Quand vous lirez ces lignes, on vous aura peut-être déjà tout dit, comme au printemps dernier, de La Vie d’Adèle, le film d’Abdellatif Kechiche, à partir de mercredi dans les salles.
Pour être « raccord » avec l’actualité des salles obscures, les éditions Glénat rééditent ces jours-ci un album multiprimé sorti en 2010 (citons par exemple le prix du public au festival international d’Angoulême en 2011 et le prix du meilleur album au festival de la BD d’Alger en 2011)
Bref, avant même que le grand public ait pu voir cette histoire à l’écran, tout ou partie de la critique avait déjà tapissé de roses le chemin de cette oeuvre…On n’est pas obligés de partager ce concert de louanges…
Sans parler de chef d’oeuvre, on vous recommandera cependant la lecture de ce récit sensible et attachant de 152 pages. Son thème: l’homosexualité féminine vue à travers les yeux de deux jeunes filles, Clémentine et Emma. L’histoire début en 1994 à Lille. Clémentine, Clém’, vient d’avoir 15 ans. C’est l’âge des premiers émois et des premiers flirts avec les garçons. Il y a bien Thomas et Valentin mais peu à peu Clémentine va découvrir sa part intime. Ce sera Emma, belle jeune femme aux cheveux bleus dont elle va au fil du temps tomber éperdument amoureuse. »On ne choisit pas de qui on va tomber amoureux, dit-elle, et notre conception du bonheur s’impose à nous-même selon notre vécu. »
Alors, en dépit des obstacles posés par une société qui accepte encore bien mal la différence, en dépit du regard des autres, de leur incompréhension voire de leur haine, Clémentine et Emma vont s’aimer. C’est Emma qui va faire découvrir le plaisir et le courage de s’accepter telle qu’elle est à Clémentine. Jusqu’au jour où Clémentine tombe gravement malade et meurt sur un lit d’hôpital, laissant derrière elle un sentiment d’inachevé. Tendre, souvent émouvante, cette histoire aujourd’hui portée à l’écran se veut tout en retenue. Le trait fin de Julie Maroh, son choix de couleurs, les gris, les verts et bien sûr les bleus doux donnent à cette histoire un bel écrin.
Julie Maroh vient par ailleurs de publier chez le même éditeur « Skandalon », un beau roman graphique sur le destin torturé d’une rock star. La jeune auteure est annoncée ce samedi 12 octobre sur le festival BD « Les rencontres du 9 e type » qui se dérouleront à la MCL Le Local à Poitiers ( contact 9aev.org)
- Le bleu est une couleur chaude (nouvelle édition)
- Auteur: Julie Maroh
- Editeur: Glénat
- Parution: 2 octobre 2013
- Prix: 17, 50 €