Interview: Cécile Coulon « Le vrai défi, c’est de raconter à chaque fois une putain de bonne histoire »

Publié le 07 octobre 2013 par Wtfru @romain_wtfru

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23 ans, blonde, clermontoise, Cécile Coulon est la nouvelle coqueluche du microcosme littéraire français. La sortie de son nouveau livre « Le Rire du Grand Blessé » le mois dernier a été accompagné d’une multitude d’éloges par la presse spécialisée. Mérité ? On le pense. L’occasion donc de découvrir un peu plus qui se cache derrière tant de talent avec cette interview où il est question de son roman, de ses goûts et bien évidemment, d’Auvergne.

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Première demande, présente toi en cinq mots.

En cinq mots : encore de belles années devant

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Tu as 23 ans, cinq ouvrages publiés. Depuis 2010, chacune de tes parutions s’accompagnent d’un succès critique et public. Alors, ça fait quoi de faire kiffer le monde littéraire ?

Faire kiffer le monde littéraire, je kiffe, d’autant plus que c’est tellement éphémère et inattendu. Et puis, tout est à prouver à chaque nouveau livre, et ça, c’est le top.

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Ton nouveau roman, « Le rire du Grand blessé » s’éloigne de tes précédentes sorties chez Vivane Hamy. Plus question ici d’une mélancolie américaine à la Steinbeck, mais plutôt une oeuvre d’anticipation, de la science-fiction même. Pourquoi ce changement ?

C’est un changement au niveau du fond plus que de la forme. Se construire un style d’écriture, c’est l’éprouver sur des histoires différentes, en gardant l’idée, à chaque fois, que le vrai défi c’est raconter une putain de bonne histoire. Le dernier roman peut être lu comme un conte philosophique, une fable futuriste, assez inquiétante. Je me suis amusée à l’écrire, j’ai adoré me permettre d’inverser des repères. Changer de contexte, d’univers, ça permet au lecteur et à l’auteur de ne pas s’ennuyer.

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En parlant plus haut de l’écrivain Steinbeck dont on sentait l’influence dans tes deux précédents ouvrages, à la lecture du dernier, on pense plus à George Orwell ou Ray Bradbury. D’ordre générale, quelles sont tes influences ?

Mes influences, ce ne sont pas forcément des auteurs phares, mais plutôt des histoires, des images, des styles qui m’imprègnent. L’originalité d’un auteur, d’un réalisateur ou d’un photographe me touche dès qu’elle met en lumière ce que la plupart des gens ne captent pas. J’adore Steinbeck, D.Keyes (Des fleurs pour Algernon), Charlton Heston chez les acteurs, Prévert, Bukowski chez les poètes. Mais il y a des tas de gens inconnus qui m’ont inspirée!

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En suivant l’Agent 1075 et Lucie Nox, on a l’impression que tu donnes à voir une société cauchemardesque, où les livres sont le moyen de contrôle de masse ultime. Avec la multiplication des médias, tu penses que c’est avec le livre que l’on touche au plus profond l’être humain ?

Les mots ont quelque chose de puissant car ils n’imposent pas une image d’emblée, comme le cinéma, la photo, la sculpture. Je ne fais pas de hiérarchie des formes d’expression; le livre propose au lecteur de créer sa propre image, et donc d’aller chercher en soi la représentation personnelle d’un êre humain vis à vis d’une phrase, d’une expression. C’est incroyable.

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À l’inverse de 1984, , il n’y a, dans « Le rire du grand blessé » aucun cadre spatio-temporel. Si bien qu’on ne sait si les évènements se passent dans une société futuriste, dans un pays lointain ou même en France. C’était une volonté d’universalité ?

Volonté d’universalité, de reconstruction aussi. Détruire d’abord les repères de lecture, style « il était une fois à tel endroit » et demander au lecteur de se plonger dans un univers inconnu, c’est plus excitant.

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On te sait clermontoise, et visiblement attachée à tes racines auvergnates. On ne se trompe pas ? La vie parisienne ne t’intéresse pas ?

Haha, j’ai quelques bons amis à Paris, mais le coeur est dans les volcans! Je suis née ici, j’adore me promener en France et à l’étranger, mais l’Auvergne est un point d’ancrage reposant, tranquille, discret.

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D’ailleurs, quels sont tes lieux fétiches à Clermont ?

La Librairie, le Ciné Capitole, restaurants La Fée Maison, Les Papilles, L’Avenue. Bars : le Brin d’zinc, Le Massillon.

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Parallèlement à ton travail d’écriture, tu poursuis tes études. Concilier les deux n’est pas trop compliqué?

J’ai terminé mon master 2 de lettres modernes, et j’enchaîne sur un doctorat. C’est plutôt cool de faire les deux en même temps : ça permet de garder les pieds sur terre, de changer de registre d’écriture aussi!

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Pour te suivre sur Facebook, on a remarqué ta grande capacité à enchaîner les jeux de mots en tout genre. T’en aurais pas un ou deux sous le coude rien que pour nous ?

J’avais une blague sur le Niagara, j’espère que vous allez apprécier la chute.

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Dans ton Ipod/lecteur MP3/baladeur K7, on trouve quoi ?

John Fogerty, Johnny Cash, Mustang, AC/DC, Youssoupha…

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Existe-t-il quelque chose de mieux que le pâté aux pommes de terre ?

Le pâté aux pommes de terre réchauffé le lendemain, à la poêle.

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Qu’est-ce qu’on peut te souhaiter pour la suite ?

Surtout on ne me chante pas Sinsemilia, merci.

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Pour finir, on t’offre une tribune libre, tu peux écrire ce que veux. Vas-y, fais-toi plaisir.

Achetez mon livre, il paraît que c’est vachement bien…sinon, je vais devoir aller faire les maïs cet été.

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Crédit Photo: Les Inrocks

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