peuple" contre les "élites", l'opposition accusée d'indulgence criminelle, une députée UMP demande une loi d'exception.

44ème semaine : Sarkozy sait il travailler ?
Sarkozy a fini par être noté par 45 millions d'électeurs. Au 1er tour des élections municipales, les candidats de la majorité ont recueilli 40% des suffrages. Déroute ? Sarkozy continue de mitrailler de ses annonces. On ne l'écoute plus.

45ème semaine: je ne vous ai pas compris
Dimanche 16 mars au soir, les équipes présidentielles ont usé de toutes les ficelles pour nier une sanction électorale. Nicolas Sarkozy n'a retenu qu'une leçon de ses difficultés sondagières : l'électorat frontiste l'a lâché. Il doit se droitiser

46ème semaine : Nicolas a fait Bling
Nicolas continue son "agitation immobile": comme s'il craignait d'affronter la réalité, et surtout sa révélation aux Français, il multiplie les leurres : nomination d'un jeune conseiller spécial "anti-rumeur"; inauguration d'un porte-avion nucléaire, réforme des institutions, célébration d'un résistant, etc...
47ème semaine : la normalisation
Fillon est devenu premier ministre. Cette semaine, il a bien fallu annoncer les mauvaises nouvelles : les comptes 2007 sont mauvais; les prévisions pour 2008 sont faiblardes; et les grandes promesses fiscales et sociales sont enterrées sine die.
48ème semaine : rigueur inachevée
Le moral des ménages est peut être au plus bas depuis 21 ans, mais la droite s'impatiente. Où Sarkozy va-t-il tailler ? Trois actions sociales sont touchées : l'accès au logement social ; les dépenses de santé; et les emplois aidés.
49ème semaine : "chef de clan"
A
après l'annonce de son plan d'économies, Sarkozy se fait discret. Il a servi son clan. La seule mesure populaire, la défiscalisation des heures supplémentaires, a été évaluée cette semaine : inefficace et coûteuse.
50ème semaine : "droite "snif snif"
Malheureusement, la réalité rattrape le Président : une semaine de couacs gouvernementaux (carte famille nombreuse, déremboursement des frais d'optique, sanctions contre les chômeurs, etc) a donné à la majorité présidentielle un nouveau surnom : la droite snif snif. Sarkozy doit parler aux Français.
51ème semaine : question de franchise
A l'issue d'une belle intervention télévisée de 280 000 euros, Nicolas Sarkozy abuse de la franchise politique ("ne me jugez pas avant 2012") et invente la franchise sociale : même le Revenu de Solidarité Active sera ainsi financé par des économies sur la "prime pour l'emploi."
52ème semaine : la realpolitik au plus bas.
Le Président termine son année en beauté : un voyage au soleil, officiel cette fois, Carla Bruni à son bras, pour célébrer les progrès démocratiques du coin, vendre un peu de nucléaire et signer quelques accords commerciaux.
Un an déjà.
Ami Sarkozyste, où es-tu ?
Photo : Juan photographié par Benjamin Bochas
Article également publié sur Marianne2.fr
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