Parution le 21 septembre 2013, rentrée littéraire !
L'histoire : Années 80... Georges est un éternel étudiant, engagé, révolté.
Son ami Sam, mourant, lui fait promettre de reprendre et de faire aboutir un projet qui semble inconcevable : mettre en scène Antigone d'Anouilh à Beyrouth, en réunissant des acteurs de toutes confessions et de tous camps... Faire taire les bombes, faire cesser la guerre, le temps d'une représentation de théâtre... Georges est fidèle, envers et contre tout...
Tentation : Deux ans d'attente !!!!
Fournisseur : Ma CB
Mon humble avis : Le Liban, la "guerre de mon enfance", à laquelle je n'ai jamais rien compris. Peut-être parce qu'il n'y a rien à comprendre dans une guerre, c'est juste l'enfer, l'abjecte. Parce que de loin, le méchant est celui que nous proposent certains médias, et sur place, l'ennemi est celui qui tue les enfants, qui occupe les terres. Il est donc partout, dans les deux, trois, cinq, dix camps. Sorj Chaladon nous emmène à Beyrouth, sous les bombes, derrière la ligne verte, chez les chiites, chez les Palestiniens, chez les Chrétiens, les Druzes, les Phalangistes etc. Après cette lecture, la situation de cette ville, de ce pays ne m'est pas plus claire, mais là n'est pas l'essentiel. D'ailleurs, cette situation inextricable échappe à Georges, le personnage principal. Il est là pour montrer que c'est encore moins simple vu de près que vu de loin, de notre écran de TV. Je pense n'avoir jamais "vécu" la guerre d'aussi près, même si confortablement assise dans mon canapé. De confortable, il n'y avait que le canapé d'ailleurs, car la lecture ne l'était point. Il me semble que jamais un livre qui traite de la vérité ne m'a autant noué la gorge, assommée, laissée sans voix, remuée, au point qu'il m'était impossible de rester durablement dedans, petite nature que je suis. Oui, il faut s'accrocher. Car les ressentis, les moments et les images décrits sont vécus pour la plupart, vécus par Chalandon lui même, alors qu'il couvrait cette guerre en tant que journaliste. Cette guerre que nous voyons de l'intérieur, par un regard extérieur de position comme d'opinion. La guerre qu'écrit Chalandon, c'est la vraie, pas celle qui dure deux minutes trente à la télé avant les résultats sportifs. C'est celle qui gangrène tout, même le plus innoncent, même le "moins" concerné... qui finira, lui aussi, par s'habituer aux explosions des bombes la nuit. Là-bas, c'est l'absence de bombes qui inquiète, car elle annonce leur arrivée, et oblige à guetter.
Et puis il y a le théâtre, cet espoir, ce répit, ce repos, cette trêve possible, peut-être. Tout semble réunis. Mais George doit composer avec les croyances et les divergeances parfois ancestrâles des comédiens qui viennent de toutes les factions présentes à Beyrouth, des factions qui se déchirent ou se soutiennent en camps. Mais grâce à Sam, à Georges, un représentant de chaque religion, de chaque camp acceptera de jouer le jeu, de passer escorté de l'autre côté, d'entrer ou non dans la peau d'un personnage, d'oublier ou non ses préjugés et peut-être, de tendre la main à l'autre. Cela peut sembler dérisoire, c'est pourtant magnifique, fort, et très symbolique. Comme l'est Antigone, la révoltée.
Pourquoi "le quatrième mur" : Le quatrième mur, en langage théâtrale, c'est le mur invisible que créent les acteurs entre eux et le public. Une scène de théâtre ne comportent que trois murs, à chacun le soin d'imaginer son quatrième, comme vous le ferez sans doute vous même. Le mur qui protège, le mur qui osbtrue et rend aveugle, les murs dressés par les hommes entre eux... Des quatrièmes murs, il y en a plus d'un au fil de ces pages.
Le quatrième mur raconte l'amitié, l'absuridité de la guerre, sa cruauté, l'indiscible et l'espoir.
Georges ne rentrera pas intact du Liban, et nous ne sortons pas idemnes de cette histoire. Manifester, voter, se révolter, maugréer, s'insurger devant les images que nous montrent les médias ou contre une décision "politique" ne sert à rien si nous ne sommes pas capables de lire un tel livre, et de savourer notre chance de vivre dans un pays en vraie paix, celle qui est importante, vitale dans tous les sens du terme et que nous oublions souvent, trop souvent.
L'avis de Gambadou, d'Hérisson