Mais pourquoi au juste avons-nous été privés de voiture ? Pas d’accident ou de problème technique, rassurez-vous, mais juste la douane marocaine. Cela a été un vrai problème pour nous depuis que nous habitons au Maroc. Je vous épargne les détails, vu que c’est plutôt compliqué. En tous cas nous avons dû laisser notre voiture à la maison pendant trois semaines.
Par un coup de chance extraordinaire le problème a été résolu mardi dernier – un vrai miracle, puisque Fred partait le lendemain en Pologne pour jouer dans un festival et que cela aurait été difficile avec ce problème de douane – la voiture étant enregistrée sous son nom, il n’aurait sans doute pas pu quitter le Maroc. Tout est bien qui finit bien, et nous pouvons garder la voiture jusqu’au mois de juillet.
Vivre à Ouled Emgatel sans voiture peut sembler très difficile. Bon, c’est vrai, c’est un peu difficile. Pour nous. Car ici, personne n’a de voiture. Et quand les gens ont de l’argent, ils achètent plutôt des tracteurs que des voitures.
Ici, les gens ne voyagent pas beaucoup. Chaque semaine, ils vont au souk vendre leur récolte et acheter de la nourriture. Il faut aussi qu’ils aillent de temps en temps à la ville pour acheter leurs cartes d’électricité – et oui c’est comme ça que ça fonctionne ici, comme pour les cartes de téléphone. La compagnie d’électricité ne fait pas confiance aux paysans pour payer leurs factures. De temps en temps, les gens vont visiter de la famille à Fès, ou vont chez le médecin. Mais c’est à peu près tout. Les jeunes hommes qui ne sont pas mariés sont ceux qui voyagent le plus ; les femmes quittent rarement leur village, et les jeunes filles jamais. La fille de notre voisin Mohammed, Houria, qui a 14 ans, n’a jamais ne serait-ce que vu la route – elle ne connait que Ouled Emgatel et Ouled Tahar, qui est le village d’en face, à un kilomètre, et la piste entre les deux villages.
Pendant trois semaines nous n’avions pas le droit d’utiliser notre voiture, mais nous ne l’avons pas laissée à la maison tout le temps. Les chemins de terre ici ne sont pas exactement considérés comme le territoire de la police, pour des raisons que, hum, j’expliquerai peut-être une autre fois. Pour aller à Lothar Hmouchi, l’endroit sur la route principale où on peut faire du stop, nous avons donc quand même utilisé la voiture.
Comme vous pouvez le constater, il n’y a aucun arbre ici. L’attente est donc plutôt chaude…
Je pensais que ça serait désagréable, mais en fait non (mis à part le fait qu’il fallait voyager léger et que nous ne pouvions pas ramener tout ce qu’on voulait de Fès).On attend rarement plus de 10 minutes avant que quelqu’un ne s’arrête. Il y a beaucoup de taxis sur cette route. Certains d’entre eux sont des taxis clandestins, et cela peut être une vraie aventure de monter dans l’un d’entre eux – comme par exemple 4 personnes à l’avant (3 est la norme pour les taxis). Parfois, des gens s’arrêtent juste et vous emmènent gratuitement à Fès.
Ah, comme ça c’est quand même mieux !