Dans un pays où Silvio Berlusconi est resté impuni pendant plus de vingt ans, les policiers vénitiens n’ont vraiment pas peur du ridicule, surtout quand il s’agit de prouver qu’ils obéissent au doigt et à l’œil aux ordres donnés en faveur d’intérêts privés, par des organisation en grande délicatesse avec la loi.
Souvenez-vous, le 21 septembre, lors de la manifestation contre les grand navires de croisière, plusieurs militants se sont jetés dans le canal de la Giudecca, refusant d’obtempérer aux injonctions du questore Vincenzo Roca, pour que ces images de vénitiens nageant dans l’eau peu ragoutante de la lagune, à proximité du port de Venise fassent le tour des médias du monde entier.
Et ce fut effectivement réussi, puisque tous les journaux, toutes les chaînes de télévision ont diffusées ces images.
Cela ne pouvait pas plaire à des gens comme Micky Arison (condamné à dix ans de pénitencier aux USA), Johannes Zurnieden, Nicholas J. Pritzker ou le tristement célèbre évadé fiscal, grand ami du Condottiere, .
Des ordres furent donc donnés de criminaliser les manifestants, pour les intimider et les faire taire.
Les policiers vénitiens ont donc décrété, très solennellement, que nager dans le canal de la Giudecca est un crime car cela constitue une violation de l’article 18 de la Tulps (Testo unico delle leggi di pubblica sicurezza – un texte de loi voté le 6 novembre 1926, puis finalisé dans sa forme actuelle en pleine période fasciste).
Après cela, on s’étonnera que ces histoires de Grand Navire ne fassent pas des autorités vénitiennes la risée du monde entier !
L’élite de la police vénitienne, Guardia di Finanza en tête, allez savoir pourquoi, a donc travaillé jour et nuit pour identifier les dangereux criminels, pendant que les vu compra vendaient tranquillement leurs contrefaçons, les pakistanais leurs luchetti de l’amore, et que plusieurs crimes avaient lieu dans la lagune… quand à la Guardia di Finanza, elle n’aurait pas l’idée saugrenue de regarder dans les comptes de l’Autorité Portuaire.
Il est vrai que les policiers vénitiens ne peuvent être partout à la fois, et qu’il y a une hiérarchie à respecter dans l’importance des crimes commis dans la lagune.
Après une longue enquête de plus de deux semaines, les policiers ont identifié 33 de ces dangereux criminels, qui, selon eux, sont des terroristes qui encourent une peine d’emprisonnement pouvant aller jusqu’à un an et une amende de 206 à 413 €uro.
La plainte de la Digos de Venise est arrivé sur le bureau de la procureur Laura Cameli dont ce sera désormais le tour de se couvrir de ridicule… ou pas, aux yeux du monde entier. Cependant, les policiers n’ont pas été en mesure de constater une interruption du service public de vaporetto, pas plus que la circulation dans le canal n’a été perturbé, sauf par les vedettes de la police. Seuls les navires de croisières, appartenant à Micky Arison, Johannes Zurnieden, Nicholas J. Pritzker ou ont connu quelques retards. Mais pourtant, ce sont uniquement ces personnes, dont aucun ne paye d’impôt en Italie (ailleurs non plus rassurez-vous), qui pouvaient forcer la police à continuer ces investigations pour faire pression sur les manifestants.
Après cette manifestation de No Grandi Navi, le débat sur les croisières s’est rapidement accéléré au niveau politique, et les décideurs vénitiens et les autorités italiennes, montrées du doigt dans le monde entier, avaient prévus pour le 1er Octobre, une réunion pour décider d’hypothèses alternatives. Hélas, la crise du gouvernement, résultant de la manœuvre de Silvio Berlusconi pour échapper encore à la prison, à forcé à reporter la réunion. Décidément, en ce moment, l’Italie, sa justice et ses politiques s’illustrent…
La discussion se poursuit, cependant, et hier c’était au tour de Legambiente, d’écrire au Premier ministre Enrico Letta et aux ministres concernés Andrea Orlando (Environnement), Massimo Bray (patrimoine culturel) et Maurizio Lupi (Transports), appelant à "une priorité pour l’avenir de la ville lagunaire et de son patrimoine historique et architectural". Legambiente a indiqué que le transfert du port à Marghera semble la meilleure solution.