Ce matin j'ai envie de publier cette belle leçon donnée à Marion Legouy-Desaulle sur la définition de l'action collective dans le cadre d'un mandat muncipal. La justesse du propos est un recadrage qui sort du champ polémique. C'est clair comme dans un manuel ou est surligné l'ABC des pratiques d'une collectivité territoriale. Le genre de leçon que l'on prend en début de mandat pour s'éviter les égarements. Ce texte fait allusion aux prises de positions de cette élue qui revendique de façon très personalisée des actions, des réalisations dans sa délégation alors qu'elles ne sont que le fruit d'une reflexion collective et d'une mise en oeuvre complexe où certes l'élue a une part de responsabilité, d'animation mais qui serait lettre morte sans l'implication d'une administration et les orientations définies par l'ensemble des élus. Le bilan d'un mandat est collectif et j'en prends d'ailleurs acte pour l'ensemble des réalisations en matière culturelle sur la ville. Je ne suis pas un adjoint "remarquable" comme a pu le définir Patrice Bédouret pour mes deux prédecesseurs! C'est indélicat, mal venu et me concernant seule l'action collective qui met en chantier permanent les acteurs de la culture est déterminante. Tirer la couverture à soi est ridicule et surtout caricatural lorsqu'il s'agit d'effectuer un tri, de passer au tamis très sélectif l'ensemble d'une politique municipale pour les seuls intérêts d'un candidat. A cet égard la manifestation du samedi 5 est exemplaire d'une mise en exergue d'un collectif qui assume ses responsabilités.
daniel alarcon:
Le sujet pour lequel j'avais prévu de poster ce texte (lancement de la campagne Fontenay pour tous) vient d'être fermé.
Le webmaster peut sans doute encore l'intégrer. A défaut, je le publie ici, en m'excusant de l'effet "dialogue" avec Marion, mais il est vrai que je m'en voudrais de répondre en privé et laisser
penser que je m’éclipse devant les questions qui me sont posées. Alors qu'au contraire, je crois que cette réponse mérite d'être partagée.
Donc chère Marion,
Je connais suffisamment le fonctionnement d'une collectivité pour savoir que les réalisations au cours d'un mandat sont essentiellement le fruit d'un travail collectif.
Un projet de rénovation d'un équipement s'inscrit généralement dans le cadre d'une programmation pluriannuelle des investissements. C'est donc l'objet d'un travail collectif où les choix sont
priorisés sur plusieurs années et les actions étudiées bien en amont du point de vue de leur faisabilité, financière ou technique. Il n'y a pas de rénovation d'école sans choix collectif de la
municipalité de prioriser un équipement relevant de la politique éducative, avant d'inscrire la dépense au budget, et sans une collaboration transversale de plusieurs directions administratives
(finances, directions techniques, marchés publics, notamment), travaillant sous la coordination de la direction générale qui est garante devant les élus de la bonne exécution du programme et des
dépenses d'investissement. Une réalisation n'est jamais dûe à l'action volontariste d'un seul élu. Et celles que tu mets à l'actif de ton bilan personnel et de celui de Patrice Bédouret n'ont été
rendues possibles QUE parce qu'il y a une équipe municipale qui en a fait le choix collectif, et QUE parce qu'il y a des services administratifs capables d'une neutralité suffisante pour agir au
service du bien commun, sans imaginer un seul instant qu'ils servent l'intérêt d'un seul élu soucieux de montrer qu'il réussit dans sa délégation.
Donc, dans ce préau rénové et insonorisé par la municipalité, le 5 octobre dernier, j'ai entendu JF Voguet (Maire Sortant et candidat, et non pas "candidat sortant") rappeler l'importance qu'il
accorde à l'union des forces de gauche. Le bilan qu'il a tiré est celui de la majorité municipale à laquelle, comme tu le sais, je n'ai pas appartenu. C'est donc aussi en partie TON bilan et
celui de Patrice Bédouret qu'il a évoqué, dans la mesure où vous étiez tous partie intégrante de la majorité municipale. De mémoire, il a effectivement évoqué d'éventuelles "ambitions
personnelles" et rappelé, si elles devaient se confirmer, le risque que celles-ci représentent, non pas pour tel ou tel élu sortant, mais pour le devenir d'une ville jusqu'à présent ancrée à
gauche. Je n'ai pas entendu les termes de "socialistes diviseurs".
Ceci étant, je retiens 2 choses de ce 5 octobre :
- une prise de parole très courte et à une seule voix (si l'on met de côté le film de campagne qui a été projeté en introduction)
- une foule extrêmement nombreuse pour un premier meeting de campagne à 6 mois de l'élection.
J'aurais du mal à évaluer le nombre de participants. Plusieurs centaines assurément. Mais ce qui est certain, c'est qu'il s'agissait d'une foule enthousiaste, intergénérationnelle, dont la
mobilisation montre que l'équipe municipale à laquelle tu appartenais est plus que jamais ancrée chez les habitants fontenaysiens. Quand je dis cela, je ne fais pas de plan sur la comète. Il y a
eu et il y aura de l'abstention. Tout le monde souhaite qu'elle soit le plus faible possible. Par ailleurs, un meeting bondé en octobre ne scelle pas à l'avance le résultat d'une élection en
mars. Mais c'est un fait : la salle était pleine et animée.
Enfin tu me demandes quelle sera ma position pour la prochaine campagne des municipales, et si je rejoindrai une autre liste, et le cas échéant laquelle.
J'ai eu l'occasion de m'expliquer dans ce forum sur les raisons de mon départ du NPA, et de ma démission du Conseil municipal qui en a été la conséquence immédiate. J’insistais alors sur mon
choix qui était celui de la transparence et de l’intégrité, loin de la "tambouille électorale" dans l’arrière cuisine des états-majors de partis. Comme tout citoyen je m’intéresse à cette
campagne qui s'accélère. Je ne repointe pas le bout de mon nez. Je suis fontenaysien depuis 34 ans, habitant du Plateau, toujours 100% à gauche et toujours autant décidé à ne pas laisser les
autres décider à ma place.
Mais au risque de redire ce que j'avais déjà dit, l'engagement politique et les élections ne sont pas avant tout pour moi une affaire de personnes. Ce qui m'intéresse surtout, c'est le programme
avant de savoir qui sera sur une liste, en bref, écrire le scénario du film avant de faire le casting.
Donc je n'ai pas de projet ou d'ambition personnelle pour cette élection.
Pour le reste, en matière électorale, je t'avoue que j'ai une position de principe qui rejoint assez celle de cette déclaration de la Commune de Paris.
« Citoyens,
Notre mission est terminée: nous allons céder la place dans votre Hôtel-de-Ville à vos nouveaux élus, à vos mandataires réguliers.
Aidés par votre patriotisme et votre dévouement, nous avons pu mener à bonne fin l'œuvre difficile entreprise en votre nom.
Merci de votre concours persévérant ; la solidarité n'est plus un vain mot : le salut de la République est assuré.
Si nos conseils peuvent avoir quelque poids dans vos résolutions, permettez à vos plus zélés serviteurs de vous faire connaître, avant le scrutin, ce qu'ils attendent du vote aujourd'hui.
Citoyens,
Ne perdez pas de vue que les hommes qui vous serviront le mieux sont ceux que vous choisirez parmi vous, vivant votre propre vie, souffrant des mêmes maux.
Défiez-vous autant des ambitieux que des parvenus ; les uns comme les autres ne considèrent que leurs propres intérêts et finissent toujours par se considérer comme indispensables.
Défiez-vous également des parleurs, incapables de passer à l'action ; ils sacrifieront tout à un discours, à un effet oratoire ou à un mot spirituel.
Évitez également ceux que la fortune a trop favorisés, car trop rarement celui qui possède la fortune est disposé à regarder le travailleur comme un frère.
Enfin, cherchez des hommes aux convictions sincères, des hommes du Peuple, résolus, actifs, ayant un sens droit et une honnêteté reconnue.
Portez vos préférences sur ceux qui ne brigueront pas vos suffrages ; le véritable mérite est modeste, et c'est aux électeurs à choisir leurs hommes, et non à ceux-ci de se présenter.
Nous sommes convaincus que, si vous tenez compte de ces observations, vous aurez enfin inauguré la véritable représentation populaire, vous aurez trouvé des mandataires qui ne se considèreront
jamais comme vos maîtres. »
Hôtel-de-Ville, 25 mars 1871, le comité central de la Garde nationale